Médite donc plus avant d'écrire et attache-toi au -mot-. Tout talent d'écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots. C'est la précision qui fait la force. Il en est du style comme en musique : ce qu'il y a de plus beau et de plus rare c'est la pureté du son.
A Louise Colet, 1852
Etre bête, égoïste, et avoir une bonne santé, voilà les trois conditions pour être heureux. A Louise Colet, 6 août 1846
(...) Maintenant on retire à l'homme de lettres sa conscience, sa conscience d'artiste. Oui, notre siècle est fécond en sanglantes péripéties. Adieu, au revoir, et occupons-nous toujours de l'Art qui plus grand que les peuples, les couronnes et les rois, est toujours là, suspendu dans l'enthousiasme, avec son diadème de Dieu. ---A Ernest Chevalier, 14 août 1835
Il est beau d'être un grand écrivain, de tenir les hommes dans la poêle à frire de sa phrase et de les y faire sauter comme des marrons. Il doit y avoir de délirants orgueils à sentir qu'on pèse sur l'humanité de tout le poids de son idée. Mais il faut, pour cela, avoir quelque chose à dire. (p. 51) - A Louise Colet, début novembre 1851
Le seul moyen de supporter l'existence, c'est de s'étourdir dans la littérature comme dans une orgie perpétuelle. Le vin de l'Art cause une longue ivresse et il est inépuisable. C'est de penser à soi qui rend malheureux.- A Mademoiselle Leroyer de Chantepie, 4 septembre 1858 (p. 113)
Si jamais je prends une part active au monde, ce sera comme penseur et comme démoralisateur. Je ne ferai que dire la vérité, mais elle sera horrible, cruelle et nue. - A Ernest Chevalier, 24 février 1839
Il n'est pas aisé de trouver sa voie. Il y a bien des chemins sans voyageur; il y a encore plus de voyageurs qui n'ont pas leur sentier. - A Louise Colet, 19 décembre 1846
La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. - A Louise Colet, 9 décembre 1852---(p. 73)
On ne se rencontre qu'en se heurtant et chacun, portant dans ses mains ses entrailles déchirées, accuse l'autre qui ramasse les siennes.