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Critique de christinebeausson


Pourquoi un livre se retrouve t il en dessous de notre pile à lire ?
Depuis plus de dix ans, il traînait à porter de mains, toujours enfoui sous un autre, puis un autre ...
le jour est arrivé ... où j'ai enfin retourner la pile !
Bienvenue à Lyon pour la découverte d'une journée ordinaire (?) d'une équipe d'enquêteurs plutôt sympathiques avec des caractères bien trempés.
Des faits divers se ramassent à la pelle, plus ou moins graves, plus ou moins glauques, plus ou moins saignants, nous n'aurons pas la solution et les explications de chacun, ils ne sont là que pour nous distraire peut être ?
Seul l'histoire de famille importe et l'implication de l'opus dei (1) dans ce mic mac , cet imbroglio financier, mafieux et toujours malfaisant, laissant apparaître des personnalités connues (2), et révélant des scandales dont on retrouve des traces dans l'actualité (3).
Toutefois il faut reconnaître que ce livre met en cause un certain nombre de pratiques de l'opus dei ce qui vaudra à l'éditeur et à l'auteur un procès (4).
J'avoue pour ma part, même si j'ai apprécié cette ballade dans Lyon, je me suis petit à petit lassée des péripéties de la bande plutôt sympathique du commissariat, et je n'ai fini ce livre que par curiosité mais vraiment trop c'est trop !

(1)
L'Opus Dei (« Oeuvre de Dieu » en latin), également appelé Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei, est une institution de l'église catholique romaine fondée en 1928. Elle a d'abord été une pieuse union, puis un institut séculier et elle est une prélature personnelle (circonscription ecclésiastique de l'organisation pastorale de l'Eglise catholique) depuis 1982. En 2010, elle compte 89 560 membres dont 87 564 membres laïcs et 1 996 prêtres. Elle promeut notamment la sainteté au milieu du monde, aussi bien pour les laïcs que pour les prêtres séculiers. le principal message de l'organisation est que chacun peut transformer son travail, ses loisirs et sa vie de famille en des moments de rencontre avec Dieu.
Cette organisation a fait l'objet de différentes controverses, notamment en ce qui concerne son aspect secret et son influence politique, ainsi que l'étendue réelle de ses moyens financiers.

(2)
Liste, non exhaustive de quelques membres ou sympathisants importants de l'Opus Dei dont l'affiliation et/ou le soutien à l'Oeuvre sont publics et relatés dans divers documents :
Ruth Kelly, Secrétaire aux Transports du gouvernement britannique. Membre du parti travailliste,
Guillermo Lasso, Président de l'Équateur depuis 2021,
Adolf Suárez, Chef du Gouvernement espagnol de 1978 à 1982,
Claude Bébéar, Président du conseil de surveillance d'Axa,
Juan Antonio Samaranch-Torello, ancien ministre de Franco, ancien président du Comité international olympique, ...
Des sympathisants :
Salvador Dali, artiste espagnol,
Jean-Claude Gaudin, homme politique français,
Charles Beigbeder, homme d'affaires français.

(3)
Plusieurs scandales politico-financiers ont éclaboussé l'Oeuvre, soit par l'appartenance des personnes impliquées à l'organisation, soit par les rivalités de pouvoir des différents courants au sein de l'Église :
* 1969, le scandale Matesa en Espagne ;
* 1975, la création de la société nationale d'agriculture par l'Opus Dei au Chili pour contrer le gouvernement chilien du président Frei ;
* 1983, en Espagne, le scandale Rumasa.
On trouve aussi des liens avec des régimes dictatoriaux :
soutien du régime du général Franco et d'Augusto Pinochet au Chili.

(4)
Le 18 mars 2007, Camino 999 , roman de Catherine Fradier, publié dans la collection de polars « Lunes Blafardes » sort en librairies. C'est une fiction.
Le 31 mai 2007, représentée par son avocat Alexandre Varaut (candidat de la Majorité présidentielle en Vendée, et fils de Me VARAUT, grand défenseur notamment de Monsieur PAPON), l'Opus Dei intente un procès à  l'éditeur du livre, Jean-Jacques Reboux, en qualité d'auteur principal, et son auteur, Catherine Fradier, en qualité de complice, pour diffamation à  l'encontre de l'Opus Dei, et réclame 30.000 € de dommages et intérêts, 5.000 € au titre de l'article 700 du Nouveau Code Pénal, ainsi que la publication à  ses frais d'un communiqué, dans un journal choisi par le plaignant, dans la limite de 15.000 €.
Les dirigeants de l'Opus Dei lui reproche de faire référence dans le titre, Camino 999 , à  l'oeuvre de José-Maria Escriva El Camino, composée de 999 maximes spirituelles. On lui reproche de porter atteinte à  l'honneur et à  la considération de la Prélature de l'Opus Dei.
On lui reproche également de mêler étroitement la fiction et la réalité, le vrai et le faux, sans avertir le lecteur sur la distance qu'il conviendrait de prendre quant aux faits énoncés et sans jamais l'inviter à  faire la différence entre fiction et réalité.
Dans son assignation, l'avocat de l'Opus Dei cite un arrêt de la Cour de Cassation du 27 novembre 2001 considérant comme diffamatoire un roman de Mathieu Lindon présentant Jean-Marie le Pen comme le chef d'une bande de tueurs, alors qu'il est clairement énoncé dans Camino 999 (ainsi que le relève d'ailleurs l'assignation) que le personnage principal du roman, instigateur de meurtres, est un personnage de fiction.
Avec ce type d'assignation, c'est la liberté d'expression et de création
littéraire qui est mise en danger. Cette menace pourrait concerner demain, si elle faisait jurisprudence, tous les écrivains.
Dans un second lieu, c'est l'existence même d'une maison d'édition qui est menacée, car si elle pense avoir de bonnes chances de gagner son procès, il lui faut engager des frais d'avocat pour assurer convenablement sa défense.
Face à  une organisation puissante et argentée, une petite maison d'édition victime d'une censure économique lutte pour sa survie.
(« Après la Lune » a d'ailleurs décidé de faire appel à  la solidarité de tous en lançant une souscription nationale de soutien qui circule déjà  sur de nombreux réseaux, libraires, bibliothèques, Internet, etc, sans laquelle les éditions « Après la Lune » seraient vouées à  une disparition certaine.)
Résultats
Les magistrats de la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris ont tranché :
L'assignation a été déclarée nulle par le tribunal. L'Opus Dei a donc été déboutée de sa plainte et condamnée à verser 2000€ de dommages et intérêts aux Editions Après La Lune, au titre de l'article 700 du Nouveau code de procédure civile (il s'agit du remboursement total des frais de justice d'Après la Lune). Comme l'avait demandé Me Pierrat lors de l'audience du 7 novembre, l'affaire ne sera pas jugée sur le fond, puisque, pour commencer, la forme a été déclarée non recevable. Par ailleurs, l'Opus Dei s'est aussi vue condamnée aux dépens (règlement des frais de justice globaux).
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