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Critique de Frederic524


J'ai lu récemment un livre sur le cancer qui m'a bouleversé. Je n'ai pas honte de dire que j'ai pleuré en le lisant, je sentais cette boule montée dans ma gorge et les larmes coulées naturellement le long de mes joues. Ce livre c'est « L'enfant éternel » de Philippe Forest dans lequel il nous parle d'un drame vécu par lui-même, le témoignage du combat d'un père, d'un couple pour tenter de sauver leur petite fille Pauline. Ce livre est bien plus qu'un témoignage, c'est un roman comme vous n'en lirez que très peu. Forest nous conte ici l'indicible, l'horreur absolue, « je ne savais pas » écrit-il (p.13), la chose la plus révoltante qui soit, la mort d'une enfant de 4 ans…avec une pudeur mais aussi une vérité peu commune. Pauline se plaint d'une douleur au bras qui se révèlera être une tumeur alors qu'elle n'a que trois ans. « J'ai fait de ma fille un être de papier. J'ai tous les soirs transformé mon bureau en théâtre d'encre où se jouaient encore ses aventures inventées. le point final est posé. J'ai rangé le livre avec les autres. Les mots ne sont plus d'aucun secours. Je fais ce rêve. Au matin, elle m'appelle de sa voix gaie au réveil. Je monte jusqu'à sa chambre. Elle est faible et souriante. Nous disons quelques mots ordinaires. Elle ne peut plus descendre seule l'escalier. Je la prends dans mes bras. je soulève son corps infiniment léger. Sa main gauche s'accroche à mon épaule, elle glisse autour de moi son bras droit et dans le creux de mon cou je sens la présence tendre de sa tête nue. Me tenant à la rampe, la portant, je l'emmène avec moi. Et une fois encore, vers la vie, nous descendons les marches raides de l'escalier de bois rouge« . Il nous raconte le quotidien dans les hôpitaux, les examens médicaux, les rendez-vous, les interventions chirurgicales, ses rares moments de bonheur d'une intensité folle entre deux chimiothérapies, l'inéluctable fin, cet impossible deuil. Ne nous y trompons pas, nous sommes ici face à l'un des plus beaux textes que j'ai lu dans ma courte existence, un de ceux qui marquent indubitablement le lecteur d'une trace indélébile. « A deux ans tout enfant le sait. Deux ans est le début de la fin ». Forest ne cessera tout au long du livre de faire référence au Peter Pan de James Matthew Barrie, l'un des contes préférés de la petite Pauline. Cela rejoins ma note précédente et montre combien ses contes ont une portée bien plus violente et symbolique que l'on a bien voulu le laisser croire (Disney n'est pas pour rien dans cette perception erronée). L'auteur écrit d'ailleurs (p.14)Notre histoire est un conte semblable de terreur et de tendresse qui se dit à l'envers et comme par la fin : ils étaient mariés, ils vivaient heureux, ils avaient une enfant…« Ils nous adressent une sorte de message (p.48) « (…) qui ne voient rien du monde de douleur véritable où ils passent tandis que d'autres restent« . Si vous devez lire un livre sur ce douloureux sujet, je ne peut que vous le conseiller, un sujet que je n'arrive d'ailleurs pas à m'expliquer, moi « l'homme de foi » je reste perdu face à cela, je n'ai pas les mots, c'est comme si un cri voulait s'échapper mais qu'il ne sortait pas… J'ai choisis pour terminer ma courte chronique sur ce livre si beau, je suis presque gêné d'utiliser ce terme de « beau » pour parler de ce livre tant le sujet, la matière du livre est-elle terrible, affreuse, sans mot pour la nommer, j'ai choisis vous dis ai-je quelques passages du roman qui m'ont particulièrement plus : « Un roman est une entaille faite dans les bois du temps ». (p.131) ; « Les mots comme les êtres sont en partance pour le néant qui les guette. (…) Tous les livres s'écrivent au futur antérieur et disent j'aurais été. » (p.132) ; « Un corps grandit dans la matrice impensable d'un ventre . Un jour il fait surface dans la durée commune puis il vit sa vie de corps, jour après jour. Un autre jour vient, on lui ferme es yeux, on le descend dans la terre dont on nous dit que silencieusement elle accomplit son travail à l'envers, défaisant les chairs, libérant les os, soufflant enfin toute cette poussière d'être ». (p.139) ; « La mort est ce par quoi nous découvrons le temps ». « C'est par la naissance que la mort est entrée déjà dans notre vie » (p.140) ; Et voici le passage le plus émouvant selon moi du livre, toujours en référence au Peter Pan « L'enfant a laissé son ombre dans ma chambre. Je l'ai rangée dans le tiroir où dort le manuscrit que je sors à la nuit tombé. (…) Elle se penche par dessus mon épaule tandis que je trace ces lignes. Elle lit ». (p.152).
Lien : https://thedude524.com/2008/..
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