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Citations sur À l'orée de la nuit (20)

Les millionnaires et le chemin de fer avaient disparu. Restait le lac, bizarre plan d’eau horizontal aux couleurs changeantes, disposé dans un paysage vertical et bouleversé de montagnes bleues et vertes. Le Pavillon aussi avait survécu, étrange bâtisse délabrée où il semblait incongru de vivre seul. Le rez-de-chaussée était occupé par les pièces communes, une vaste entrée dotée d’une cheminée massive en pierre, de beaux fauteuils et des bancs Craftsman à haut dossier droit, des tables et des meubles en chêne brut
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A la fin du siècle précédent, le Pavillon avait servi de havre de fraîcheur estivale pour les riches désireux d’échapper à la canicule des basses terres en août. Quelque millionnaire des chemins de fer traversant cette vallée d’altitude dans son wagon privé eut alors une vision, ou céda peut-être à un caprice : construire un barrage en terre, créer un lac de retenue, inonder la partie supérieure de la vallée pour que l’eau arrive à la lisière du village. Ensuite, sur la rive opposée, bâtir un pavillon en rondins selon ses propres plans, quelque chose rappelant l’Old Faithful Inn, mais en plus petit et plus luxueux. Cet homme avait sans doute davantage excellé dans les chemins de fer qu’en architecture, car il fit construire une espèce d’énorme rectangle, un très grand chalet en rondins doté d’une véranda couverte qui donnait sur une vaste pelouse descendant jusqu’au lac et, au-delà du plan d’eau, sur le village. Les riches d’autrefois se contentaient manifestement de choses plus simples.
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Pareil avec le Pavillon. Il n’appartenait pas à Luce. Elle en était en quelque sorte la gardienne. Maintenant que le vieux était mort, certains auraient dit qu’elle le squattait. Mais apparemment personne d’autre ne voulait empêcher la vigne kudzu de l’envahir jusqu’à ce qu’il se métamorphose en un tertre de verdure.
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Luce n’était pas très maternelle. L’Etat lui avait imposé ces deux enfants. Si elle les avait refusés, ils auraient été séparés et adoptés comme des chiots. Adultes, aucun ne se serait souvenu de l’autre.
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Quand elle les fouetta tous les deux sans distinction avec une petite branche de saule jusqu’à ce qu’ils aient les jambes couvertes de longues zébrures roses, il devint évident qu’ils enfouiraient toute douleur au plus profond d’eux-mêmes sans verser une seule larme. Luce se jura alors de ne plus jamais leur infliger le moindre châtiment corporel. Elle rejoignit la cuisine d’un air coupable et se mit à préparer une tarte aux pêches.
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Les enfants aimaient le feu plus qu’aucun autre élément. Un tas de bois bien sec les ravissait jusqu’au délire. Luce se mit à cacher les allumettes de cuisine, sauf celles qu’elle gardait dans la poche revolver de son jean pour allumer le poêle. En deux jours, les enfants apprirent à faire du feu avec de l’amadou et une badine de bois vert incurvée par un lacet de chaussure. De minuscules hommes des cavernes drogués à la benzédrine n’auraient pas pu faire du feu plus vite. Puis ils incendièrent l’arrière du terrain du Pavillon ; pour éteindre le feu, Luce dut courir entre la source et les flammes avec des seaux en fer-blanc qui débordaient à chaque pas.
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Les nouveaux enfants adoptifs de Luce étaient beaux, menus et violents. Elle apprit très vite que ce n’était pas une bonne idée de les laisser sans surveillance dans la cour avec les poulets. Car elle retrouvait ensuite des plumes, une patte jaune aux ergots crispés. Aucun des deux ne parlait, mais la fille lançait à Luce des regards noirs si elle osait demander où était passé le reste du coq.
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À un moment, Stubblefield se demanda ce qu'il apprenait vraiment sur Luce. Elle parlait librement des patrons de robes, des détails quotidiens du jardinage, de son grand-père à lui. Mais Stubblefield avait sans cesse l'impression de regarder un as du poker battre les cartes, tous ces petits gestes subtils destinés à détourner votre attention, et à la fin, les mains écartées de manière rassurante pour dissimuler le gouffre qui s'ouvrait dans la vie de Luce.Stubblefield aimait les livres d'alpinistes comme ceux de Hillary, Smythe et Mallory. Il y avait un mot pour exprimer l'altitude à laquelle vous étiez, la profondeur du ravin à vos pieds, le mauvais temps que vous affrontiez. Tous les dangers cumulés de l'univers où vous aviez pénétré. Ce mot était exposé. Dans ces parages périlleux, quand on perd un gant, on perd la main. Quand on tombe, on meurt. Stubblefield se convainquit que Luce était salement exposée. Mais si elle croyait avoir réussi à réduire sa vie aux choses essentielles et aux compensations, il avait besoin de savoir dans laquelle de ces deux catégories il se trouverait le mieux.
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