Mon nom est Guaracuya, je suis le neveu d’Anacaona, Fleur-d’Or, notre reine, la bien-nommée ; je me flatte d’être son neveu préféré.
Là où elle va, je la suis ; elle m’appelle son ombre, en riant. Partout où elle s’élance, notre reine, sur les sentiers, le long des rivières, vêtue de fleurs et de plumes, parée de pétales d’or, son rire l’accompagne. Jamais aucune reine taïno, depuis la nuit des temps, n’a recélé autant de qualités.
Chacun de nous, les derniers Taïnos, nous transmîmes nos savoirs à nos frères africains en fuite, pour qu'ils puissent survivre seuls dans cette île; notre île, Ayiti, que nous leur laissions en héritage.
En échange, nous leur fîmes promettre une seule chose, suite à la demande d'Anacaona, cette nuit-là: que jamais, au grand jamais, ils n'appellent notre île chérie Hispaniola. Ils choisirent donc de l'appeler Ayiti, eux aussi...
Au début, ils fouettaient les récalcitrants, mais bien vite ils ont préféré nous envoyer dans les mines, creuser au plus profond de la terre, là où vivent les démons car la seule chose qui les intéressait vraiment, c'était l'or.
L'OR L'OR L'OR...Tel était le nom de leur folie.
Hugo et Martin
Penché au bord du lac sombre, à la surface lisse à peine éclaircie par l'aube proche, parmi les derniers chants des oiseaux de la nuit, laissant la place à ceux du jour - les plaintes mélancoliques des choucas se mêlant aux cris joyeux des toucans - le dernier hululement de ma petite chouette retentit, et mon bel oiseau s'envola.
Alors j'entrai lentement dans l'eau sombre du lac, où je disparus... Laissant à la surface une petite plume blanche - ultime trace d'Anacaona.