AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de GrandGousierGuerin


Voici un livre au titre qui avait de quoi m'attirer. Déjà cette photo sépia d'un groupe d'homme où se trouve Savorgnan de Brazza aurait tout aussi bien pu me tenter. Maintenant si on feuillette un peu l'ouvrage, on remarque immédiatement que ce livre se compose de brefs chapitres de 4 à 5 pages sur des explorateurs ou découvreurs, en un mot des aventuriers du monde, rédigés par différentes plumes, telles que Jean Lacouture, Jean-Christophe Rufin, Isabelle Autissier pour les plus connus…
Pour être plus précis, cette collection a été dirigée par Jean Fournié, conservateur en chef du patrimoine et chef du département des publics à la direction des Archives de France. Elle propose une brève biographie ou un instantané remarquable de certains aventuriers qui s'inscrivent dans quatre époques distinctes :
- La grande aventure 1866-1885
- le choc des empires 1885-1898
- le temps des rêves 1899-1909
- La fin du monde 1909-1914
Ces aventuriers sont tous français ou s'inscrivent dans l'épopée coloniale française. Certains m'étaient connus comme Savorgnan de Brazza, Charcot, Segalen ou encore Marchand mais pour la plupart je les ai découvert comme Moll, Chantre, Binger ou Bouillane de Lacoste. Et ces explorateurs ne se sont pas limités à l'Afrique mais ont également traîné leurs guêtres en Mongolie, Amazonie ou en Terre de Feu. Voilà de quoi assouvir ma faim de dépaysement et de d'horizons nouveaux…
Mais au final, je fus déçu. En effet, pour s'embarquer au long cours, cinq pages ne sont pas suffisants et on doit faire un choix drastique des thèmes abordés. Et bien souvent la géographie prend le pas sur l'humain, voir même sur le contexte. On se retrouve donc bien souvent sur un simple compte-rendu de voyage expliquant les moyens employés pour traverser le fleuve, combattre les autochtones hostiles, trouver le ravitaillement et finir par la comptabilité des morts. Cette narration enlève finalement tout sel au récit car si on s'intéresse que peu aux motivations profondes de l'aventurier (goût de l'aventure, apport de la civilisation aux sauvages), on ne traite jamais le ressenti de l'autochtone. Relater un récit ainsi permet de retrouver sûrement l'esprit de l'époque mais j'aurai aimé une réécriture, voir une possible critique à l'aune de l'histoire. On finit souvent dans l'apologie cocardière qui peut justifier les massacres ou autres répressions inhérentes à toute conquête.
Au final, je sauverai au moins le récit relatif à Victor Segalen écrit par Kenneth White. En effet, l'auteur des Immémoriaux parcourt la Chine dans une quête artistique personnelle d'une certaine Chine. On le découvre ainsi à la recherche de stèles anciennes et oubliées qu'il reproduit par tamponnage et tente de déchiffrer.
« Dans l'esprit de Segalen, son voyage devait être la mise à l'épreuve, sur le terrain, de ses idées concernant le rapport entre le réel, la perception des phénomènes immédiats, et l'imaginaire, les constructions de l'esprit. Sans la charge du réel, l'imaginaire s'étiole, devient fantaisie creuse ; sans la puissance imaginative, le réel s'épaissit, s'affadit. »
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}