Les adolescents qui fument en "crapotant" sont moqués par les autres fumeurs, comme si l'inhalation était une preuve de courage viril, le signe extérieur d'une vie sexuelle satisfaisante. Par la volonté des industriels, la première inhalation est devenue une sorte de dépucelage.
Les fabricants de cigarettes ont réussi cet extraordinaire tour de force : faire accepter la mort qu'ils prodiguent comme une fatalité.
On aurait d'ailleurs pu s'en douter : des tests qui concluent que les insecticides ne tuent pas les insectes avaient de grandes chances d'être simplement aveugles.
Le biais n'est pas réductible à la quantité considérable de recherches menées sur financement (donc sur volonté) de l'industrie : avec l'abondance des crédits destinés à un secteur précis, ce sont des écoles de pensée scientifique qui se forment et, avec elles, des manières d'envisager la réalité.
Ainsi, l'investissement ciblé dans la recherche génère pour un industriel dont les produits sont susceptibles d'être à risque un bénéfice de manière quasiment automatique. Mais la situation américaine, marquée par des relations très judiciarisées entre les personnes privées et les entreprises, offre un avantage de poids à se lier à des chercheurs.
Cette technique - diluer un problème par la documentation d'autres problèmes - est une constante de l'industrie inventée par le tabac.