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EAN : 9782702190807
300 pages
Calmann-Lévy (24/04/2024)
3.96/5   480 notes
Résumé :
Les dieux ont soif : quand il choisit pour titre ce mot de Camille Desmoulins, Anatole France ne veut nullement rejeter sur une fatalité tragique les atrocités de la Terreur. Ce texte admirable décrit l'horreur du fanatisme, l'obscurantisme gagnant les Lumières elles-mêmes, la barbarie prenant le masque du progrès. En 1912, ce livre du patriarche de la Gauche française qui dénonçait les excès de la Révolution fut accueilli comme un paradoxe. Aujourd'hui, cette repré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
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Anatole France. Grand écrivain, figure intellectuelle dominante de la IIIe République, socialiste, dreyfusard, féministe et Prix Nobel de Littérature. Actualité : purgatoire.

Les Dieux ont soif, paru en 1912, est d'un classicisme évident. le langage y est soutenu, le vocabulaire et les références historiques fouillées, sans pour autant alourdir le style fluide et les chapitres brefs, à lire en Vendémiaire comme en Thermidor.

***

« Mais ne me dit pas que la Révolution établira l'égalité, parce que les hommes ne seront jamais égaux »

Nous sommes au coeur de la période révolutionnaire de la « Terreur » et nous ne pleurons pas les têtes couronnées, nous ne suivons pas la fuite à Varennes ou la Prison du Temple, nous ne sommes pas non plus dans la tête de Robespierre ou de Marat.
Mieux encore, nous suivons, comme si nous y étions, des parisiennes et des parisiens « moyens », des gens du peuple qui dans leur humble condition regardaient « la lâcheté comme un devoir ». Au coeur de la ville et ses commerces, ses disettes, ses rumeurs, ses voluptés et ses parenthèses bucoliques, ce Paris des « artisans et ménagères, qui eussent de bon coeur brûlé le château de Versailles, mais se fussent crus déshonorés s'ils y avaient dérobé une épingle. »

« Que la guillotine sauve la patrie ! » Evariste Gamelin, jeune peintre jacobin, est à l'image de l'Incorruptible : ni la pitié ni la compassion ne peuvent le corrompre.

« Il est vertueux : il sera terrible. » Ces mots reflètent l'esprit même du Comité de Salut Public ; lorsque le personnage se dit qu'après tout le despote, le tyran a guillotiné à tour de bras, pourquoi la Révolution ne pourrait -elle pas, pour une si noble cause, couper quelques têtes à son tour : appliquer les mêmes remèdes que la monarchie en espérant un résultat différent dans la population, naïveté ou folie ?
« La vieille idée monarchique de la raison d'État inspirait le Tribunal révolutionnaire ». C'est l'impasse des jacobins, et leur tribunal arbitraire : « un juré patriote est au-dessus des passions. » Drapés dans leur vertu sanguinaire, une vertu éducative, par le sang la paix viendra, par la guillotine la fraternité règnera c'est finalement eux qui ont perdu la tête, si j'ose dire.

« Je n'ai rien vu d'aussi impassible dans le marbre glacé des statues. » Barras. Dictateur proto-stalinien, hyper centralisateur et laïcard pour les uns, modéré acculé par les vendéens et les armées monarchistes de l'Europe entière fomentant des complots d'aristocrates, d'agioteurs, de généraux et de curés pour faire tomber la jeune République pour les autres ou encore partisan d'une révolution bourgeoise et conservatrice niant les revendications d'égalité des femmes et de partage de la propriété privée du bas peuple, le débat autour de Robespierre et ses partisans de la Convention est sans fin.
On sait que beaucoup de dictateurs, austères en public, se comportaient, dans leur duplicité, en hédonistes voraces, criminels et sadiques en privé, mais il semble que Robespierre se distingue par une austérité privée comme publique (avoir tant de pouvoir et ne même pas en profiter).

Que n'a-t-on pas fait au nom du « bien » ou du « bonheur » … Disons qu'il y a ceux qui savent que la rhétorique de la vertu, du souverain bien n'est qu'un alibi pour leur pouvoir et ceux qui naïfs, perdus « dans la région des certitudes absolues », sont convaincus…lesquels sont les plus dangereux ? Ou est-ce un mal nécessaire ? « la patrie maudissait ses sauveurs. Qu'elle nous maudisse et qu'elle soit sauvée » déclare Evariste.

« L'unique fin des êtres semble de devenir la pâture d'autres êtres destinés à la même fin. » N'espérez pas d'Anatole France qu'il tranche la question, néanmoins, on peut supposer que sa sympathie va à Brotteaux.
« Je pense que ces gens-ci donnent à un philosophe et à un amateur de spectacles ample matière à réflexion et à divertissement ». le citoyen Brotteaux en effet est un libre penseur, décrit comme libertin, athée et épicurien, pas naïf quant aux structures et rapports de force qui influencent et radicalisent les passions individuelles, il a le regard le plus dépassionné sur les évènements du livre et démasque les métamorphoses du tyran, de la fleur de lys au bonnet phrygien.

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Anatole France, compagnon de lutte de Jean Jaurès, porte-parole de la gauche anticléricale, critique lucide du régime soviétique, s'apprêtant à écrire "Les dieux ont soif", avait initialement choisi un personnage d'inquisiteur médiéval avant de situer son action dans la période précédant la Terreur.
La nouvelle religion de l'Humanité est incarnée par les prophètes montagnards, et dès le début du livre, qui décrit un couvent de Barnabites occupé par une Section, le parallèle entre foi religieuse et foi révolutionnaire est évident.
Les niches des saints sont occupées par les martyrs de la Révolution, et sur l'autel trône la Déclaration des Droits de l'Homme.
Une main noire flèche le chemin sous-titrée : « Comité de surveillance, Comité de bienfaisance. ». Tout un programme.
Anatole France, écrit ici L Histoire par le biais de la fiction, et les grandes figures que sont Robespierre, Marat, Saint-Just ne figurent qu'en arrière-plan.
Nous suivons en effet Evariste Gamelin, peintre besogneux émule de Louis David, promu au rang de juré du Tribunal révolutionnaire.
Sa conversion à la religion révolutionnaire, qui fait couler le sang et traque les infidèles rebaptisés « suspects » est superbement mise en scène.
En face de ce personnage, M. Brotteaux, marquis des Ilettes et fermier général, reconverti dans la fabrication de pantins (attention à la ressemblance avec des figures iconiques de la révolution) vivant au fond d'un misérable galetas, apporte le contrepoint presque parfait au triste Gamelin.
La force du livre vient du décalage entre cette vision mystique de l'homme nouveau purifié par l'usage de la guillotine de l'un et la leçon de pragmatisme résigné (de sagesse donc ?) de l'autre.
Là où le premier s'exalte, le second réfléchit. L'un condamne, l'autre accueille.
C'est donc un livre qui nous fait réfléchir au prix que font payer les idéologies, civiles ou religieuses, à ceux qui les servent, à ceux qui les combattent.
Classique indispensable.
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Paris 1793. Peintre médiocre et désargenté, Evariste Gamelin a pris fait et cause pour la Révolution dont il admire les héros, Marat et Robespierre. Citoyen exemplaire -il fait partie de la section révolutionnaire de son quartier-, c'est aussi un bon fils qui s'occupe de sa mère veuve et l'amoureux transi de la belle Elodie, la fille du marchand d'estampes à qui il vend ses oeuvres. Charmant et généreux, il n'hésite pas à partager le peu qu'il a avec les miséreux mais devient intransigeant dès qu'on ose critiquer la Révolution devant lui. Cette intransigeance va se s'exacerber lorsqu'il est nommé juré au Tribunal révolutionnaire. Attaqué à l'extérieur et à l'intérieur, le régime se défend par la Terreur et les condamnations à mort sont légion. Evariste se plonge corps et âme dans sa mission, ajoutant au sang, le sang de ses ennemis personnels, l'amant de sa soeur qu'il exècre pour s'être un temps exilé, son voisin, le sage Brotteaux et surtout l'aristocrate qu'il soupçonne, à tort, d'avoir séduit et abandonné sa tendre Elodie. Impitoyable, aveugle et sourd aux prières comme aux injonctions de ses proches, Evariste condamne à la guillotine à tour de bras et ne s'arrêtera qu'avec la fin de la Terreur. Il périra alors de la même façon qu'il aura fait périr.

Roman de la Terreur, du fanatisme, de la foi aveugle, Les Dieux ont soif est un caillou dans la mare de la Révolution vue comme source de progrès, d'égalité, de liberté. Ici la politique est érigée en religion. Les fidèles croient sans réfléchir et sont prêts à tuer pour leurs dieux, les incroyants sont considérés comme des traîtres, des infidèles qui méritent la mort. Evariste Gamelin est le prototype du croyant convaincu qui ne s'embarrasse pas des scrupules qui parfois l'effleurent. Pour la cause, il faut faire des sacrifices, purger la société de ceux qui la gangrènent et qu'importe si l'on devient plus sanguinaire encore que ceux que l'on combat. A l'opposé, son voisin Brotteaux apparaît comme un homme sage et ouvert qui n'hésite pas à se mettre en danger pour sauver un homme dont il ne partage pas les convictions. L'intransigeant et le sage mourront, victime tous deux d'une époque violente et d'un idéal qui s'est fourvoyé.
Si Anatole France ne juge pas, il aime à montrer que la démocratie est née dans le sang et qu'on peut faire le pire au nom du meilleur.
Ecrivain oublié, il est pourtant tellement moderne. S'il décrit les mécanismes qui ont conduits les révolutionnaires au pire, chantres de l'égalité, de la liberté et de libération du peuple soumis à la monarchie, on peut transposer son récit à la révolution russe de 1917 qui a conduit au stalinisme et à tout autre régime totalitaire passé ou à venir. Car à vouloir faire le bonheur du peuple contre son gré, on le mène inévitablement vers son malheur…
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Une relecture passionnante de ce roman d'Anatole France, plus de 50 ans après la première lecture.
L'auteur nous fait revivre « de l'intérieur », à travers la vie non pas des personnages historiques, Robespierre, Marat, Saint-Just, etc…mais de celle de gens du peuple, l'épisode horrible de la Révolution française qu'est la Terreur.
L'écriture du récit emploie le vocable et les tournures de ce temps de la Révolution, ce qui met le lecteur au plus près de l'atmosphère de l'époque.

Le personnage central de l'histoire, Evariste Gamelin, est un artiste peintre obscur, qui peine à vendre ses toiles, et qui est amoureux d' Elodie Blaise, la fille d'un marchand de gravures et de tableaux.
Nommé juré du tribunal révolutionnaire, grâce à une intrigante, Louise de Rochemaure, on le voit peu à peu basculer dans le fanatisme et l'inhumanité.
Alors qu'à ses débuts au tribunal, il va s'efforcer de fonder son jugement sur la présence de preuves incontestables, il devient progressivement un accusateur fanatique qui condamne à mort et sans distinction tous les accusés qu'il considère en bloc comme des ennemis de la République.
Cette période terrible va s'achever par la chute de Robespierre que le récit nous fait vivre par les yeux d'Evariste Gamelin et par l'exécution de ce dernier et de tous les acteurs de la Terreur.
Le roman se termine par le retour de Paris à la vie plus insouciante du Directoire, et par l'idylle naissante entre Élodie Blaise et un autre artiste peintre.

L'intérêt majeur du roman, je trouve, c'est qu'il nous livre les ressorts de cette folie « purificatrice » à l'oeuvre durant la Terreur: la guerre contre les ennemis extérieurs, ces armées étrangères contre lesquelles la République française lutte, l'obsession d'un ennemi intérieur que l'on imagine partout et qu'il faut détruire à tout prix, aussi l'obsession de ne garder dans le pays qu'un noyau d'êtres purs, désintéressés.

En cela, je n'ai pu que penser à la monstrueuse folie des autres fanatiques et paranoïaques que nous avons connus depuis: folie de l'élimination des ennemis intérieurs présumés par les nazis, par Staline, les dictateurs du Bloc de l'Est et d'ailleurs, par les Khmers rouges, folie de l'élimination des mécréants par les fous de Daech, en définitive folie inhumaine de tous les intolérants, y compris celles et ceux qui pullulent sur les réseaux dits sociaux.

Un autre thème passionnant, et que je n'avais pas perçu de cette période, et le roman le montre avec acuité, c'est le Déisme à l'oeuvre. Après avoir combattu l'Église catholique, ses prêtres et évêques, la Révolution construit une nouvelle religion qu'elle considère comme plus pure, celle de l'Etre Suprême.
Et elle rejette ceux qui prônent tout à la fois l'athéisme et la libre pensée, tel le citoyen Brotteaux des Ilettes, l'antithèse d'Evariste Gamelin, un ancien noble hébergé par la mère de Gamelin, un être plein d'humanité, de joie de vivre, et qui finira comme tant d'autres sur l'échafaud.

En conclusion, voilà un roman qui est, entre les lignes, une profonde critique des extrémités où conduit l'idéal révolutionnaire. Tous ces idéalistes deviennent inéluctablement des fanatiques destructeurs de la vie humaine et persuadés d'être des élus, de détenir la Vérité, alors qu'il ferait si bon de vivre ensemble, avec de la tolérance pour les opinions des autres.
Et tout cela dans un beau roman qui oppose subtilement l'insouciance et l'amour, bref la vie simple des gens, aux horreurs sanglantes des fanatiques.

Anatole France, un écrivain injustement oublié et à redécouvrir.
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Je vous livre aujourd'hui mon avis sur un énorme coup de coeur !

J'avais déjà eu le plaisir de lire plusieurs oeuvres d'Anatole France - auteur nobélisé en 1921 et pourtant désormais injustement oublié du public sauf quand il s'agit de nommer une voie ou une médiathèque - mais jamais jusqu'à présent il ne m'avait immergée dans une narration aussi addictive.

Le contexte n'est pourtant pas jojo, nous sommes en pleine Révolution française, plus exactement sous la Terreur. Évariste Gamelin est peintre de son état et surtout ci-devant citoyen patriote. Passionné par la cause du peuple et la politique de Robespierre, c'est un jusqu'au-boutiste de la première heure. Remarqué pour la ferveur et la fermeté de ses convictions, il intègre le redoutable et redouté tribunal révolutionnaire en qualité de juré. Un grand pouvoir en mains, il est pris dans la houle des événements et devient un bourreau sans pouvoir reconnaître avec justice et lucidité que plusieurs de ses jugements expéditifs et fatals lui sont davantage inspirés par ses ressentiments que par les faits.

Terrible roman aux personnages très vivants, la narration est si bien documentée qu'elle est quasi documentaire sans jamais perdre pour autant son souffle romanesque. La plume est savoureuse, le récit complètement immersif. A l'instar du Parisien d'alors, le lecteur traverse la Terreur de l'assassinat de Marat à la chute de Robespierre en tremblant, en s'exaltant, en se cachant et en s'exposant. Véritable tour de force, à l'exemple de la superbe "Révolution" de Robert Margerit, "Les dieux ont soif" est un très grand roman historique qui aide à mieux comprendre et apprécier l'une des périodes clé les plus sanguinaires et fondamentales de notre héritage politique.

Et pour ceux qui seraient effrayés par l'idée de se plonger dans un roman trop complexe et trop érudit, je rassure les foules : les personnages, même s'ils côtoient les ténors de l'époque, n'en restent pas moins des personnages de roman auxquels on s'attache ou qu'on méprise à l'envi.

Ce roman étant de plus libre de droits, ne boudez plus ni Anatole ni votre plaisir.


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critiques presse (1)
Actualitte
28 août 2017
Le roman d’Anatole France est actuel, on en modernisera les détails en relisant 1984, de Georges Orwell.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (110) Voir plus Ajouter une citation
La vie d'un homme serait intolérable, s'il savait ce qui doit lui arriver. Il découvrirait des maux futurs, dont il souffrirait par avance, et il ne jouirait plus des biens présents, dont il verrait la fin. L'ignorance est la condition nécessaire du bonheur des hommes, et il faut reconnaître que, le plus souvent, ils la remplissent bien. Nous ignorons de nous presque tout ; d'autrui, tout. L'ignorance fait notre tranquillité ; le mensonge, notre félicité.
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La nature nous enseigne à nous entre-dévorer et elle nous donne l'exemple de tous les crimes et de tous les vices que l'état social corrige ou dissimule. On doit aimer la vertu ; mais il est bon de savoir que c'est un simple expédient imaginé par les hommes pour vivre commodément ensemble. Ce que nous appelons la morale est une entreprise désespérée de nos semblables contre l'ordre universel, qui est la lutte, le carnage et l'aveugle jeu de forces contraires. Elle se détruit elle-même et plus j'y pense, plus je me persuade que l'univers est enragé.
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Il passa par les Champs-Elysées, où des femmes en robes claires, cousaient ou brodaient, assises sur des chaises en bois, tandis que leurs enfants jouaient sous les arbres. Une marchande de plaisirs, portant sa caisse en forme de tambour, lui rappela la marchande de plaisirs de l'allée des Veuves, et il lui sembla qu'entre ces deux rencontres tout un âge de sa vie s'était écoulé. Il traversa la place de la Révolution. Dans le jardin des Tuileries, il entendit gronder au loin l'immense rumeur des grands jours, ces voix unanimes que les ennemis de la Révolution prétendaient s'être tues pour jamais. Il hâta le pas dans la clameur grandissante, gagna la rue Honoré et la trouva couverte d'une foule d'hommes et de femmes qui criaient "Vive la République ! Vive la Liberté !" Les murs des jardins, les fenêtres, les balcons, les toits étaient pleins de spectateurs qui agitaient des chapeaux et des mouchoirs.
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- L’auguste tribunal où vous allez bientôt siéger, lui dit-il une fois, a été institué par le sénat français pour le salut de la République ; et ce fut certes une pensée vertueuse de nos législateurs que de donner des juges à leurs ennemis. J’en conçois la générosité, mais je ne la crois pas politique. Il eût été plus habile à eux, il me semble, de frapper dans l’ombre leurs plus irréconciliables adversaires et de gagner les autres par des dons ou des promesses. Un tribunal frappe avec lenteur et fait moins de mal que de peur : il est surtout exemplaire. L’inconvénient du vôtre est de réconcilier tous ceux qu’il effraie et de faire ainsi d’une cohue d’intérêts et de passions contraires un grand parti capable d’une action commune et puissante. Vous semez la peur : c’est la peur plus que le courage qui enfante les héros ; puissiez-vous, citoyen Gamelin, ne pas voir un jour éclater contre vous des prodiges de peur !
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- Je ne suis pas une aristocrate. J’ai connu les grands dans toute leur puissance et je puis dire qu’ils abusaient de leurs privilèges. J’ai vu ton père bâtonné par les laquais du duc de Canaleilles parce qu’il ne se rangeait pas assez vite sur le passage de leur maître. Je n’aimais point l’Autrichienne : elle était trop fière et faisait trop de dépenses. Quant au roi, je l’ai cru bon, et il a fallu son procès et sa condamnation pour me faire changer d’idée. Enfin je ne regrette pas l’ancien régime, bien que j’y aie passé quelques moments agréables. Mais ne me dis pas que la Révolution établira l’égalité, parce que les hommes ne seront jamais égaux ; ce n’est pas possible, et l’on a beau mettre le pays sens dessus dessous : il y aura toujours des grands et des petits, des gras et des maigres.
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
F : 0:06 - FLATTERIE - Madame de Sévigné 0:15 - FOU - Delphine Gay 0:25 - FOULE - George Sand
G : 0:34 - GAIETÉ - Robert Poulet 0:46 - GOUVERNEMENT - Marmontel
H : 0:58 - HABITUDE - Pierre-Adrien Decourcelle 1:09 - HOMME - Victor Hugo 1:19 - HOMME ET FEMME - Alphonse Karr 1:32 - HONNÊTES GENS - Anatole France 1:46 - HORLOGE - Alphonse Allais 1:56 - HUMOUR - Louis Scutenaire
I : 2:06 - IDÉAL - Marcel Pagnol 2:17 - IDÉE - Anne Barratin 2:29 - IGNORANCE - Charles Duclos 2:42 - IMBÉCILE - Louis-Ferdinand Céline 2:55 - IMMORTEL - Jean Richepin 3:05 - INJURE - Vauvenargues 3:14 - INTELLECTUEL - Alexandre Breffort 3:25 - INTELLIGENCE - Alain 3:35 - INTÉRÊT - Albert Willemetz
J : 3:46 - JEUNES ET VIEUX - Decoly 3:56 - JEUNESSE - Jean-Bernard 4:09 - JOIE - Martin Lemesle 4:22 - JOUISSANCE - John Petit-Senn
L : 4:33 - LARME - Georges Courteline 4:46 - LIBERTÉ - Henri Jeanson 4:57 - LIT - Paul Éluard
M : 5:05 - MALADIE - Boris Vian 5:18 - MARIAGE - Édouard Pailleron
5:31 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Madame de Sévigné : https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775498-madame-de-sevigne-biographie-courte-dates-citations/ Delphine Gay : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Delphine_de_Girardin_1853_side.jpg George Sand : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/09/George_Sand_%281804-1876%29_M.jpg Robert Poulet : https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/poulet-robert.html Jean-François Marmontel : https://www.posterazzi.com/jean-francois-marmontel-n-1723-1799-french-writer-stipple-engraving-french-c1800-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0085347/ Pierre-Adrien Decourcelle : https://www.mediastorehouse.co.uk/fine-art-finder/artists/henri-la-blanchere/adrien-decourcelle-1821-1892-39-boulevard-des-25144380.html Victor Hugo : https://www.maxicours.com/se/cours/les-funerailles-nationales-de-victor-hugo/ Alphonse Karr : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9c/Personnalités_des_arts_et_des_lettres_-_Alphonse_Karr_%28Nadar%29.jpg Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jp Alphonse Allais : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/alphonse-allais-faits-divers.html Louis Scutenaire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Scutenaire#/media/Fichier:Louis_Scutenaire,_rue_de_la_Luzerze.jpg Marcel Pagnol : https://www.aubagne.fr/actualites-109/marcel-pagnol-celebre-dans-sa-ville-natale-2243.html?cHash=50a5923217d5e6fe7d35d35f1ce29d72#gallery-id-4994 Anne Barratin : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Barratin/302855 Charles Pinot Duclos
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