AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BurjBabil


Anatole France, compagnon de lutte de Jean Jaurès, porte-parole de la gauche anticléricale, critique lucide du régime soviétique, s'apprêtant à écrire "Les dieux ont soif", avait initialement choisi un personnage d'inquisiteur médiéval avant de situer son action dans la période précédant la Terreur.
La nouvelle religion de l'Humanité est incarnée par les prophètes montagnards, et dès le début du livre, qui décrit un couvent de Barnabites occupé par une Section, le parallèle entre foi religieuse et foi révolutionnaire est évident.
Les niches des saints sont occupées par les martyrs de la Révolution, et sur l'autel trône la Déclaration des Droits de l'Homme.
Une main noire flèche le chemin sous-titrée : « Comité de surveillance, Comité de bienfaisance. ». Tout un programme.
Anatole France, écrit ici L Histoire par le biais de la fiction, et les grandes figures que sont Robespierre, Marat, Saint-Just ne figurent qu'en arrière-plan.
Nous suivons en effet Evariste Gamelin, peintre besogneux émule de Louis David, promu au rang de juré du Tribunal révolutionnaire.
Sa conversion à la religion révolutionnaire, qui fait couler le sang et traque les infidèles rebaptisés « suspects » est superbement mise en scène.
En face de ce personnage, M. Brotteaux, marquis des Ilettes et fermier général, reconverti dans la fabrication de pantins (attention à la ressemblance avec des figures iconiques de la révolution) vivant au fond d'un misérable galetas, apporte le contrepoint presque parfait au triste Gamelin.
La force du livre vient du décalage entre cette vision mystique de l'homme nouveau purifié par l'usage de la guillotine de l'un et la leçon de pragmatisme résigné (de sagesse donc ?) de l'autre.
Là où le premier s'exalte, le second réfléchit. L'un condamne, l'autre accueille.
C'est donc un livre qui nous fait réfléchir au prix que font payer les idéologies, civiles ou religieuses, à ceux qui les servent, à ceux qui les combattent.
Classique indispensable.
Commenter  J’apprécie          825



Ont apprécié cette critique (75)voir plus




{* *}