EBEN ou les yeux de la nuit

« Eben ou les yeux de la nuit » d'Élise Fontenaille, paru aux éditions du Rouergue (jeunesse) est un des trois livres les plus mauvais que j'ai rencontré en 70 ans de lectures, avec « Mein kampf » d'Hitler dont je n'ai pu supporter que deux pages, et d'un titre théosophique de madame Blavatsky qui délirait sans coherence.
le manuscrit de l'auteur n'a pas été vu par l'éditeur, elle excelle dans la caricature des faits du passe et dans un délire sadique de haine raciale. Il est des auteurs immatures et ignares qui nient la suprématie absolue de l'état et le respect dû par les habitants d'un pays ou d'une colonie a l'ordre public et aux lois, même s'ils les ignorent ou les contestent. C'est notamment le cas du malentendu tragique des ethnies colonisées qui s'insurgent contre un avenir redouté. Les fonctionnaires des forces armées, français comme Allemands sont des êtres rationnels soumis à une rigoureuse discipline. Ils ont pour mission de protéger tous les habitants, citoyens comme les indigènes sans droit de vote et leurs biens, et de maintenir l'ordre public. Il faut comprendre que tout conflit implique deux partis et que l'un d'eux le provoque ; l'honnête intellectuelle exige qu'on étudiât les actes des deux.
Dans la nuit au 12 janvier 1904, des guerriers de la tribu herero ont attaqué les fermes du district d'okenia dans la colonie allemande du sud-ouest africain . Ils ont pille et incendie les fermes des colons et égorge 198 hommes, 4 femmes et un nourrisson. le gouvernement de Berlin fut pris au dépourvu par l'événement et son ampleur. Il mit quelques semaines à organiser un corps expéditionnaire qui atteignit 14.000 hommes, 635 officiers et 11.000 chevaux. Les pertes furent lourdes : 1.646 soldats morts au combat, 689 succombent à la fièvre typhoïde, 76 hommes disparus, on trouva leurs corps et ceux de leurs auxiliaires indigènes, dépouilles de leur uniforme et mutilent, oreilles, nez, mains et « autres partis » coupes.
La convention de l'haye de 1899 sur les guerres terrestres regle les conflits de sorte que les militaires ennemis qui se rendent seront logés, nourris et soignés comme leurs vainqueurs. Les civils armés qui agressent les forces de l'ordre par contre sont considerés comme hors la loi. le climat brutal des confrontations a été determiné par les terroristes qui avaient massacré des civils, des militaires tombés entre leurs mains et profané les corps. Par conséquent, tous les terroristes trouvent en possession d'uniformes ou de fusils de provenance allemande furent fusillés sur-le-champ.
Les rares lecteurs doués d'un peu d'intelligence apprecieront le portrait du lieutenant-géneral von Trotha, agé de 55 ans en 1904, un aristocrate raciste issu de la haute noblesse saxonne vieille de 8 siecles, commandant en chef d'environ 15.000 hommes.
« C'était un pur sadique, un malade mental. Les bebes, il adorait les jeter en l'air comme un ballon et les empaler sur la pointe de sa baïonnette, il montrait aux soldats comment faire.Les plus jolies filles, il les violait lui-meme, puis il les passait aux officiers, qui les passaient aux soldats, qui les tuaient ensuite, quand elles avaient de la chance. Les survivantes ont fini a Shark Island, le camp de la mort »
J'ai lu un extrait du livre à une dame de ma connaissance. Elle m'a sommé d'arrêter et s'est précipitée à la toilette. J'avais offert un livre inoffensif de madame Fontenaille a mon petit-fils, « le garçon qui volait des avions ». Louis (10 ans) trouvait le recit intêressant mais le style « vulgaire » puisqu'on n'imprime pas des mots comme »putain » « salopard » ou « connard » ; en plus, il etait irrité par les fautes de grammaire. Ceux parmi les lecteurs qui estiment qu'ils ont été trompés sur la qualité de la marchandise devraient essayer de demander aux éditions du Rouergue de rembourser leur achat.