Benjamin Fundoianu, avant qu'il ne devienne Fondane.
Il s'agit ici de l'édition bilingue, avec la traduction française par
Odile Serre, du seul recueil de poèmes écrits en roumain par Fondane. Il est composé en France où il s'installe en 1923 avec des textes écrits entre 1917 et 1923 et il est publié en 1930 en Roumanie. À l'origine ces poèmes avaient fait l'objet d'une publication dans les périodiques littéraires roumains.
Dédié à
Ion Minulescu, que le poète qualifie de « premier chantre de la révolte lyrique roumaine » ce recueil révèle une personnalité poétique prête à saper de l'intérieur sous un faux semblant de continuité les modèles classiques.
Andreia Roman en propose une analyse intéressante : le poète « demeure un tempérament lyrique, même dans les terribles années de la guerre ou la
poésie s'était révélée impuissante devant « le paysage mécanique, les balles, les barbelés, les tanks », l'obligeant à constater que « le Beau n'était pas moins douteux que la Vérité, le Bien, la Civilisation ». On retrouve, dans ses vers, la plupart des thèmes, traditionnels et modernistes confondus, cultivés par les poètes roumains de son temps : tristesses provinciales (
George Bacovia et autres symbolistes), religion du silence (
Lucian Blaga), quête de la transcendance (
Tudor Arghezi), nostalgie du monde patriarcal (
Ion Pillat), rêve des contrées lointaines (
Ion Minulescu) ; thèmes qu'il exploite dans un mélange déconcertant d'imitation et de rejet. »
Le maitre mot de ces poèmes reste cependant le désespoir, mais il est à noter qu'aucune dérive lyrique ne vient entacher leur beauté.
Je relève pour finir, un autre poème dédié à
Gala Galaction (L'Heure de visite) cité ici par coco4649.