Coulez le bismarck

- le Bismarck bouge, cela aurait pu peux être arriver à un plus mauvais moment,
mais j'en doute.l, ennemi ne nous demande jamais notre avis.
- nous ne devons pas le perdre de vue,
le prince of wales n'a pas fini son entraînement,même tabac pour le victorious
si il gagne le grand large,sa nous fait mille milles de mer à surveiller et bien peu de bâtiments pour le faire.
- et pas un qui puisse rivaliser avec le Bismarck, amiral.
- pas la peine de me le rappeler, enfin prévenez toujours l,aviation. je veux des reconnaissance de la côte norvégienne.
ce télégramme date déjà de huit heures.
ce fichu Bismarck peut être maintenant n,
importe où.

Tout autour du monde, la question se posait:
-où est le Bismarck?
Des milliers de journaux, dans toutes les langues, étalaient la question en première page.

Là, dans cette tourelle, une poignée de héros s’entêtait à charger les pièces, à les pointer et à tirer. Et le pilote vit autre chose. Des silhouettes minuscules, qui se traînaient au milieu des flammes et des explosions, et qui sautaient de la carcasse en feu, dans la mer en furie.

On a toujours tendance, quand on fait la guerre, à attribuer à l’ennemi une force invincible et une puissance miraculeuse. Jusqu’à ce que l’on se trouve face à face.

La propagande, c’est bel et bon, mais le docteur Goebbels lui-même conviendra que les guerres se gagnent par des actions plus qu’avec des paroles.

Dans des centaines de langues, les manchettes des journaux proclamèrent « Le Bismarck : COULE », à des centaines de millions de lecteurs. Des femmes frivoles entendirent ces mots sans y prendre garde. Des paysans illettrés les perçurent sans les comprendre et cependant, leur destin à tous venait de changer en un instant. Les financiers et les spéculateurs modifièrent leurs plans. Des premiers ministres et des chefs d’Etat prirent bonne note de ces quelques mots. Des amiraux de toutes les marines du monde se mirent à préparer des notes pour leurs gouvernements respectifs, afin d’attirer leur attention sur les conclusions techniques et politiques à tirer de l’événement.

Le monde penserait que nous avons remporté une victoire et que nous n’avons pas attendu d’en cueillir les fruits. Quand on fait la guerre, commandant, on prend des risques.

Et, en une seconde, sans le savoir, sans y rien comprendre, Nobby et ses camarades étaient passés de vie à trépas.

Nombreux étaient ceux qui n’avaient pas encore reçu le baptême du feu, qui n’avaient jamais entendu leurs canons tirer sur l’ennemi, qui n’avaient jamais attendu — comme ils attendaient à présent — que les obus mortels d’un ennemi vinssent en hurlant au-dessus des vagues s’écraser contre le blindage qui les protégeait. Ces quelques secondes de répit leur parurent interminables. La pensée peut faire des bonds prodigieux en quelques secondes, retrouver de lointains souvenirs d’une vie paisible et sauter à des avenirs incertains et horribles.

Mon cher Lindemann, mettez-vous à la place des Anglais. Ils exercent la maîtrise des mers. Ils sont chez eux sur l’océan, et nous sommes des intrus. Il ne faut pas avoir peur des mots. Nous sommes des intrus, bien que nous soyons destinés à changer cela.