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EAN : 9782889441730
149 pages
Slatkine et Cie (28/01/2021)
3.25/5   69 notes
Résumé :
2021 : 85% des lecteurs sont des lectrices.
Sans qu’on puisse l’expliquer, jour après jour, l’écart continue de se creuser et une projection raisonnable permet même d’affirmer que les lecteurs masculins auront totalement disparu en 2046. Peut-être avant.


Ce roman raconte l’histoire du dernier homme qui lisait. Comment a-t-il vécu cette situation inédite, seul au milieu des femmes qui le comprennent encore et partagent sa passion ? Son ... >Voir plus
Que lire après L'émouvante et singulière histoire du dernier des lecteursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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L'adresse faite aux lecteurs

Dans un livre joliment tourné, Daniel Fohr raconte comment il est devenu le dernier des lecteurs. Derrière ce constat à la fois amer et plein d'humour, la mise en garde est dramatique. Est-il déjà trop tard?

Le constat est là. Les hommes ne lisent plus, ou de moins en moins. Les libraires le constatent autant que les auteurs, la plupart des lecteurs sont des lectrices. J'ajouterai ce constat personnel, lorsque l'association de lecteurs dont je fais partie organise sa rencontre annuelle, je me retrouve au milieu d'un aéropage presque essentiellement féminin, sorte de dernier des mohicans déjà regardé avec curiosité.
Comme l'explique Daniel Fohr, qui a analysé en détail la situation, le constat est sans appel: "Dans les années soixante, au siècle dernier, les femmes ont commencé à lire plus que les hommes. Ensuite la courbe des hommes a continué à chuter tandis que celle des femmes continuait de grimper, offrant ainsi au marché une érection compensatrice. La chute du désir des hommes pour le livre, et principalement pour la littérature, est devenue un phénomène et de nombreuses analyses ont été publiées pour essayer d'en expliquer la nature."
Au rang des explications, il y a bien entendu l'arrivée des écrans et l'accaparement du "temps disponible" par un tas d'autres activités, du jeu vidéo au sport, en passant par quelques autres addictions. Mais l'explication ne tient pas, les femmes vivant dans ce même monde. On a alors tenté l'analyse psychologique tendant à démontrer que "les femmes étaient davantage tournées vers l'évasion, la romance, la fantaisie (...) qu'elles se reconnaissaient souvent dans les héroïnes de fiction". Mais là encore, l'argument ne tient pas. L'homme mystérieux attablé au café va le faire comprendre au narrateur. Avant de disparaître, il va remettre au narrateur une caisse de livres signés Henry Vernes. L'auteur de Bob Morane sera-t-il le dernier rempart au déclin, lui qui a entrainé des milliers de lecteurs dans les pas de son aventurier? Las, la lueur va vite s'éteindre pour laisser la place à des combats aussi passionnés qu'inutiles entre les hommes qui trouvent que ce lecteur déchoit à leur classe, qu'il devrait désormais se comporter en homme et arrêter cette activité futile et ces femmes qui entendent régner en maître sur la librairie et en refuser l'accès aux rares hommes qui s'y aventurent.
Les pro et les anti lecture vont vite arrêter de s'écharper faute de combattants.
Devant la gravité de la situation, le "dernier lecteur" va tenter de rallier de nouveaux adeptes à sa cause, mais il fera chou blanc. Il ne transmettra pas non plus sa passion à se descendance, car Théa s'est séparée de lui. Grande lectrice, avec laquelle il partageait ses découvertes et avec laquelle il aime joué au jeu des incipits, lui faisant deviner quel livres commençaient avec les phrases citées, elle n'a pas voulu endosser un rôle trop lourd pour elle.
Derrière le conte qui ne fait qu'extrapoler une tendance forte, la mise en garde va frémir tout honnête homme: "Que la moitié de l'humanité ne lise plus de romans est une catastrophe, pour la simple raison que la littérature est le terrain sur lequel s'établissent et se jugent les relations entre les hommes et les femmes depuis des siècles. Roméo et Juliette n'est pas l'histoire de deux jeunes gens mais une vision de l'amour, L'Écume des jours, Lolita, Gatsby le magnifique, Justine, Les Liaisons dangereuses permettent de comprendre les ressorts du fonctionnement amoureux, sans avoir besoin de vivre la multiplicité de ces expériences, ce sont des guides et des modes d'emploi."
Oui, il faut lire et faire lire cet essai pour que l'anticipation ne se vérifie pas dans un avenir plus ou moins proche. Il faut proclamer haut et fort que la lecture est autant une affaire d'hommes que femmes. Et que, comme le disait Hugo «La lumière est dans le livre, laissez-le rayonner»


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ce bref roman – 140 pages – est un drôle d'objet ! S'agit-il d'un manifeste, comme nous l'indique la quatrième de couverture ? Mais alors, un manifeste de quoi ? S'agit-il d'un roman d'anticipation dystopique ? S'agit-il d'un roman qui, sous l'humour, dissimule une inquiétude profonde, ou l'inverse ?

Probablement un peu de tout cela !

Quoi qu'il en soit, pendant environ 80 pages, j'ai cru lire en creux le descriptif précis, quasi-chirurgical, de ce qui nous a donné l'idée d'Ô Grimoire ! La peinture de ce monde de l'édition qui, à grand coup de marketing, cherche uniquement à satisfaire les attentes les plus superficielles de ses clients, renonçant au passage à tout ce que la littérature peut avoir parfois d'exigeant ; l'accumulation de clichés sur ce que liraient les femmes et pas les hommes, et l'inverse ; l'idée que, les hommes étant majoritairement technophiles, leur proposer des « lecteurs numériques » pourrait les ramener à la lecture – une invention finalement adoptée par les femmes sous le nom de « liseuse »…

Nous avons choisi de ne pas « genrer » nos chroniques, que ce soit l'une ou l'autre qui les écrive, parce qu'il nous semble justement qu'une femme peut apprécier les romans gore, les romans d'aventure – même Bob Morane, que l'auteur prend en exemple -, alors qu'un homme peut parfaitement, pour sa part, raffoler des romances et de la chick-lit – même si l'existence même de ce sous-genre peut sembler aller dans le sens de l'auteur… -.

Et c'est probablement la raison pour laquelle la prophétie horrifiante qui forme l'idée de départ de ce livre ne se réalisera, bien heureusement, jamais ! Car, en lecture, tout reste possible, chacun reste encore libre de ses choix. Et si la pression sociale influe, comme dans tous les autres domaines de la vie, il nous semble que la lecture reste en partie épargnée.

Cette lecture est divertissante, tout en amenant à réfléchir aux diktats du marketing dans nos sociétés. Cela se lit très bien, ce qui nous fait espérer que ce n'est pas la raison pour laquelle la quatrième de couverture appelle à le faire lire aux hommes… Il y a des passages tout à fait réjouissants, comme celui où l'auteur imagine un collectif d'autrices qui s'engagent à écrire, pendant un an, des romans « à la masculin » – comme Barbecue sanglant, les hommes ayant définitivement choisi entre lecture et barbecue ! -, ou encore cet autre moment où Daniel Fohr fait le parallèle entre une librairie, devenue un lieu exclusivement féminin, et le rayon lingerie d'un grand magasin…

Que vous soyez homme ou femme, ce livre est d'abord un cri d'amour à la littérature et à l'objet livre… et, ça, c'est quelque chose que nous pouvons partager, non ?
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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En 2021, 85% des lecteurs sont des lectrices.


L'émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs se déroule, dans notre futur proche. le narrateur est le dernier homme qui lit. Moqué et stigmatisé, il doit se farder en femme, pour pouvoir lire dans un lieu public. Bien sûr, les hommes lui demandent ce « qu'elle » lit, mais la réponse leur importe peu. Leur objectif est d'ouvrir le dialogue, leurs intentions sont de l'ordre de la séduction. Pour les femmes, il est un héros. Avec elles, il « parle de tout, parce que les livres parlent de tout », alors que les conversations masculines traitent « de sport, de téléphonie mobile, de faits divers étonnants, d'évènements internationaux, de films ou de séries, et des femmes » (p. 65). Au début, son statut de dernier lecteur lui a apporté une notoriété, mais ensuite, il est devenu un sujet de gêne.


Dans ce roman plein d'humour, il a décidé de témoigner. Il a d'abord tenté d'analyser pour quelles raisons, il est le seul et unique représentant du lectorat masculin. Il explique que les hommes se sont détournés de la littérature, car celle-ci n'avait plus d'utilité sociale pour eux, l'allègement des programmes scolaires a accentué le phénomène, les maisons d'édition se sont adaptées à la demande devenue presque exclusivement féminine, etc. Il raconte que les Éditions Razzia ont essayé de se faire une place : avec un logiciel, ils ont féminisé des classiques. Ils ont lancé La vieille femme et la mer, Doña Quichotte, etc. Ce fut un échec total. Aussi, le dernier des passionnés cherche un moyen pour que les hommes retrouvent le plaisir de lire…


En lisant ce livre, j'ai beaucoup souri. J'ai pensé aux blogueurs masculins, qui sont beaucoup moins nombreux que les femmes et j'ai songé à leur sens du partage, à leurs mots qui me séduisent, à leur plaisir communicatif. Merci messieurs.


J'ai aimé cette balade enchantée dans le monde des livres. A partir d'un constat, Daniel Fohr crie son amour pour la littérature : pas trop fort pour ne pas effrayer ceux qui pourraient basculer dans le refus de lire. Bien que certaines références appuient son propos, il a choisi l'humour pour transmettre son message. Les clichés volontaires et assumés succèdent aux vérités, le rire alterne avec la réflexion.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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[INTRO DÉBILE]...

85% des lecteurs d'aujourd'hui sont des lectrices.

--Qu'est-ce que tu dis Soubock ?
_"98% des piliers de bar sont des hommes !"
--En effet... très intéressant Soubock ! Merci !

--oui Ribhéro ? Je t'écoute.
_"Que quant jété petit que javé li des livres de foot !"
--c'est bien ça Ribhéro de s'intéresser à la lecture.
_"Que en plus tu pouvé collé des autocollant dedans."
--ouiii, je vois... mais ce n'est pas vraiment un livre ça ?
_"Si que Didier le coach aussi qu'il la li !"
--ok!
_"Que c'est un livre que des hommes !"
--ok! ok!... que dis-tu Wendy Castor ?... Tu la li aussi... d'accord.

--quoi Ben Laesh ?
_"Ji veux dire que dans mon pays, li livres, on li brûle !"
--et tu trouves ça intelligent Benny ? rien à rajouter ?
_"Ji veux ajouter que li lectri...
--c'est bon! SHUT UP BENNY!!!

--quoi encore Soubock ?
_"98% des chasseurs sont des hommes !"
--on le sait Soubock, on le sait...

--oui La Goutte? ..Vite fait alors...
_"moi, je voulais dire, j'ai lu un livre plusieurs fois, jusqu'à la page 37."
--d'accord.. c'était un tout petit livre ?
_"300pages! Mais à chaque fois à la page 37, j'ai fini."
--je ne comprends pas...tu as fini ?
_"oui, quoi.. enfin..tu vois..."
--non justement... c'est quel livre ?
_"La pharmacienne...d'Esparbec."
____________________________________

[ANALYSE TRÈS TRÈS POINTUE]...

En quelle année ne restera t-il qu'un lecteur sur Babelio ?
C'est ce genre de question que l'on ai amené à se poser après la lecture de ce court roman.
( d'ailleurs, j'aimerais bien connaître la proportion de lectrices/lecteurs sur le site ; et pourquoi pas, celle des auteurs/autrices)

Marrant ce p'tit livre...
Il commence comme un roman "mâtiné" à l'essai, avec ses courtes statistiques, ses questionnements sur l'intérêt pour la lecture (de roman notamment), hommes/femmes confondus ; Puis sur les causes probables du désintérêt de la part de ces mêmes hommes ; les attirances pour les différents genres littéraires ; les rééditions d'auteurs ; le business autour du livre...ect...
Puis il se poursuit en une histoire sur la lecture estampillée enquête/humour/désespoir, avec ses quelques références de classiques (ou pas) ...
Pour finalement se terminer avec une bonne louche de Dystopie et un final en blind-test littéraire.

Alors les mecs, allons-nous déserter les rayonnages de nos librairies ? Bouder nos bouquinistes ? Pas assez viril la lecture ?
"J'imagine qu'un homme avec un livre donne une image des hommes qui ne plaît pas aux hommes" (p13)
Mais nous, les Babelistes-mâles, nous tiendrons bon ! Quand on aime...
____________________________________

[OUTRO LÈCHE-BOTTES]

Je tiens ici, à prendre la défense de mes Babelpotes Femmes (les meilleures du site), qui contrairement à ce qu'aurait pu laisser penser cette lecture à un moment donné, ne sont pas du tout abonnées aux romans feel-good à l'eau de rose, gnangnan et compagnie, du genre :
_ma copine surmerveilleuse.
_coeur à prendre sous les tropiques.
_ un été chez Cioran.
Non! Au contraire... elles ont des lectures "High-level", (enfin, haut-niveau quoi... oui, j'ai quelques Babel-copines âgées ;-) ; et font des billets toujours très étayés, dans un français plus que correct (à part une ou deux).
Enfin voilà... je tenais à leur rendre cet hommage.

Je ne sais pas si je serai le dernier lecteur, ou si j'arrêterai de lire un jour comme les courbes l'annoncent, alors par anticipation, je vais tâcher de piocher un max dans ma PAL.
"Je l'aurai un jour...je l'aurai !".








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Il est le dernier des lecteurs du genre masculin ! Avouons-le et apparemment les enquêtes le prouvent : il y a plus de lectrices que de lecteurs. Dans ce roman à la manière d'une dystopie, l'auteur cherche à déceler à la fois ce qui a éloigné les hommes de la lecture mais éventuellement quelques pistes pour les y faire revenir.

C'est un cri d'alarme, une sonnette que l'auteur tire afin d'inverser le processus afin qu'il ne reste, après lui, plus aucun lecteur. Comprendre et exposer les causes, trouver des solutions voici le but de ce conte prémonitoire afin de provoquer un sursaut général de la gente masculine et ne pas laisser les femmes être les seules bénéficiaires des bienfaits de la lecture.

C'est un pamphlet qui mêle humour (et peut-être l'angoisse) avec observations, réflexions et  références littéraires, qui se veut un condensé de scènes imaginées ou réelles, une bouteille lancée à la mer dans lequel Daniel Fohr s'imagine en survivant d'un genre disparu," le Lecteur", le dernier comme le dernier dinosaure, entouré uniquement de Lectrices, perdu, seul, désespéré et se veut le sauveur d'une race disparue.

C'est à la fois léger (mais parfois inquiétant malgré tout), tendre, humoristique, un tantinet loufoque par moment. Que l'on soit homme lecteur (mais seuls les lecteurs le liront et s'y reconnaîtront peut-être) ou femme lectrice, on ne peut que s'identifier dans nombres de situations, que ce soit des rites et manies de lecture, d'ambiance de librairies mais également dans la difficulté de faire comprendre parfois aux autres l'importance de la lecture dans nos vies et de ce qu'elle pourrait apporter dans la leur.

Un regret : que seuls les lecteurs et lectrices le liront puisque les autres.......

J'ai aimé comme une pause légère, une sorte de récréation et me réjouir (un peu) du plaisir d'avoir une lecture où les femmes ont pris le pouvoir dans un domaine.

J'ai aimé mais je ne suis pas sûre de savoir dans quelques temps qui était le dernier des lecteurs.....
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
Pas plus tard qu’hier.
J’ai pris Le vieil homme et la mer dans une édition de poche et je l’ai mis dans la poche intérieure de mon manteau. Je me suis regardé dans la glace et j’ai ajusté la perruque.
J’ai la chance d’avoir un système pileux modeste et des traits fins, ce qui m’évite le maquillage. Avec un jean et un grand manteau acheté dans une friperie, j’ai l’air, comme vous et moi, d’une femme.
Pour avoir vraiment l’air d’une femme, il faut une perruque de bonne qualité, fabriquée avec de vrais cheveux. Le problème d’une belle chevelure, c’est qu’elle attire les hommes.
Les cheveux, les seins, les fesses et une bouche rouge sont les quatre marqueurs sexuels du désir masculin. Pour la bouche, les seins et les fesses, je n’ai rien à offrir, mais apparemment les cheveux suffisent.
Je suis sorti.
Ça n’a pas raté. Je n’étais pas assis depuis deux minutes qu’une voix est venue du dessus.
— Vous lisez quoi ?
J’ai montré la couverture du livre.
— C’est bien ? il a demandé.
— Et vous, le dernier livre que vous avez lu, c’est quoi ?
Je tiens à préciser qu’il n’y avait dans ma voix aucune intonation agressive et que je souriais.
Le type m’a regardé comme si je lui posais une question étrange et il a roulé des yeux en haussant les épaules, pour s’excuser de ne pas s’en souvenir.
— C’était quand, alors ?
Là, il s’est raidi, il m’a fixé avec un regard qui n’était plus du tout amical et j’ai cru qu’il allait me gifler. Les hommes n’aiment pas qu’on les confronte à ce qu’ils sont. Il s’est retenu mais il a tout de même lancé « Pauvre tarée, va te faire soigner ». Il a craché par terre et il est reparti dans l’allée.
Je suis resté sur le banc et j’ai repris depuis le début, Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n’avait pas pris un poisson.
Je n’avais plus la tête à ça, à chaque mot j’avais l’impression qu’un autre type allait se pointer, Vous lisez quoi ?
Finalement, je me suis levé et j’ai remis Hemingway dans ma poche. Je suis allé dans les toilettes du Parc, j’ai enlevé la perruque, je l’ai mise dans l’autre poche, j’ai retiré mon manteau et je l’ai replié sur mon bras, pour qu’on ne voie pas que c’était un manteau de femme. Je suis ressorti. Il ne faisait pas froid, j’ai choisi de rentrer à pied.
Je n’habite pas loin du Parc. J’ai pris le trottoir côté soleil. Quatre hommes de mon âge étaient assis à la terrasse d’un café autour de quatre bières. Quand je suis arrivé à leur hauteur, j’ai senti leur regard sur moi et l’un des types a pris la position de la théière pour faire marrer les autres, un bras sur la hanche en forme d’anse et l’autre plié vers le haut, avec la paume en l’air comme un bec verseur. J’ai compris que le livre dépassait de la poche du manteau et j’ai changé sa position sur mon bras pour le recouvrir.
C’est une réaction qui n’est pas rare chez les hommes, c’est pourquoi j’en suis réduit à me déguiser en femme pour aller lire dans un parc. J’ai toujours aimé lire à l’extérieur, n’importe où, mais ça devient difficile. La dernière fois, au restaurant, un type a tendu son verre de vin vers moi avec un gros clin d’œil salace au moment où j’ai levé le nez du livre que j’étais en train de lire.
Déguisé en femme, je me retrouve avec des problèmes de femme, habillé en homme, avec des problèmes de théière.
On en est là.
J’imagine qu’un homme avec un livre donne une image des hommes qui ne plaît pas aux hommes. Je suis parfaitement conscient que l’immense majorité des hommes détesteraient que leur fils me ressemble.
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Je ne suis pas d’accord. J’ai réfléchi à la question. Que la moitié de l’humanité ne lise plus de romans est une catastrophe, pour la simple raison que la littérature est le terrain sur lequel s’établissent et se jugent les relations entre les hommes et les femmes depuis des siècles. Roméo et Juliette n’est pas l’histoire de deux jeunes gens mais une vision de l’amour, L'Écume des jours, Lolita, Gatsby le magnifique, Justine, Les Liaisons dangereuses permettent de comprendre les ressorts du fonctionnement amoureux, sans avoir besoin de vivre la multiplicité de ces expériences, ce sont des guides et des modes d’emploi. p. 78
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J'ai pris la tête de celui à qui son ignorance faisait de la peine mais qui était là pour aider.
"Il y a trois auteurs à lire, j'ai dit, trois."
J'ai senti qu'il se raidissait au mot "auteurs".
Pourquoi j'ai dit trois ? Parce que c'est un chiffre magique. Pour quelqu'un qui ne lit pas, trois c'est beaucoup, mais pas inatteignable.
J'ai adopté un ton d'autorité.
"Faulkner, Tennessee Williams, John Kennedy Toole, tout est là.
Commence par ça, ça parle de la Nouvelle-Orléans, et j'ai sorti "la conjuration des imbéciles" de mon sac à dos. Je t'en passerai d'autres après ça, tu verras ".
J'avais choisi ce titre parce qu'il me parraissait contenir un défi amusant.....

..... je lui ai laissé le temps.
Lire n'est pas simple, lire exige un effort.
Il faut décider de s'abstraire du monde un moment et le monde va tellement vite qu'il pourrait bien disparaître pendant ce laps de temps, et comment le rattraper ensuite ?
On allume un écran et on se réinstalle dans la réalité pour assister au cyclone, à la bourse, au match, au débat et prendre connaissance de ce que ses amis ont choisi comme plat, comme dessert, comme vacances ou comme canapé.
Il faut du temps et de la volonté pour repousser ça.
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Les entrepreneurs savent que les périodes de crises sont pleines d'opportunités, c'est ce qui les différencie des salariés.
Un jeune manager visionnaire décida ainsi de revendre les parts qu'il détenait, pour se faire une place dans le monde de l'édition.
Son idée avait la simplicité de l'évidence et son business model était imparable.
A quoi bon s'évertuer à dénicher des auteurs susceptible de satisfaire un public féminin, quand il suffisait d'adapter les centaines d'histoires existantes qui avaient déjà prouvé leurs qualités narratives ?
Féminiser des textes tombés dans le domaine public ne coûtait rien, un logiciel en était capable, et cela pouvait rapporter beaucoup, vraiment beaucoup.

Les éditions Razzia, c'était le nom choisi par le jeune entrepreneur, sortirent simultanément quatre classiques de la littérature revisités selon ce principe, à un coût que seule pouvait permettre l'absence de rémunération de l'auteur :
La vieille femme et la mer ; Dona Quichotte ; L'Idiote et , L'Étrangère.
L'Étrangère commençait ainsi : "Aujourd'hui papa est mort. Ou peut-être hier, je ne sais pas".
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J’ai conscience que le sujet d’une sensibilité masculine ou féminine est délicat et peut paraître stéréotypé, voire infondé. Pourtant, si les femmes lisent beaucoup, elles ne lisent pas tout, et l’éducation a tôt fait son travail d’orientation et créé des préférences de vagabondage qui semblent naturelles. Je ne suis pas un lettré, je l’ai déjà dit, et je ne prétends pas avoir de grandes connaissances. J’aime des livres que beaucoup de gens ont aimés, des auteurs reconnus, rien de très original, mais, même ainsi, il existe des livres que je suis maintenant le seul à connaître, parce qu’aucune femme ne les lit.
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