Foucault, un grand vivant
On peut être philosophe et peintre, en même temps...
Quand c'est le regard qui intéresse le plus, son influence et la manière dont il faut s'en faire le découvreur plutôt que l'otage
N'est-ce pas un peu toujours le mouvement de Foucault ?.. qui s'arrête s'il se sent trop sûr du chemin, se méfiant des "anges"... Reprenant la réflexion, se rassurant aussi sur la direction à prendre (même si pour cela, il faut en changer complètement)
De cette manière de faire de la philosophie, en marchant ; on profite, en lisant
Passée la problématisation, l'exposé est clair et "intéressant" au sens littéral ; c'est-à-dire, (comme on le dit souvent mais là, il faut vraiment le dire) que ça nous concerne, directement, aujourd'hui encore...
Cette inactualité de la pensée grecque nous travaille, profondément
Inactuelle car les questions posées ne sont plus du tout les mêmes, ni les représentations mais ces dernières ne se sont pas évanouies dans la nature, ni ne se sont radicalement transformées...
Là encore, c'est une histoire de regard
Car je crois qu'il y a davantage qu'une survivance de cet idéal de maîtrise, de mâle volonté sur soi-même et ceux qu'on est appelé à commander naturellement ; bien plus que cela, obscurément, dans le jeu(/je) complexe des identifications sexuelles
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"Or il semble, du moins en première approche, que les réflexions morales dans l'Antiquité grecque ou gréco-romaine aient été beaucoup plus orientées vers les pratiques de soi et la question de l'askesis, que vers les codifications de conduites et la définition stricte du permis et du défendu. Si on fait exception de la République et des Lois, on trouverait bien peut de références au principe d'un code qui définirait par le menu la conduite à tenir, à la nécessité d'une instance chargée d'en surveiller l'application, à la possibilité de châtiments qui sanctionneraient les infractions commises. Même si la nécessité de respecter la loi et les coutumes-les nomoi-est très souvent soulignée, l'important est moins dans le contenu de la loi et ses conditions d'application que dans l'attitude qui fait qu'on les respecte. L'accent est mis sur le rapport à soi qui permet de ne pas se laisser emporter par les appétits et les plaisirs, de garder vis-à-vis d'eux maîtrise et supériorité, de maintenir ses sens dans un état de tranquillité, de demeurer libre de tout esclavage intérieur à l'égard des passions, et d'atteindre à un mode d'être qui peut être défini par la pleine jouissance de soi-même ou la parfaite souveraineté de soi sur soi."
En tout cas, le mariage, [...], ne devait pas poser de questions quant à l'éthique des plaisirs sexuels : dans le cas de l'un des partenaires - la femme - les restrictions sont définies par le statut, la loi et les coutumes, et elles sont garanties par des châtiments ou des sanctions ; dans le cas de l'autre - le mari - le statut conjugal ne lui impose pas de règles précises, sauf à lui désigner celle dont il doit attendre ses héritiers légitimes.
Il est vrai que tout homme, quel qu'il soit, marié ou non, doit respecter une femme mariée (ou une jeune fille sous puissance paternelle) ; mais c'est parce qu'elle relève de la puissance d'un autre ; ce n'est pas son propre statut qui le retient, mais celui de la jeune fille ou de la femme à laquelle il s'attaque ; sa faute est essentiellement contre l'homme qui a pouvoir sur la femme ; c'est pourquoi il sera moins gravement puni, en étant athénien, s'il viole, emporté un moment par la voracité de son désir, que s'il séduit par une volonté délibérée et rusée ; comme le dit Lysias dans le "Contre Eratosthène", les séducteurs "corrompent les âmes, au point que les femmes des autres leur appartiennent plus intimement qu'aux maris ; ils deviennent les maîtres de la maison et on ne sait plus à qui sont les enfants". Le violeur ne s'en prend qu'au corps de la femme ; le séducteur, à la puissance du mari.
C'est une morale d'homme : une morale pensée, écrite, enseignée par des hommes et adressée à des hommes, évidemment libres. Morale virile, par conséquent, où les femmes n'apparaissent qu'à titre d'objets ou tout au plus de partenaires qu'il convient de former, d'éduquer et de surveiller, quand on les a sous son pouvoir, et dont il faut s'abstenir en revanche quand elles sont sous le pouvoir d'un autre (père, mari, tuteur). C'est sans doute là un des points les plus remarquables de cette réflexion morale : elle n'essaie pas de définir un champ de conduites et un domaine de règles valables - selon les modulations nécessaires - aux deux sexes ; elles est une élaboration de la conduite masculine faite du point de vue des hommes et pour donner forme à leur conduite.
Un corps en mauvaise santé à pour conséquence l'oubli, le découragement, la mauvaise humeur, la folie, au point même que les connaissances acquises finissent par être chassées de l'âme.
Michel Foucault affirmait que « dans son versant critique, la philosophie est ce qui remet en question tous les phénomènes de domination ».
Cette analyse des rapports de pouvoir demeure au coeur de tout un pan de la tradition philosophique et s'incarne dans un questionnement qui passe par le rapport au terrain. Comprendre les effets de domination – et tenter de les contrer – c'est aller là où ils s'exercent, c'est-à-dire là où ceux et celles qui les subissent peuvent en devenir, par leur expérience même, des expert·e·s.
En franchissant le seuil d'une prison ou d'un camp de réfugié·e·s, en enquêtant sur les expérimentations autogestionnaires et écologiques au travail, chacun·e des philosophes invité·e·s façonne un discours critique qui engage un autre rapport au réel et à la philosophie. La réflexion critique se forge ainsi par les entretiens comme par le travail sur les sources et les archives, rendant présente autrement la puissance d'un terrain passé.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, les articles en lien avec la rencontre : "Philosophie de terrain et sciences sociales : rapprochement, hybridation ou dissolution de la philosophie ?" et "L"entretien en philosophie de terrain"
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