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Citations sur Le mal des fantômes (15)

Et je pense à l’effroi de ma pauvre existence
A la fuite éperdue qui me ramène à moi,
A ce goût du voyage dont je reviens plus pauvre,
A cette soif des hommes dont je reviens gelé…
Pardonnez-moi mes frères, de vous avoir cherchés
Avec un cœur sans foi, avec les mains gercées…
J’ai crié avec vous, j’ai pleuré avec vous,
Que ne puis-je arriver à croire en votre vie ?
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Je vais m’allonger sur le dos
Moitié ici, moitié ailleurs
Les jambes posées sur le vide,
Les bras ballants, les yeux ouverts
De l’autre côté de la nuit…
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…La terre est apparue aux premiers appels du matin…
Un mot de toi, la ville est devenue brûlante,
Un mot, les hommes naissent au bord des passions
Un mot, la vie éclate !
Et je cherche le sens de ces températures
Horreur du mouvement, chute et bond,
Le monde, qu’est-ce donc que ce monde, ce point !
La vie, qu’est-ce donc que la vie, cette goutte de sang !
Ce Rien vécu d’écueils, ma paresse s’y use…
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Envoi

Que l'on nous brûle ou qu'on nous cloute
et que ce soit chance ou déveine,
que voulez-vous que ça nous foute ?
Il n'est de chanson que l'humaine.

(p. 188)
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[incipit]

Ulysse

A Armand Pascal
dans la mort…

Et c’est l’heure, ô Poète,
de décliner ton nom,
ta naissance et ta race
Saint-John Perse, Exil.

No retreat, no retreat
They must conquer or die
who have no retreat…
Mr. Gay

J’étais un grand poète né pour chanter la Joie
– mais je sanglote dans ma cabine,
des bouquets d’eau de mer se fanent dans les vases
l’automne de mon cœur mène au Père-Lachaise,
l’éternité est là, œil calme du temps mort
est-ce d’arriver vraiment que d’arriver au port ?
Armand ta cendre pèse si lourd dans ma valise.
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Extrait de Préface à l'Exode
...

J’ai lu comme vous tous les journaux tous les bouquins,
et je n’ai rien compris au monde
et je n’ai rien compris à l’homme,
bien qu’il me soit souvent arrivé d’affirmer le contraire.
Et quand la mort, la mort est venue, peut-être
ai-je prétendu savoir ce qu’elle était mais vrai,
je puis vous le dire à cette heure,
elle est entrée toute en mes yeux étonnés,
étonnés de si peu comprendre –
avez-vous mieux compris que moi ?

Et pourtant, non !
je n’étais pas un homme comme vous.
Vous n’êtes pas nés sur les routes,
personne n’a jeté à l’égout vos petits
comme des chats encore sans yeux,
vous n’avez pas erré de cité en cité
traqués par les polices,
vous n’avez pas connu les désastres à l’aube,
les wagons de bestiaux
et le sanglot amer de l’humiliation,
accusés d’un délit que vous n’avez pas fait,
d’un meurtre dont il manque encore le cadavre,
changeant de nom et de visage,
pour ne pas emporter un nom qu’on a hué
un visage qui avait servi à tout le monde
de crachoir!


Un jour viendra, sans doute, quand le poème lu
se trouvera devant vos yeux. Il ne demande
rien ! Oubliez-le, oubliez-le ! Ce n’est
qu’un cri, qu’on ne peut pas mettre dans un poème
parfait, avais-je donc le temps de le finir ?
Mais quand vous foulerez ce bouquet d’orties
qui avait été moi, dans un autre siècle,
en une histoire qui vous sera périmée,
souvenez-vous seulement que j’étais innocent
et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là,
j’avais eu, moi aussi, un visage marqué
par la colère, par la pitié et la joie,

un visage d’homme, tout simplement !

1942

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"Un jour viendra, sans doute, quand le poème lu
se trouvera devant vos yeux. Il ne demande
rien! Oubliez-le, oubliez-le! Ce n’est
qu’un cri, qu’on ne peut pas mettre dans un poème
parfait, avais-je donc le temps de le finir?
Mais quand vous foulerez ce bouquet d’orties
qui avait été moi, dans un autre siècle,
en une histoire qui vous sera périmée,
souvenez-vous seulement que j’étais innocent
et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là,
j’avais eu, moi aussi, un visage marqué
par la colère, par la pitié et la joie,
un visage d’homme, tout simplement !"
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Je songe au passant qui…


Je songe au passant qui
Traverse sans hâte la rue.
Que de fois déjà il l’a vue !
Il ne la reverra plus.

Je pense à l’homme qui
Etend dans ses draps une femme.
La vieille chanson que la femme !
Mais c’est pour la dernière fois.

Je pense au poète vieilli.
Voyez : il écrit un poème.
En a-t-il écrit, des poèmes !
Mais celui-là c’est le dernier.

Je pense à l’homme qui
Eteint sa lampe et se couche.
Tant de fois il s’est endormi !
Mais cette fois c’est pour de bon.

Je pense, je pense, je pense
à la vie des éphémères
qui meurent en ouvrant les yeux.

               septembre 1943
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Épitaphe

Ci-gît recouvert de poèmes
Isaac Laquedem,
un peu trop porté sur l'extrême,
enfant du vieux Sem,

ayant fait le tour de la terre,
le tour des vivants,
où tout lui parut éphémère,
et tout captivant,

bon bougre après tout –mais instable
(le mal des aïeux),
partout écrivant dans le sable
la langue des cieux.
(p.239-240)
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[…]
Le Dieu s’est tu, disais-tu, qui habitait notre pierre.
– Il s’est tu. La statue a déserté le socle.
La terre est devenue opaque, la vitre s’est embuée,
la vie s’est engourdie comme le sang des serpents.
L’hiver de Dieu est là.
[…]
Quels sont tes nouveaux maîtres ? Et quelle est leur puissance ?
Ignoreraient-ils donc que l’homme doit grimper
lentement, enfonçant ses chaussures cloutées,
mordant les éboulis du vide,
aux sources du vertige
pour arracher le Temps aux longs écoulements
de ses purulentes durées ?
– Dieu est mort ? Eh ! sans doute. Mais n’est-ce pas notre tâche
de le ressusciter,
de l’engendrer à nouveau,
de lui communiquer notre sang,
de lui faire, la nuit venue, une place dans nos draps,
de lui céder dans notre verre
une part de boisson dont il se peut qu’il boive
– afin que son jeûne cesse
et notre exil aux terres chauves de la Stupeur ?
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