La cité des filles-choisies

Mon corps est resté en bas, dans la glace, et mon âme s’est envolée vers Izak, le garçon-condor, qui était venu m’accompagner dans mon berceau de glace.

Il y avait la même distance entre ma vie paisible d’hier et et celle qui serait la mienne désormais, qu’entre la Lune et le Soleil.

Au matin du troisième jour, il me hissa sur ses épaules:
-Regarde bien, petite Nina, la voici, la cité Puma! Tu la vois qui scintille là-bas?
Je posais ma main sur ma bouche, mais ne pus retenir un cri d'admiration. A nos pieds, cernés de cimes bleutées, la cité Puma s'étendait: partout des temples et des palais blancs comme la neige, des rues larges comme le lit d'une rivière, de vastes places où un troupeau entier aurait pu tenir...
Nous étions devant la plus belle des villes, et d'ici peu j'allais devenir une vraie citadine.
J'étais fière, je sentais mon petit corps gonflé d'orgueil. Moi aussi j'étais une sujette de l'Inca! Petit animal en liberté chez mon père, je l'oubliais parfois.
-Regarde bien, Nina, dit l'orejòn: à l'est la tête du puma, à l'ouest sa queue, ici ses jambes et là son corps: vois-tu?
-Oh oui! Je les vois! m'écriai-je.
La capitale de l'Empire avait la forme d'un immense puma: l'animal sacré entre tous, le symbole du pouvoir impérial. Cuzco brillait d'un tel éclat, dans les rayons du soleil naissant... On aurait pu la prendre pour l'astre lui-même. Et c'est ici que j'allais vivre désormais, dans cette cité prodigieuse! Je me sentis pousser des ailes, j'ouvrais grand mes bras, je criai de joie.
-Cuzco! Me voilà!