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Critique de afriqueah


- L'auteur des Piliers de la terre apprend le 15 avril 2019 que Notre -Dame est en feu. La flèche centrale, haute de quatre-vingt-quinze mètres, bascule sur le côté, le feu ravage un joyau que l'on croyait éternel, les flammes débordent des deux tours jumelles. Nous découvrions qu'elle était destructible, écrit Ken Follett, dans un petit fascicule dont les droits seront reversés à la Fondation du Patrimoine. Il remonte au temps de sa construction, en 1163, pour remplacer la vieille et trop petite église romane. Maurice de Sully veut ce qu'il y a de plus moderne pour Paris, est aidé en cela par « l'optimum climatique médiéval » et les excellentes récoltes qui s'ensuivent du réchauffement du climat entre 950 et 1250, ainsi que l'accroissement de la population. Construire une cathédrale nécessite des centaines d'hommes et de femmes qui campent autour de la construction, taillent la pierre, fabriquent le mortier et bâtissent. C'est dangereux, beaucoup de maçons sont morts en tombant des échafaudages, et quand on sait que les tours s'élèvent à soixante-neuf mètres, on comprend le danger de cet ouvrage de près d'un siècle. C'est onéreux aussi, et la construction de Notre Dame a connu des pénuries et des arrêts nées du manque d'argent, de grèves, d'effondrements de terrain et de fissures repérées dans les pierres, d'où les arcs boutants « qui font aujourd'hui tout le charme de la vue coté est, évoquant une nuée d'oiseaux qui s'élève vers le ciel ». Et fut achevée en 1260. Victor Hugo, en 1831, après quatre mois et demi d'écriture où il s'est plongé « comme dans une prison » dira sa femme, produit son roman Notre-Dame de Paris. Il y décrit de façon prémonitoire l'incendie qui a eu lieu récemment : « au-dessus de la flamme les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l'une toute noire, l'autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l'immensité de l'ombre qu'elles projetaient jusque dans le ciel ». La révolution avait mis à mal le bâtiment, sa nef avait servi d'entrepôt de céréales, et le texte d'Hugo qui s'indigne des mutilations sert de détonateur en vue de sa reconstruction. Violet- Leduc est pressenti comme architecte, et c'est lui, passionné, qui, en 1844, remodèle, reconstruit les gargouilles et les chimères arrachées par les révolutionnaires, change les pierres abimées, remplace les vitraux brisés et les cloches fondues pour en faire des canons. Violet Leduc ajoute à cela une flèche résolument moderne, et l'une des critiques (nombreuses) qu'on lui fit fut que l'un des apôtres qui ornent la base de la flèche le représente lui et non Saint Thomas. Et en 1989, Ken Follett rencontre Jean Gimpel, l'auteur des « Bâtisseurs de cathédrales », et écrit les « Piliers de la terre », son chef d'oeuvre. Il y raconte comment la construction d'une cathédrale attirait des gens de tous pays, et de tous niveaux sociaux. Clergé, aristocrates, agriculteurs, citadins apportent l'argent, beaucoup d'argent. « Des emplois furent créés, le commerce prit de l'essor, des marchés se développèrent, la migration internationale fut stimulée ». Nos rencontres avec les cathédrales sont du registre de l'émotion, du spirituel, et nous ensorcèlent par leur grâce et leur lumière. Et quand l'une d'elle brûle, nous pleurons, conclut Ken Follett.
Charmant petit livre, court et suffisamment précis pour nous remémorer le tragique de ce 15 avril 2019. Et pour nous sortir de la polémique consistant à critiquer la volonté de reconstruire, puisque cette cathédrale avait été « remaniée » au XIX siècle.

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