La reconnaissance d’une adolescente, lorsqu’un homme qu’elle ne connaît pas lui dit : Tu à les mêmes grands yeux noirs que ton père. Il est pareil à son grand-père, la peau brune d’un indien Elle répète sans arrêt : Uinipapeushu Nikuss. Les bébés aujourd’hui, ils sont pâles. C’est un vrai Innu, c'est certain
- En plus je veux pas que ma fille, elle ait un père qui est criminel.
- Ce n'est pas parce qu'il n'est pas en prison qu'il n'en est pas un.
[extrait du film éponyme]
La neige recouvre le lac et le ciel obscur se laisse percer par d’innombrables tisons lactés
Nomade : j'aime concevoir cette manière de vivre comme naturelle.
J’aimerais que vous la connaissiez, la fille au ventre rond. Celle qui élèvera seule ses enfants. Qui criera après son copain qui l’aura trompée. Qui pleurera seule dans son salon, qui changera des couches toute sa vie. Qui cherchera à travailler à l’âge de trente ans, qui finira son secondaire à trente-cinq, qui commencera à vivre trop tard, qui mourra trop tôt, complètement épuisée et insatisfaite. Bien sûr que j’ai menti, que j’ai mis un voile blanc sur ce qui est sale. (p. 11)
Je me souviens quand je restais à Quebec, j'étais séparée de mon amoureux. Le plus souvent j'étais triste, un chiot qui ne remue plus la queue.
Il a un rire brisé par la fumée. Lorsqu’il discute ainsi, il parle en français, cette langue qui lui glisse dans la gorge, qui fait mentir sa fausse assurance.
Nutshimit, pour l’homme confus, la paix. Cette paix intérieure qu’il recherche désespérément. Ce silence après avoir hurlé, des nuits durant, son angoisse sans que personne ne l’entende. Le silence d’un vent qui fait bruisser les aiguilles de sapins. Le silence d’une perdrix qui déambule aux côtés d’une dizaine d’autres. Le silence du ruisseau qui continue de suivre sa route, enfoui sous un mètre de neige.
Le brouillard. En voiture, le manque de visibilité oblige les conducteurs à ralentir. Parfois les clignotants des voitures sont en fonction. C’est pour s’aider, pour mieux s’orienter. La chaussée est humide. On n’ose pas de dépassement. La nuit, on voit mieux en gardant juste les basses allumées. Ça ne dure pas. Quelques minutes, une heure.
Il dit : Le brouillard du matin indique une journée ensoleillée, celui du soir, un lendemain pluvieux.
Ils ont accusé le brouillard. La brume habituelle des soirs de mai. Le vent mouillé de la mer qui fait pousser les nuages gris sur la route qui relie Uashat et Mani-utenam. Ça devait être un brouillard épais, opaque, infranchissable. Ça devait être une nuit noire, obscure, sans lune. Les voitures devaient être absentes. Il devait être seul à garder la route, à s’orienter, à enfoncer l’air trempé. Les arbres, les poteaux devaient se cacher derrière cette épaisse grisaille. La peur, le manque d’expérience, la vitesse, la témérité, l’inconscience, comme voie de sortie.