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Citations sur La vague qui vient (14)

Contrairement au rire dont sont capables le chimpanzé et même le rat dès lors qu'on les chatouille, le barbecue est le propre de l'homme. Aucun autre animal ne pratique ce rituel qui consiste à parler à quelqu'un en surveillant la cuisson de saucisse ou de côtelettes.
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Les îles sont le refuge de de réalités parallèles et, comme dans Shutter Island, la vérité y jouit d'un droit d'asile au sens psychiatrique du terme.
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C'est l'un des paradoxes des îles, la sensation d'indépendance y est plus forte qu'ailleurs quand la réalité de la dépendance y est souvent bien supérieure.

P.40
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Le gant de laine et la théière chinoise en fonte sont le triomphe de l'inadéquation à leur environnement, deux pierres dans le jardin de Darwin.
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La plupart des gens croient qu'ils ne savent pas dessiner, alors qu'ils ne savent pas regarder. Les hanches sont toujours moins larges que le haut des cuisses, mais personne ne le remarque. Un regard non exercé ne voit pas la réalité, mais l'idée qu'il s'en fait. L'homme voit ce qu'il croit. Cette capacité à nier l'évidence permet d'expliquer aussi pas mal de faux pas depuis qu'il a appris à marcher.
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Je marchais, pour sortir de cette apathie dépressive qui s'était emparée de moi au lendemain de la disparition de l'actrice et de l'achèvement de la fresque. La marche est le meilleur remède pour l'homme, disait Hippocrate à une époque où il s'agissait surtout de consoler ceux qui n'avaient pas les moyens de s'offrir un cheval. On dit aussi que la marche permet de réfléchir, mais les champions de marche à pied n'ont pas de choses tellement plus intéressantes à dire que les haltérophiles ou les lanceurs de javelot, voire moins.
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Il est de rigueur de penser que les gens âgés sont plus sages et tolérants mais les guerres sont souvent déclenchées par des gens âgés à la recherche de quelque chose de stimulant qui les sorte de leur déprimant déclin et leur confirme qu'ils comptent encore pour quelque chose dans la marche du monde.
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C’était une fin novembre habituelle dans l’hémisphère nord, si tant est qu’il existe encore des habitudes en la matière. Un grand vide occupait la place du ciel, une pluie horizontale rayait toutes choses. Les corps-morts dansaient sur l’eau noire et j’attendais par une nuit d’automne le traversier, en compagnie de cinq ombres, sous la lumière des deux réverbères de l’embarcadère. J’attendais, un gros sac de toile en bandoulière et une valise cabine à la main dont les roulettes usées se coinçaient à chaque tour de roues.
Un clapot nerveux agitait l’océan comme un genou sous la table et une poussière de mer blanche volait sur la crête des vagues étêtées par le vent. La silhouette de l’Île se découpait le temps d’un éclair, noire sur le ciel blanc, tel un fantôme rétinien. Le traversier sortit de la nuit dans un gros bouillon phosphorescent. C’était une puissante vedette hollandaise en aluminium, blanche, avec un bastingage peint en rouge et, dans la cabine, quatre rangées de banquettes en plastique moulé bleues, réparties de chaque côté d’une travée qui menait à la poupe où le pont pouvait accueillir des marchandises, des bagages et des vélos par la passerelle arrière. L’été, un navire supplémentaire de taille supérieure assurait la liaison pour répondre à l’affluence touristique.
La vedette se rangea à quai dans un demi-cercle répété plusieurs fois par jour. Derrière la vitre du poste de pilotage noyé d’ombre, la lumière orangée des cadrans éclairait le visage du passeur coiffé de sa casquette, comme un de ces portraits de marins qui fument la pipe à la lueur d’une bougie, le genre d’imitation de de La Tour qu’on trouve dans les brocantes, malheureusement. Les âmes sombres qui attendaient sous la pluie montèrent à bord. La passerelle fut ramenée sur le pont et la vedette quitta le quai, prête à franchir le Styx pour me déposer sur le rivage de ma mort sociale. Une plaque en plexiglas rivetée dans la cabine indiquait 24 passagers assis.
Le navire partit en crabe à cause du courant, avant de virer dans la nuit pour remonter au vent et naviguer à quarante-cinq degrés en amont du point où il espérait nous emmener. La traversée du chenal prit cinquante-cinq minutes quand par mer calme il en fallait deux fois moins. Nous accostâmes, enveloppés de cette froideur humide que les primo-retraités découvraient avec inquiétude à l’approche de l’hiver. Un homme sortit de la nuit pour amarrer la navette. Je débarquai avec mon bagage et traversai le quai. Les Îliens qui m’accompagnaient récupérèrent leur véhicule, voiture, camionnette, vélomoteur et me dépassèrent sans qu’aucun propose de me convoyer et je regardai leurs feux arrière disparaître dans la profondeur de la pluie. Le port était désert, le quai luisant, les cafés fermés, les terrasses bâchées et ligotées frappées par la pluie. Aucune des fenêtres de la capitainerie, un parallélépipède de ciment blanc, ni des maisons avoisinantes, n’était éclairée. Le vent faisait cliqueter les manilles, et les drisses tambourinaient sur les mâts. Les flots claquaient sous les pontons flottants et les voiliers alignés bord à bord frottaient leurs pare-battages dans des couinements de caoutchouc mouillé. Le sac de toile me sciait l’épaule. J’avais hésité avec un modèle à doublure étanche.
C’était une arrivée en fanfare.
Je longeai le port et les boutiques éteintes en direction du centre et la pluie s’adoucit. La boutique d’artisanat proposait de graver le prénom de n’importe qui sur n’importe quel objet en bois, en cuir ou en porcelaine, le fromager vendait aussi du miel, des fruits confits et des pâtes, dans des emballages portant la silhouette de l’île imprimée en rouge sur fond grège qui plaisaient tant à la clientèle, et puis plus loin La Galerie, Espace de créations contemporaines, exposait des peintures de régates empruntées à Dufy. Une veilleuse de sécurité laissait deviner à l’intérieur un présentoir avec des posters de l’Île en noir et blanc, des cendriers en céramique colorés et des dauphins en verre filé sur une longue étagère. Un Don Quichotte grandeur nature, fabriqué avec des déchets trouvés sur le continent, montait la garde derrière la porte d’entrée avec son assiette en plastique sur la tête, ses yeux en bouchons de bouteille d’eau minérale et sa barbichette en rebut de filet de pêche en nylon. La boutique de la presse qui jouxtait La Galerie faisait aussi papeterie et vendait en été des bouées, des serviettes de plage, des masques et des palmes dans un espace à peine plus grand que des toilettes de chantier.
Tout ce monde de promesses merveilleuses était pour l’heure en sommeil, inaccessible.
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Désœuvrement et frustration sont les deux mamelles de la consommation.
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C’est un étonnement constant de découvrir que des gens qui ne vous connaissent pas ont un avis sur qui vous devez fréquenter et avec quelles couleurs vous avez le droit de vous mélanger. Comme si la liberté des autres les renvoyait à l’enfermement de leur condition.
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