AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dancingbrave


Comment vous expliquer ces moments délicieux que j'ai passé dans cette lecture?
Il existe un pays très cher à mon coeur : l'Écosse. Et dans ce pays un lieu sauvage des plus beaux : Glencoe, ou plus précisément Glen of Coe, la vallée étroite de la rivière Coe
J'ai connu Glencoe dans les années 70. C'était alors un lieu désert, âpre, d'une beauté presque terrifiante. Un lieu chargé d'une histoire sanglante. Bref, un endroit qui remue.
J'y suis retourné à plusieurs reprises jusqu'à l'année dernière. Et j'y ai vu de plus en plus de monde. Suffisamment de monde pour tout gâcher.
L'excès d'humains a, chez moi, cet effet de rompre mon émerveillement.
Et là, Susan Fletcher, me replonge dans cette beauté et même au delà. A une époque où nul n'osait trop s'aventurer dans ce "ravin" austère. Elle m'a fait oublier les troupeaux de singes hurleurs et parfumés. Quel plaisir !

Il y a bien longtemps que je n'avais pas connu un amour de roman.
Qu'est-ce donc que ce truc là, vous demandez-vous ?
Cette chose à laquelle on pense sans cesse, que l'on retrouve avec plaisir et avec laquelle on fait corps.
Et bien c'est bien ça. Ce roman m'a fait ça !
Cela m'a rappelé beaucoup de lectures enfantines, adolescentes et beaucoup moins de lectures adultes. Une sensibilité qui s'émousse ? Je ne sais pas. Mais là j'ai retrouvé ce plaisir voluptueux, cette impatience à me glisser encore et encore entre ses pages. Un réel bonheur.

Et encore je ne vous ai pas conté le plus fou du truc. Un détail peut être pour beaucoup, mais pour moi.... imaginez
Nous sommes en 1692. Corrag, la jeune héroïne, après avoir remonté le Nord de l'Angleterre et une partie de l'Écosse sur le dos de sa jument, arrive à Glencoe et décide de s'installer à Coire Gabhail , le vallon secret. Et cet endroit est le sein du sein pour moi. Un vallon caché et protégé accessible qu'après une bonne grimpette à pied. J'y étais en juin dernier et là, je suis au paradis des lecteurs.
Et Corrag nous mène avec elle de glens en collines, de cascade en loch, elle gravit et aime les montagnes qu'on appelle les trois soeurs, que je trouve aussi tellement belles.
Corrag, être simple, vit en parfaite harmonie avec la nature. Elle a trouvé, dans ce Glen of Coe, sa patrie. Mieux, sa maison.

Mais ce n'est pas suffisant. Dans ce roman à tiroirs. Il y est certes question de nature, de beauté, mais aussi d'amour et d'histoire.
Car nous gravitons autour du massacre des MacDonald, le 13 Février 1692 par des soldats à la solde de l'Angleterre. Soldats comprenant dans leurs rangs des écossais du clan Campbell ayant prêté serment au roi illégitime d'Angleterre, Guillaume d'Orange, et accueillis chez ces même MacDonald qu'ils vont assassiner. Un massacre fomenté par un seigneur de Stair aux motivations bassement cupides.
Bref, un truc pas joli joli dont les humains sont friands.

Autres tiroirs : Il y a deux narrateurs :

Corrag, donc, jeune femme accusée, comme sa mère et sa grand-mère, de sorcellerie, condamnée au bûcher

Charles Leslie : révérend irlandais, jacobite, venu interroger la sorcière sur ce qu'elle a vu du massacre afin de prouver l'implication du roi usurpateur.

Le roman est d'une très grande richesse historique et documentaire.
L'écriture très, comment dire, d'époque...
Suzan Fletcher a su reconstituer un langage imagé, puissamment évocateur de ce XVII ème siècle, à la fois pour l'homme d'église cultivé, réfléchi, amoureux qui l'interroge, et pour Corrag, la préjugée sorcière, plus rustique et proche des animaux, des plantes de l'eau, de la neige, du froid. Je trouve cela remarquable.

Il n'y a qu'une chose qui m'a gêné c'est l'absence d'un formalisme typographique, les tirets et les guillemets.
Ça peut paraître curieux mais une phrase dans laquelle se mêlent propos rapportés et mots prononcés sans distinctions autres que la mise en italique a quelque chose de déroutant et coupe systématiquement la fluidité du récit.

En voici un exemple :

Si je croisais l'auteur je lui dirais volontiers pensez à présenter vos dialogues pour faciliter la compréhension mais je ne croiserai jamais et je reste sur mon irritation, voyez-vous.

Déroutant, non ?
Commenter  J’apprécie          4725



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}