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Critique de TerrainsVagues


Après La fiancée des corbeaux, Je me souviens de tous vos rêves est venu tout naturellement prolonger le sentiment de sérénité, que m'avait procuré ma première rencontre avec l'écriture de René Frégni. Une lecture apaisante, presque rassurante, dans ce monde qui semble chaque jour s'égarer un peu plus.
C'est une impression de bien être entre deux nausées, deux indignations, deux colères, entre deux insoumissions. Voilà, c'est ça un livre de Frégni, c'est une pause. de celles qui régénèrent. Je me souviens de tous vos rêves c'est pour le lecteur une sorte de convalescence, une rééducation pour trouver la paix. Attention, je ne parle pas de zen attitude ni de Coelho's touch ou autre magicien du bonheur non non non. Frégni nous donne en partage des fragments de vie, des coupures de journaux intimes, des bouts de carnets, de cahiers. Il parle de lui, de nous. Ses souvenirs croisent un des notre au détour d'une page et il devient familier, presque un pote.

Il réhabilite la magie des quelques secondes après la pluie, cette odeur d'herbe mouillée, cette renaissance, habillée d'une trouée dans les nuages. Il chante les brumes matinales, les safrans les dorés les pourpres et les roses d'une palette d'automne. Il est l'intime de ces lieux où ne « courent que l'ombre des nuages et le vent ». Plaines et vallons, drapés de lumières, lui confient leurs secrets. Des parfums de feuilles se mêlent à des saveurs de miel, l'accent provençal réchauffe l'hiver nappé de blanc.
Heureux homme qui sait observer, qui sait être attentif à la nature, et forcément à l'autre.
Au milieu de tout ça il y a vous, il y a moi. Des sensations perdues, oubliées, enfouies sous des couches de futilités un jour, ressuscitées un autre.
Il y a Isabelle, les femmes, les mots, un libraire, Isabelle, quelques hommes perdus, les mots, la Provence, Isabelle, Baumette le chat, Isabelle, les ateliers d'écriture en prison où les poings restent en suspension, Isabelle, les mots, l'enfance, la mère, les mots, Isabelle, la vie.
Les faits d'hiver du début d'année 2015 viennent comme un cauchemar réveiller le rêveur, le livre se termine, le voyage a été beau, court mais intense en ressenti.

« Ecrire quelques mots chaque jour. Des petits fragments de vie qu'on ramène chez soi, dans ses yeux, sur sa peau, ses cheveux, la lourdeur des jambes. Les odeurs d'automne qui se dispersent lorsqu'on retire sa veste. Les mots attisent, comme un souffle puissant, les braises de la vie. Ils la font rougeoyer, brasiller, s'étendre. Ils éclairent nos jours. »
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