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Citations sur Plus rien à perdre (28)

Pas de doutes, Carter vit seul. Je ne connais aucune femme qui supporterait un bordel pareil. Je peux me tromper, mais certains signes me confortent dans ma déduction. Les chaussettes puantes qui traînent au pied du lit par exemple ou encore les revues pornos sur la table de chevet dans la chambre principale. Deux autres sont totalement vides, une quatrième a été convertie en bureau, du moins je pense que c’était ce qui était prévu au départ. Là, comment dire… c’est plus un merdier sans nom, avec un ordinateur au milieu.
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Le bip strident de mon réveil retentit à cinquante centimètres de mon oreille.
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Quelques flashs de la veille affluent, mais il me manque une partie de l’histoire. Un bar, une balade en voiture, du sang et puis c’est le trou noir. Ma seule certitude est que, cette nuit, j’ai débarrassé le monde d’une ordure. J’éprouve un sentiment de devoir accompli. Je risque de finir mes jours en prison pour ce coup de folie, peut-être même dans le couloir de la mort, mais très franchement, je n’en ai plus rien à foutre. Laisser exploser cette rage qui sommeillait en moi m’a procuré un bien fou. Si c’était à refaire, je recommencerais.
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La ponctualité a toujours été l’une de ses qualités. Je l’accueille et lui propose un café. Il accepte. « Il est un peu trop tôt pour la bière et il ne faudrait pas rallumer la chaudière »,me dit-il. Apparemment, son réveil a été aussi compliqué que le mien. John porte son sempiternel blouson en cuir estampilléHarley-Davidson, un jean et des boots. Pas vraiment le look de l’informaticien classique. Depuis ses vingt ans, je ne l’ai que très rarement vu habillé autrement. Nous nous installons à ma petite table de cuisine et fumons une clope en buvant notre café. Mon studio est de nouveau enfumé, malgré la fenêtre ouverte, le nuage flottant dans la pièce peine à s’évacuer. La conversation ne commence que lorsque nous avons fini.
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Il était un coureur de jupons, je suppose qu’il l’est encore aujourd’hui, mais il y a une femme qui avait réussi à le dompter. Elle se prénommait Jessica et mon pote en était fou. Leur histoire avait duré trois ans. OK, trois ans, ce n’est pas tant que ça. Mais pour John, c’était la première relation sérieuse. Lorsqu’elle était partie un matin, alors qu’il était au boulot, en laissant simplement sur la table, un mot disant « c’est fini », il avait connu la pire désillusion de sa vie. Et j’étais là pour lui. Ou plutôt, « nous » étions là pour lui. Avec Lindsay, nous avions fait tout ce que nous pouvions pour l’aider et lui remonter le moral.
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Nous n’avons jamais été du genre à chercher les ennuis, ils venaient à nous tout seuls. Et John savait toujours comment régler les problèmes, que ce soit avec les poings ou avec son cerveau.
J’ai souvent pensé que dans notre binôme, c’était moi le meneur. Je me rends compte à présent que je me trompais, aucun de nous ne pouvait avancer sans l’autre. Il me prouve, une nouvelle fois, que je peux compter sur lui. Malgré les cinq années écoulées, durant lesquelles je ne lui ai pas donné signe de vie, il aura suffi que je lui passe un coup de fil pour qu’il vienne à ma rescousse.
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Les gens ne se rendent pas compte de toutes les informations qu’ils divulguent sur ce genre de réseaux. Je peux quasiment reconstituer l’emploi du temps de Miguel pour la journée d’hier. Je vois surtout que cette nuit, il est allé dans un club de strip-tease avec ses potes et qu’ils devaient tous être déchirés. Je commence à douter des infos de Brian, Miguel est un gamin. Il a vingt-deux ans et poste régulièrement des photos de lui et sa clique en train de faire les cons. Si ce gars-là faisait partie de l’équipe qui a tué ma famille, il avait tout juste dix-sept ans. Je crois savoir désormais pourquoi les ADN collectés chez moi ne donnaient pas de correspondance dans les fichiers des flics.
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Les rares disputes entre nous n’étaient jamais bien graves et se terminaient toujours par une réconciliation rapide. Bien souvent, parce que je cédais et ralliais son point de vue. Je détestais ces petits conflits stupides, aussi, faire des concessions était le moyen le plus simple pour que ça se termine vite. Je faisais au mieux pour pallier ses besoins et ses envies. Nous serions partis vivre à l’autre bout du monde si elle me l’avait demandé. J’aurais fait six heures de trek, moi qui déteste la marche, si elle l’avait voulu… Je l’avais dans la peau, c’est aussi simple que ça.
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Des moments comme celui-ci, il y en a eu plusieurs, mais pas assez à mon goût. Elles sont parties trop tôt. Ou plutôt, on me les a enlevées trop tôt. Une simple chanson qui passe à la radio, un souvenir agréable, puis le retour à la réalité. Et me voilà de nouveau en rage contre les salopards qui les ont tuées.
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J’aimais tellement entendre Lindsay chanter. Elle avait une très jolie voix et c’était un plaisir de la voir s’éclater à reprendre ses chansons préférées. J’aimais la taquiner et Emily me prêtait parfois main-forte, comme le jour où notre petit jeu avait donné lieu à un grand délire qui reste ancré dans ma mémoire.
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