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Critique de Ortie27


Sophie Fontanel se trouvait sur une plage de Normandie quand elle se demanda si c'était elle la femme la plus agée de la plage. A ce moment-là, elle avait 60 ans.

Pour notre plus grand bonheur, la voilà qui se met à créer la fabuleuse Admira, la dernière femme la plus ridée sur Terre, son héroïne, en prenant des notes sur son portable.

Admira se promène à Péloponnèse en Grèce, par une journée de printemps, la chaleur est exceptionnelle ce jour-là. C'est pour nous le moment de la rencontrer.

Admira, la conteuse du hameau, solitaire et sociable, blagueuse, heureuse. Elle ne s'ennuie jamais. Elle est douce et garde son calme en toute situation. Son amour pour la vie est immense et c'est lui qui l'a façonnée. Elle a une forte résistance à la connerie humaine.

Elle apprend qu'un rajeunissement général a eu lieu. Il ne reste plus qu'une femme ridée sur Terre et c'est elle.

Sur le kaolin, elle aime ce qui se métamorphose. La métamorphose, n'est-ce pas le sens même de la vie ?

Par un sourire, elle répond au pianiste qui lui dit : “Oh madame, il n'y a plus de femme comme vous.”

Et Siméon, la même personne, lui confirme que les rides ont disparu.

Mais comment ?

Il y a 20 ans, on s'appliquait une crème, ou on recevait des injections. Aujourd'hui il y a le Mondoror, une dose à 50 centimes, accessible à tous.

“Nous avons déridé le monde.”

Admira depuis 15 ans vit sans téléphone, sans journaux, sans télé, personne ne lui avait parlé de ce remède inventé par Josée Derrida, qui a eu la naïveté de croire en la jeunesse éternelle.

Ça soigne les rides, mais les rides pourtant, ce n'est pas une maladie. Vieillir n'est pas une maladie.

Admira est rassurée, on meurt quand même.

“Les choses ont une vie sur terre. Elles naissent, s'usent et s'en vont.”

“Les rides sont le parchemin de l'humanité.” Et ses amis voulaient qu'elle devienne vieille.

Enlever les rides, c'est enlever aux jeunes leurs repères. 

Pourquoi les gens font de la chirurgie esthétique ?

Pourquoi, moi ortie27, j'achète de l'huile de pépins de figue de barbarie bio à 50 euros les 30ml ?

Ce livre renvoie que l'on soit homme ou femme à son image évidemment et les traces que la vie a laissé sur nous, l'empreinte de ce que nous avons fait de notre vie… 

Pourquoi je veux enlever mes rides ? Parce qu'elles montrent mes failles, mes secrets peut-être ?

Mes rides, qui s'inscrivent sur mon visage si naïf autrefois, plis qui vont se multiplier, s'intensifier, me racontent, me dévoilent. Je ne peux plus me cacher. 

Il y a ces nuits où j'ai enchaîné avec mes amis les fête, quand j'ai été malade, quand j'étais triste, quand j'étais dominée par la colère. Mes années d'insomnies, les jours mal nourris, mes angoisses, mes peurs, mes deuils puis doutes et humeurs... Mes petits arrangements avec la vie, pour supporter.

Mes rides nouvelles, celles qui naissent de mes lèvres, alors que je n'ai que 42 ans, mes plis sur le front, déjà là… Ma Mamie me dit que j'ai l'air trop sérieuse.

Je connais des femmes plus mûres qui n'en ont pas à cet endroit. On en vient à se comparer.

Ces plissements qui donnent un nouvel aspect à mon visage. 

Mes rides, sont moi, elles ne sont ni laides, ni belles, elle raconte juste le principe de la vie, le principe de l'entropie, la leçon ultime. 

Nos rides nous dévoilent et nous désarment, il faut faire la paix avec soi-même peut -être pour pouvoir les aimer. Et je suis certaine que beaucoup ne se posent pas de questions à propos de leurs rides, comme mon mari par exemple.

Ce livre m'a bien détendue sur le sujet, même si je ne veux pas paraître plus jeune que mon âge, je me disais que j'aurais voulu que mes rides apparaissent plus tard. J'aurais dû m'y prendre mieux et ce ne serait pas arrivé.

Ce n'est rien, ça fait un bon sujet pour mes futurs poèmes.


J'ai adoré ce livre de Sophie Fontanel, qui est très bien écrit d'une douceur infinie, et j'ai très envie de lire d'autres romans de cette autrice !

En plus, elle cite Aragon


C'est le conte sur la dernière femme ridée sur terre. 

"Rien n'est précaire comme vivre 

Rien comme être n'est passager 

C'est un peu fondre pour le givre 

Et pour le vent être léger 

J'arrive où je suis étranger. "


Louis Aragon, J'arrive où je suis étranger, Voyage de Hollande 

P.144

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