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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Bible a longtemps été considérée comme un livre d'histoire fiable, par son caractère sacré. Les premières recherches archéologiques ont été menées dans le but d'obtenir des preuves confortant les récits bibliques. Ce n'est que plus récemment que des archéologues se sont penchés sans a priori sur la question.

Et on se rend compte que ça coince rapidement : les grandes villes mentionnées par la Bible n'existaient pas encore ou n'étaient que des bourgades mineures au moment supposé des faits, Jéricho n'avait pas de muraille et les grand royaumes de David et de Salomon se révèlent être de taille très modeste. Aucun Exode non plus : pas de traces archéologiques, et surtout, aucune mention dans les archives des puissances voisines, ce qui est très curieux dans le cas de l'Égypte, puisque les Hébreux auraient quitté le pays pour s'installer... dans une zone contrôlée également par l'Égypte. de même, aucun égyptien n'apparaît dans la conquête de Canaan alors que le pays est couvert de forteresses égyptiennes.

La solution proposée par les auteurs est que la Bible a été rédigée dans sa forme actuelle au VIIè siècle av. J-C dans le royaume de Juda. Les villes que la Bible mentionne sont alors de vraies centres économiques qui méritent d'être citées. le récit des événements colle également beaucoup mieux aux résultats des fouilles et est confirmé par d'autres archives.

Pourquoi une rédaction à cette période ? Probablement dans un soucis de propagande. Les puissances égyptiennes et assyriennes s'effondrent, et il y a plus de facilité pour s'agrandir. le récit de la Bible s'interprète alors facilement : tous les habitants de la Palestine ont le même ancêtre (même si les royaumes voisins sont issus de l'inceste ou autre, contrairement à Juda, un peu de chauvinisme ne fait jamais de mal). le seul souverain légitime, successeur direct de David, est le roi de Juda. Les autres peuples ont dévié de la « foi de leurs ancêtres », ont été et seront encore punis par Yahvé pour leur inconstance. La seule chance d'être sauvé est de renier bien vite ces hérésies et venir se replacer dans le giron de Jérusalem. Et en plus, Dieu a promis la victoire au successeur de David : il n'y a vraiment aucune raison de résister.

Livre intéressant, qui part des preuves archéologiques pour examiner la Bible, et pas l'inverse. Je regrette toutefois que les auteurs ne parlent pas des origines des récits bibliques : s'il semble tout à fait possible qu'ils aient été un peu réécrits ou réinterprétés pour une cause politique, il est peu probable que ce soient de pures inventions.
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The Bible Unearthed
Traduction : Patrice Ghirardi

C'est sur une impression de tristesse et de malaise que j'ai refermé ce livre pourtant soigneusement composé et dont l'argument repose sur des bases solidement étayées.

Tristesse parce que ce livre confirme que plus de deux mille ans de notre civilisation ont été influencés par une morale bâtie sur des mensonges éhontés.

Malaise parce que ses auteurs, bien qu'authentiquement possédés par la fièvre archéologique et la passion, toute scientifique, de leur métier, se laissent rattraper par le poids de leur culture et parlent avec respect et admiration de pseudo-prophètes qui ne furent, en fait - ils l'affirment eux-mêmes mais pas en termes aussi brutaux que ceux que j'utilise - que des menteurs doublés de fanatiques religieux.

En effet, l'archéologie peut s'exprimer sur ce point avec une certitude absolue : les textes qui forment la Bible furent composés et compilés au VIIème siècle av. J. C., par les tenants religieux et politiques du royaume de Juda, lequel, depuis la chute du royaume nordiste d'Israel sous les assauts assyriens, s'estimait - et avec quelle satisfaction mesquine ! - seul élu par Jéhovah.

Jéhovah ... Ce dieu jaloux, irascible, cruel et pétri de contradictions, est partout dans ce livre. Et partout - j'ignore si les auteurs en avaient conscience au moment de la rédaction de leur texte - il est en concurrence avec d'autres divinités. Non pas cependant comme le seul dieu unique, le seul vrai dieu de l'univers mais bel et bien comme un dieu parmi tant d'autres ...

Les anciens Israélites eux-mêmes d'ailleurs adoraient d'autres dieux en parallèle de leur Jéhovah. La Bible elle-même rappelle - avec une horreur puritaine - le Veau d'Or que les compagnons de Moïse dressèrent pour l'adorer alors que leur chef s'en était allé sur le Sinaï recevoir les Tables de la Loi des mains (??) de Jéhovah. Mais bien plus tard, au temps de la dynastie des Omrides qui se trouva à l'origine du royaume d'Israël. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les monarques omrides ont été présentés sous des couleurs aussi épouvantables par les faussaires du VIIème siècle av. J.C. La malheureuse Jézabel par exemple - vous savez bien, la mère d'Athalie, qui a permis à Racine de composer son célèbre monologue : "C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit/Ma mère, Jézabel, a mes yeux s'est montrée/Comme au jour de sa mort pompeusement parée ... - est dépeinte comme une traînée orgiaque et criminelle tout simplement parce que, aux yeux des Juifs qui firent la Bible, elle avait le tort irréparable d'être née princesse assyrienne.

Ah ! On en apprend, des choses, dans ce livre, je vous le certifie et, je le répète, sur le plan purement historique, les auteurs assurent d'une façon qui, parfois, paraîtra un peu ardue. Ils savent, en la ramenant à de justes dimensions politico-religieuses, rendre l'histoire de la Bible absolument palpitante.

Là où ça pèche, c'est lorsqu'ils ne semblent pas se rendre compte de l'orgueil immense avec lequel ils évoquent le peuple d'Israël. Pour eux, il est clair qu'il n'y aura jamais de peuple égal à celui-là. La Bible est - je cite : "un chef-d'oeuvre de la littérature" et peut-être même le premier. Les Juifs sont et resteront "le peuple élu par Dieu" et Jéhovah est, bien entendu, le seul dieu acceptable, le seul qui triomphe au bout du compte, le seul qui restera quand notre planète aura explosé.

Des horreurs engendrées par le culte monothéiste initié par la religion judaïque et plus ou moins adapté par le christianisme et l'islam, PAS UN MOT. "Ce n'était pas le propos du livre," direz-vous. N'empêche, vu le niveau de culture des deux auteurs ainsi que leur vision historique et professionnelle de la Bible, on aurait pu espérer mieux.

Ceci dit, maintenant que je m'attaque à cette relation de ma lecture, je me dis que, du fait même de leurs origines ethniques et religieuses, les auteurs n'ont peut-être pas osé aller jusqu'au bout, estimant que des notations en apparence innocentes comme celle-ci : "... Les rédacteurs de la Bible donnèrent Ur comme racines à Abraham parce que, à cette époque, tout le monde savait bien que la civilisation venait de Sumer* ..."
passerait mieux sous le manteau de la dévotion traditionnelle à Jéhovah et au destin exceptionnel (???) promis par lui au peuple juif.

En tous cas, si vous lisez "La Bible dévoilée", n'hésitez surtout pas à venir nous confier vos impressions. Au reste, c'est un livre érudit, intéressant et aussi honnête que possible - vu les circonstances.

* : je cite de mémoire. ;o)
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Le sous titre précise : les nouvelles révélations de l'archéologie. Et c'est bien de cela qu'il s'agit, mettre le texte biblique, longtemps considérée comme une vérité historique, avec les données recueillies sur le terrain, dans les chantiers de fouilles, avec aussi d'autres textes des mêmes époques, pour questionner les événements évoqués, et pour essayer de comprendre qui et à quel moment, avec quel objectif a écrit ce texte, considéré pendant longtemps, et encore toujours par certains, comme la parole même de Dieu, par conséquent intouchable et incontestable. Là il ne s'agit pas de foi, mais d'une approche d'historien, avec les outils et les méthodes dont ils disposent, et en premier lieu pour cette époque l'archéologie, la recherche de données matérielles liés à une époque, à un lieu.

Nous suivons donc en parallèle la chronologie du texte biblique (les patriarches, l'Exode, la conquête de Canaan….) et les explorations historiques des mêmes époques. Chaque détail compte, la date de l'apparition du chameau dans une région montre que la date de la rédaction de tel texte de la Bible n'a pu se faire avant une certaine date. La géographie biblique, avec ses villes et ses paysages permet pareillement de dater la rédaction de tel ou tel texte à une époque bien précise et pas une autre, où d'après la tradition elle est censée avoir été rédigée.

Emerge ainsi progressivement l'histoire véritable du peuple juif, de ses cités, de ses souverains, de ses guerres, de ses relations avec ses voisins. Et de ses textes sacrés, dont la Bible que nous connaissons est une étape.

Dans cette approche peu de place pour s'interroger, sur le contenu spirituel, le rapport de l'homme au monde, au divin, à la métaphysique. C'est un choix, assumé jusqu'au bout de se mettre dans la posture de l'historien, même si une certaine subjectivité pointe parfois (préférence pour certains rois, une condamnation implicite d'une société qui exclut ceux qui n'appartiennent pas au peuple élu).

Le livre est très documenté, très étayé, et j'ai trouvé passionnant de suivre cette histoire, ce déroulé, ce travail de dévoilement de faits. Et les auteurs mentionnent diverses hypothèses pour des questions controversées. Certaines faits ne sont pas tranchés, et d'autres interprétations pourront être faites dans le futur. Je pense que les religions sont souvent le meilleur moyen d'approche une culture, des mentalités, une époque. Même si c'est délicat pour les religions pratiquées par des fidèles à notre époque d'avoir une approche scientifique, qui en fait un objet d'étude comme un autre. le livre a d'ailleurs été très contesté, et par forcément par des arguments historiques et archéologiques.

Le livre a donné lieu à un film documentaire diffusé sur Arte en 2005, puis édité en vidéo.
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Un livre passionnant que tous ceux qui sont convaincus de trouver dans la Bible l'histoire du peuple hébreux devraient lire. le livre nous aide à comprendre que cette Bible n'est pas un livre d'histoire, mais un livre d'histoires. La réalité historique est en effet fort éloignée de ce qui est relaté dans la Bible. Après avoir lu "La Bible dévoilée", deux réactions sont possibles. On peut éprouver le dégoût de la Bible - puisque celle-ci ne dit pas la vérité ; ou on peut prendre La Bible pour ce qu'elle est : une compilation d'histoires destinées à édifier un peuple, voire à le pousser à se surpasser. Et continuer à savoir de belles histoires et les leçons morales qui s'en dégagent.
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Très intéressant sur l'histoire d'Israël en comparant la Bible et les découvertes archéologiques.
J'ai appris beaucoup sur le Royaume du Nord
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