Citations sur Histoire de la sexualité, tome 1 : La volonté de savoir (73)
Ne pas croire qu’en disant oui au sexe, on dit non au pouvoir ; on suit au contraire le fil du dispositif général de sexualité.
C’est cette désirabilité du sexe qui fixe chacun de nous à l’injonction de le connaître, d’en mettre au jour la loi et le pouvoir ; c’est cette désirabilité qui nous fait croire que nous affirmons contre tout pouvoir les droits de notre sexe, alors qu’elle nous attache en fait au dispositif de sexualité qui a fait monter du fond de nous-même comme un mirage où nous croyons nous reconnaître, le noir éclat du sexe.
Le sexe […] auquel nous demandons de révéler ce que nous sommes et de nous libérer ce qui nous définit, le sexe n’est sans doute qu’un point idéal rendu nécessaire par le dispositif de sexualité et par son fonctionnement.
Le sexe est-il, dans la réalité, le point d’ancrage qui supporte les manifestations de la sexualité, ou bien une idée complexe, historiquement formée à l’intérieur du dispositif de la sexualité ?
Santé, race, avenir de l’espèce, vitalité du corps social, le pouvoir parler de la sexualité et à la sexualité ; celle-ci n’est pas marque ou symbole, elle est objet et cible.
Sur ce fond, peut se comprendre l’importance prise par le sexe comme enjeu politique. C’est qu’il est à la charnière des deux axes le long desquels s’est développe toute la technologie politique de la vie.
Une société normalisatrice est l’effet historique d’une technologie de pouvoir centrée sur la vie.
Il faudrait parler de bio-politique pour désigner ce qui fait entrer la vie et ses mécanismes dans le domaine des calculs explicites et fait du pouvoir-savoir un agent de transformation de la vie humaine […].
Pour la première fois sans doute dans l’histoire, le biologique se réfléchit dans le politique ; le fait de vivre n’est plus ce soubassement inaccessible qui n’émerge que de temps en temps, dans le hasard de la mort et sa fatalité ; il passe pour une part dans le champ de contrôle du savoir et d’intervention du pouvoir.
[Définition du bio-pouvoir]
[...] un élément indispensable au développement du capitalisme; celui-ci n’a pu être assuré qu’au prix de l’insertion contrôlée des corps dans l’appareil de production et moyennant un ajustement des phénomènes de population aux processus économiques.