Mediator, un crime chimiquement pur

On a tous entendu parler du scandale du Mediator dans le domaine de la santé, mais qui sait exactement de quoi il s'agit ?
Irène Frachon, médecin à l'hôpital de Brest, a été la principale lanceuse d'alerte et elle a choisi de raconter son combat en s'associant à un journaliste, un dessinateur et un coloriste, un moyen de toucher le grand public de manière pédagogique.
Si je vous dis que je l'ai lu d'une traite comme un polar... sauf que quand même je connaissais la fin...;-)

En 2007 Irène Frachon est intriguée par la mort d'une de ses patientes par hypertension artérielle pulmonaire, un cas rare.
Elle apprend que d'autres patients meurent avec les mêmes symptômes, et avec le même point commun, avoir pris du Médiator.
Mais en s'informant elle se rend compte qu'un médicament similaire, toujours du laboratoire Servier, avait déjà été interdit à cause de symptômes ressemblants.
Va suivre une folle enquête qu'Irène Frachon va prendre à coeur afin de comprendre et d'empêcher d'autres morts.
Mais elle s'attaque à très gros, le lobby pharmaceutique d'abord, et surtout le laboratoire Servier qui a fait fortune notamment grâce au Médiator, ce médicament contre le diabète prescrit à des millions de femmes dans le monde comme coupe-faim et et qui emploiera tous les moyens pour que personne ne se mette en travers de sa route !

Le sujet est passionnant et il est particulièrement bien raconté et dessiné!
L'album a beaucoup de rythme, l'enquête est entrecoupée par les témoignages des victimes, par la présentation de Servier et de son laboratoire, et par un petit personnage, Hippocrate, qui rappelle les données médicales et éthiques...
Les dessins sont très expressifs et les couleurs pastel restituent bien les différentes atmosphères de l'histoire.
Saluons l'incroyable courage d'Irène Frachon qui, si elle a été soutenue par sa famille et sa hiérarchie, a été abandonnée et même menacée par la plupart de ses autres interlocuteurs.
Voilà une très belle bande dessinée à découvrir et à offrir !

Hôpital de la cavale blanche, Brest, février 2007. Ce jour-là, le docteur Irène Frachon, pneumologue, visite l'une de ses patientes « HT AP », c'est à dire souffrant d'hypertension artérielle pulmonaire (une maladie rare), qui, parmi d'autres médicaments, prend du Mediator. Aussitôt, cela lui rappelle l'affaire de l'Isoméride, ce fameux coupe-faim, qui a abouti, des années auparavant, à son interdiction de par sa dangerosité. Deux médicaments fabriqués par le même laboratoire Servier et issus de la même recherche et de la même famille. Pour autant, Servier décide de le vendre pour traiter le diabète et prétend qu'il n'a aucun effet coupe-faim, permettant ainsi son remboursement par la Sécurité Sociale. Les médecins prescrivent à tout-va. Aussi, Irène est-elle effarée de voir que 10 millions de personnes en prennent. Lorsque plusieurs cas de valvulopathie (dysfonctionnement des valves du coeur) sont détectés, la pneumologue s'en étonne d'autant que la plupart des personnes prenaient du Mediator. Dès lors, elle va se lancer, corps et âme, dans un combat qu'elle sait inégal...

Tout le monde connaît l'affaire du Mediator et la firme pharmaceutique Servier, du nom de son président, Jacques Servier. de même qu'Irène Frachon, l'une des premières lanceuses d'alertes concernant cette entreprise, même si, on le découvre dans cet album, des alertes et des mises en garde avaient déjà été formulées des années auparavant, sans que personne ne s'en inquiète. Cette pneumologue, à force de pugnacité et de courage aussi, va effectuer un long travail de recherche afin de prouver que le Mediator est bien responsable des cas de valvulopathie. Si certaines patientes en garderont des séquelles, d'autres en mourront. Cet album, dense, richement documenté et particulièrement instructif, est le fruit de la collaboration d'Irène Frachon et d'Éric Giacometti qui, lui, avait déjà enquêté sur l'Isoméride quand il était journaliste au Parisien, avec l'aide cruciale de scientifiques, collègues, hommes politiques et journaliste. Autant dire qu'ils maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts. Outre cette enquête passionnante mais terrifiante, les auteurs ne manquent pas de donner la parole aux victimes et de révéler les dessous et les manipulations machiavéliques de la firme Servier. Des pratiques que la firme conteste encore aujourd'hui.
Un album aussi prenant qu'effroyable sur un scandale sanitaire qui dure... depuis plus de 60 ans !
En France, l'on estime, aujourd'hui, le nombre de décès entre 1300 et 1800, voire 2200.

Voici une bd à lire impérativement, c'est une question de santé publique ! On comprend enfin tous les enjeux de l'affaire Mediator, retracée par Irène Frachon et un journaliste d'investigation au scénario. Je n'avais pas tout mesuré, loin de là, comme dans de nombreuses affaires très médiatisées où l'on est vite noyé(e)s sous le flot d'informations. Ce livre aborde tous les aspects : la création de ce médicament et les scandales liés à Servier qui l'ont précédée, les premiers cas qui ont alerté des médecins, le combat d'Irène Frachon, les mécanismes économiques et politiques dans le monde pharmaceutique et de la santé publique, le rôle de la presse et le procès. Bref, c'est extrêmement documenté, complet et bien sûr un peu dense. Heureusement, Hippocrate himself intervient régulièrement pour faire un petit point explicatif ou un bref résumé qui permet de s'assurer que l'on suit toujours. Grâce à cette astuce, on sort plus informé(e), plus averti(e) et pas abruti(e) à cause de cette masse de données. Seul regret sur cette BD : les graphismes qui ne sont pas du tout à mon goût, avec un côté rétro qui manque de dynamisme. Cette lecture m'a emplie d'admiration pour les médecins qui ont alerté, Irène Frachon en tête, les journalistes qui ont suivi, et bien sûr les victimes et leurs familles. En fin de BD, Hippocrate livre 3 conclusions très pertinentes de cette affaire : le corps des femmes est un enjeu commercial (et donc une source de danger pour leur santé), les conflits d'intérêt entre médecins et labos nuisent aux patients (et nourrissent la défiance et les croyances complotistes), et il faut en finir avec l'impunité des crimes en col blanc ("un labo qui vend des amphétamines maquillées en médicaments à des millions de personnes prend moins cher [au pénal] qu'un dealer de cannabis.") .

Cette BD-document retrace le cheminement d'Irène Frachon, ses découvertes, ses alertes, ses déceptions et ses combats contre le Médiator ce médicament, dérivé des amphétamines, initialement prescrit aux diabétiques et qui est devenu un coupe-faim miracle, aux effets secondaires désastreux.

J'ai aimé l'histoire de l'isoméride, un autre médicament au destin similaire au médiator, j'ai adoré retrouver au fil des pages le personnage du savant, un Hippocrate venant apporter une vulgarisation bienvenue à des termes parfois très techniques.

Les démarches de la pneumologue sont par ailleurs entrecoupées d'exemples, de drames personnels, qui illustrent avec clarté les conséquences néfastes de cette prise médicamenteuse qui, n'hésitons pas à le dire, a tué et tue encore.

Cette BD est très dense en informations. On croise beaucoup de personnes, de noms, de dates et de détails. J'ai eu besoin de lire cette histoire par étapes. J'avoue avoir parfois ressenti des longueurs et espéré que certains passages soient plus synthétiques et d'autres plus neutres.

On perçoit de manière marquée la colère, l'agacement et la volonté coûte que coûte de combattre, tel le diable en personne, le Docteur Servier (décédé en avril 2014), tout comme le drame qui entoure, voire endeuille, les victimes de ce médicament.

Un travail de vulgarisation utile, une BD intéressante qui permet de contextualiser le procès en appel de cette affaire qui débute le 9 janvier 2023 (Servier a été reconnu coupable en première instance de « tromperie aggravée » et « d'homicide involontaire »).

Se battre contre l'industrie pharmaceutique, les laboratoires Servier, les lourdeurs administratives et politiques, pendant des années, sans baisser les bras, pour parvenir à faire éclater le scandale du Médiator, je dis Bravo.

Ce livre est l'histoire du combat d'Irène Frachon contre le mediator.

Mon avis :
Ce livre est très bien illustré. Les dessins ne sont pas sombres et évitent de rendre le sujet plus dur qu'il ne l'est.
Les détails scientifiques sont amenés de façon simple et ludique.
C'est un recit révoltant qui met en lumière toute la machination de Servier.

J'avais du mal avec la "lanceuse d'alerte" Frachon.
Je savais que le médiator était problématique depuis 2003 et ceux de mes collègues (pharmacien, médecin) à qui j'en avait parlé le savaient.
Pourquoi un tel battage médiatique pour un médicament officiellement qualifié d'amphétamine par l'OMS depuis 1990. Les effets indésirables étaient donc convenus.
Le fait est que même romancée la réalité, très crédible, à laquelle a été confronté le de Frachon donne à réfléchir sur les lanceurs d'alertes. le pouvoir de l'argent en santé est prégnant. Je ne pensais pas que ça prenait de si nombreuses formes.
La persévérance de cette femme est exemplaire.

Médiator, un crime chimiquement pur est une BD qui retrace la lutte d'Irène Frachon, pneumologue, qui a été la première à avoir alerté sur les dangers du Médiator.

Nous voyons comment elle a fait le lien avec Isoméride, puis sa démarche pour lancer l'alerte. Son investigation nous plonge dans une lutte contre un colosse pharmaceutique qui a le bras long. C'est une enquête journalistique est ponctuée de récits de victimes. Ce sont des éclairages qui rappellent les conséquences concrètes de ces médicaments.

Le tout présenté de manière synthétique.

Le personnage d'Hippocrate vient faire des contributions dans le récit pour donner aux lecteurs des clefs de compréhension.

Médiator, un crime chimiquement pur, est une BD d'enquête-journalistique pour éveiller les consciences sur la médecine qui blesse. Je découvre ce scandale à travers cette lecture. J'étais trop jeune au moment des faits.

Je reste incrédule du pouvoir de cette entreprise et de l'ampleur de son réseau d'influence. Elle a pu commercialiser, je pense qu'on peut le dire, un poison. Une dissimulation qui aura duré 40 ans.

L'histoire des scandales pharmaceutiques semble se répéter et les condamnations sont jugées dérisoires par les victimes. Je parle de ce sujet pour rappeler que les médicaments ne sont pas neutres et je vous invite à vous plonger dans cette affaire retranscrite aux éditions Delcourt.
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En 2007, au CHU de Brest, de nombreux cas d'atteintes cardiaques inexpliquées attirent l'attention de la pneumologue Irène Frachon. Ses recherches mettent en cause le Mediator, coupe-faim des laboratoires Servier, dont le principe actif avait conduit au retrait de l'Isoméride en 1997. Celui du Mediator sera effectif en 2009. Depuis, elle poursuit son combat pour l'indemnisation des milliers de victimes. Prêté par B de P 007. Bien sûr on a mille fois entendu parler de ce scandale sanitaire mais le lire en BD, tout ramassé, classé, ordonné, sourcé concç écrit à 4 mais par LA lanceuse d'alerte (quelle femme extraordinaire) et LE journaliste pionnier de l'enquête, ça vaut vraiment le coup en tout cas pour moi qui ne suis l'actu chaude que de loin. Je regrette le choix de l'illustrateur, limite kitsch, brut de décoffrage, dont tous les persos (surtout féminins) se ressemblent... Mais pardonné par tout ce que j'ai appris et compris.