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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

"... en se concentrant sur la respiration de Béatrice, il peut entendre son souffle, à intervalles réguliers.
Dans une semaine il sera mort."

Un homme sait ses derniers jours arrivés et décide d'enlever son enfant, qu'il ne connaît pas car il a quitté la maman à quelques jours de l'accouchement.
Cet enfant, c'est un bébé de quelques mois, une belle petite fille, Béatrice.
Il s'installe avec elle dans une cabane isolée dans la forêt.

Au fur et à mesure que les jours passent, il apprend à connaître cette enfant, il découvre son odeur, ses pleurs, ses rires et se perd dans son regard.

Avec elle, il ressent la simplicité des choses, perçoit l'importance de la vie et des petits bonheurs. En quelques jours il veut construire avec elle des souvenirs et un semblant de vie, de moments partagés. Il lui écrit pour plus tard. Il veut exister pour elle, c'est sa façon à lui de ne pas mourir complètement, de ne pas disparaître...

De lui, on ne sait rien, même pas son prénom, et malgré la violence de son geste, on se surprend à être touché par ce personnage solitaire noyé par la nostalgie de son passé, qui semble perdre certaines notions du réel et plonge dans des moments fantasmés.

La force du récit réside dans la psychologie du personnage, l'ambiguïté de la situation et la beauté des moments de reconnaissance entre ce père et son enfant. C'est un très beau texte, qui ne peut laisser insensible. La puissance des mots et des situations en font un roman bouleversant, que je vous empresse de découvrir!
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"Le soir, il murmure à Béatrice L histoire d'un père qui emmène sa fille dans une cabane au milieu des bois pour qu'elle y entende la caresse du vent à travers les feuilles. Un père qui veut sauver quelques moments avant de disparaître. Béatrice L écoute. Il parvient presque à se convaincre, à trouver leur situation féerique, à na pas s'effondrer quand il lui demande pardon pour sa disparition prochaine."
Je pense que cet extrait résume bien ce roman poignant qui vous serrera le coeur.
Pourtant au départ ce père n'a rien d'un père, il ne devrait même pas avoir le droit de ressentir le moindre sentiment paternel ayant abandonné la maman quelques jours avant l'accouchement. Mais au seuil de la mort alors que sa fille Béatrice n'est qu'un tout petit bébé, il a besoin d'expier même s'il lui reste très peu de temps pour corriger un maximum de ses erreurs.
Construit en un huis-clos entre un père et un bébé dont il ne sait pas comment s'occuper, dans une cabane abandonnée au fond d'un bois, ce texte est donc un mea culpa mais comme tous les regrets, cette introspection, ce besoin de vivre toute une vie en quelques jours, interviennent trop tard.
Comme dans son précédent roman, l'auteur crée un personnage qui n'est pas tout à fait celui que le lecteur pense découvrir. Tout le talent d'Arnaud Friedmann, hormis sa superbe plume, réside dans la psychologie qui incarne ses textes, dans l'ambiguïté de ses personnages principaux. On n'est vraiment pas loin du roman noir, l'auteur flirte ouvertement avec le genre.
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L'absolue paternité !
Un livre d'urgence, sous l'illimitée douleur. La gravité et l'enjeu d'une littérature spéculative.
« L' Invention d'un père » , magistral, poignant, d'une lucidité indépassable.
Contemporain, la beauté inouïe d'un récit dont les jours sont d'ombre et de lumière, d'épiphanies et d'une tristesse infinie.
À contrario, ici, pas de pathos. Nous sommes dans la dignité qui élève la trame dans l'immense intelligence du temps présent.
Un homme quitte sa femme, trois jours avant la naissance de leur enfant.
Et pourtant, tout semblait être sauf l'hiver, sans contour vacillant, dans leurs pensées et leurs sentiments. Mais le futur père dans le flux de sa conscience ne peut assumer et pour cause. Il prend peur et fuit avant l'enfant. L'horizon tel le miroir de la dualité de son âme. L'immersion dans une tragédie. L'abandon ultime, l'expansion d'une lâcheté incontrôlable, peut-être.
Le huis-clos prend sens. le sombre d'un récit où il n'y a pas de fenêtres sur l'avenir.
Lui seul devient l'espace entier d'une rupture. L'écriture est de connivence. Elle vibre et retient les conséquences d'une décision. Celle de quitter le cocon, l'Alcazar, avant que les brindilles ne fendent le nid de l'enfant. Il reçoit un texto de Nathalie, son ex-compagne qui lui informe le prénom de l'enfant, le jour et l'heure. C'est une petite fille : Béatrice.
On avance au plus près du secret. Il n'y a pas d'illustrations magnifiques. le récit est le radeau de la Méduse de Géricault. Dans le vif d'une contemporanéité d'épreuves. Mais la délicatesse, la sensibilité sont garantes de ce récit sans consolation. Il apprend qu'il est malade. le compte à rebours. Une maladie incurable le ronge. C'est un tsunami, fulgurant, tel le mot du médecin. Il va de révolte et de désespoir, chercher la fillette. Happer sa paternité, pour les quelques mois qui lui restent à vivre.
Kidnapper sa fille, la cavale est lancée. Partir tel un père vierge encore de caresses enfantines, en pleine nature, dans les bois, et vivre avec l'enfant dans sa cabane d'enfance. le retour à la matrice-mère. Tout est symbole. le toit de cette cabane est de tôle, le plancher de bois et fendu. Les échardes sont nombreuses, les risques de blessures aussi. le spartiate au garde à vous. Béatrice franchit le seuil de la vulnérabilité. Entre les soins et les pleurs, la faim et les changes. Il assume, se découvre, et ouvre ses ailes d'albatros à l'enfant de sept mois. Entre les branches et la solitude, il sait l'origine du temps. Les aiguilles qui défilent et arpentent son corps en souffrance. Il meurt à petits feux. Trente trois ans, la jeunesse fusillée en plein vol. la chute d'Icare.
Il sait les dangers. Béatrice va être recherchée. Mais l'enfant est pure et ne sait pas la vie des grandes personnes. Elle babille, joue à quatre pattes sur le sol d'une cabane-grotte.
Bercée d'amour dans cet oracle où la mort se surprend à être un instant, un instant seulement dansante.
Il écrit l'épistolaire. Il inscrit sur la pierre qui résistera aux remords, lui et Béatrice sa fille, le lien et la filiation comme l'étoile du Sud.
« De n'avoir qu'une lettre posthume pour s'inventer un lien avec sa fille. » « Il ne déchire pas les feuilles. » « Il n'a rien d'autre à offrir. » « Béatrice le regarde. Elle paraît comprendre les tourments de l'homme qui la change, n'en tire aucune inquiétude. Au contraire, elle sourit. »
Il est magnifique dans sa rédemption. On aimerait le protéger, lui dire que ce livre est le sien, un hymne au père. Les jugements ne viendront pas. « L'Invention d'un père » et un mémorial. La prodigalité d'un Carpe Diem. Transmettre dans l'heure courte, sans îles ni espérances, les gestes de silence et d'apothéose.
Le récit tremble de pluie. La cabane semble se rétrécir. L'agonie gouffre d'un jeune père qui persévère et invente un relationnel quasi théologal.
« Soudain, une frénésie de mots. Une fureur. L'impatience, comme aux jours inspirés de sa jeunesse. » « Ne subsiste qu'un maintenant minuscule, sa fille qui pèse sur son torse et lui qui la regarde. » « Plus loin, un horizon d'arbres noirs. » « J'aurai connu ça avec toi. »
« L'Invention d'un père » est une oeuvre extraordinaire. Bouleversant, bleu-nuit, inoubliable.
Atteindre par le pouvoir des mots, le retour du printemps. La raison d'un départ sans fuite ni faillite.
Magistral, le point d'altitude de l'amour.
Arnaud Friedmann est digne d'un génie évident. Ce livre est un parchemin d'une tendresse infinie et bien au-delà du renom, un livre universel. Publié par les majeures Éditions La Manufacture des livres.
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Le dernier roman d'Arnaud Friedmann aurait pu s'appeler L'homme d'après, mais sans doute cela aurait trop ressemblé au titre de son livre précédent. Pourtant il aurait pu s'appeler ainsi car on retrouve dans ces deux textes la nostalgie d'un éden disparu.
Dans La femme d'après, il y a comme un regret de la quiétude qui précédait une rencontre traumatique venue tout bouleverser - les cartes sont alors rebattues, pour une dernière partie définitivement perdue.
Dans L'invention d'un père, une cabane dans un arbre et un hôtel en Italie creusent, en disparaissant, un vide que rien ne peut combler, même pas ce qui ressemble à une belle histoire d'amour, ni même la naissance d'un enfant.
Rien n'est plus comme avant pour cet homme rongé par le cancer dont la maladie apparaît, avec la multiplication anarchique et fulgurante de cellules devenues folles, comme une tentative de remplissage de ce trou béant laissé par la disparition des preuves tangibles d'un semblant de bonheur, au temps lointain de l'enfance.
Arnaud Friedmann est l'écrivain du basculement, le peintre méticuleux et délicat de ces moments de vacillement intime qui conduisent inexorablement vers l'abîme.
Ici, on suit dans sa chute un homme qui enchaîne des actions lourdes de possibles conséquences dramatiques, mais des actions qui lui seraient dictées par des pensées étrangères, des pensées qui ne lui appartiendraient pas, ou plus.
Il ne décide de rien en réalité, et les moments les plus importants ponctuant le récit (la séparation avec la femme aimée, l'enlèvement de la fillette, l'utilisation ou pas de l'Opinel dont le jeune père ne se sépare jamais) sont toujours chargés d'ambivalence, on n'est jamais trop sûr de ce qui s'est passé ni de ce qui va arriver. L'auteur nous englue subtilement dans l'indécision permanente de son héros, nous entraîne de force - et paradoxalement avec beaucoup de douceur aussi - dans l'intimité psychique de cet homme dont on finit par se dire que sa mort, annoncée dès le début du récit, est ce qui pourrait lui arriver de plus simple et de plus logique.
Mais Arnaud Friedmann, on l'aura compris, n'a que faire des clichés ni de la logique, il aime conduire ses personnages et son lecteur dans des chemins de traverse escarpés et dangereux - là où personne n'aime à se perdre, mais qu'il est fascinant d'explorer.
Nous devenons un peu plus, page après page, cet homme égaré et sans attaches que plus rien ne retient à la vie sauf peut-être sa fille Béatrice, qu'il a enlevée (ou peut-être pas), dont on redoute tout au long du livre qu'il l'entraîne avec lui dans la mort, à moins que son couteau n'ait déjà trouvé d'autres victimes, on ne sait pas, et sans doute vaut-il mieux ne pas savoir…
Nous observons dans son dernier voyage celui qui, étrangement, m'a fait penser à Xavier Dupont de Ligonnès, mais un Xavier Dupont de Ligonnès que nous accompagnerions juste avant le drame, dans ces moments où tout demeure encore possible avant que n'advienne l'impossible, l'irrémédiable.
Je ne dirai pas quel irrémédiable nous est proposé dans ce roman, qu'il faut lire afin de tenter d'en percer (un peu) les nombreux mystères, pour en goûter la langue dégraissée jusqu'à l'os et la sombre beauté.
Et découvrir que dans ce récit qui évoque beaucoup forêts et clairière sont cachées des trouées de pure poésie, car L'invention d'un père est aussi traversé de lumière, lumière sans laquelle la nuit ne serait que la nuit.

Léo Cairn.
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J'ai découvert Arnaud Friedmann avec La femme d'après, j'ai tout de suite été fasciné par son univers er son style littéraire, son écriture de la psychologie de ses personnages, une certaine poésie et cet emploi de l'incertain dans son récit. Alors je ne voulais pas rater celui-ci, et je ne suis pas déçu..

Un très bref prologue d'une demi-page, beau et glaçant. Un homme jeune, la trentaine, il est mourant. Quelques mois auparavant, en couple, il attendait un enfant et puis quelques jours avant la naissance il a fui. Paniqué. Abandonnant sa compagne à ce moment crucial. Depuis un SMS de quelques mots : Béatrice, la date et l'heure de naissance. Il est père et va mourir. Dans quelques mois. Six au maximum. Alors il revient, plus tard, très tard. Pour le temps qu'il lui reste à vivre il veut devenir père, être père. Et il enlève sa fille de 7 mois. Et s'installe, se cache en forêt dans une cabane, celle de son enfance. Et là le duo improbable le père agonisant, l'enfant pleine d'énergie vitale vont vivre ensemble quelques jours. Cette énergie vitale que lui économise pour vivre et profiter de sa paternité jusqu'à la fin. Seuls en forêt avec la nature, les oiseaux, le soleil, un cheval étique.. et les hallucinations, les cauchemars, la peur, la douleur, l'amour.. la sérénité ? Peut-être.

Arnaud Friedmann a choisi de très courts chapitres de quelques lignes à 3 ou 4 pages maximum. Comme des flashs. Des moments de leur vie, de la vie finissant, de la vie commençant. du passé, de l'enfance de son héros, de sa vie avant la fuite et l'enlèvement. Et puis la lettre, celle qu'il écrit sur un coin de table sur quelques feuillets arrachés pour sa fille, quand elle sera grande. Lettre arrachée à la mort, à ses souffrances, à sa mémoire qui lui joue des tours. C'est beau et tragique. La plume d'Arnaud Friedmann est poétique ou cruelle, pleine d'amour et d'angoisses, de sérénité aussi.

Folie d'un homme qui meurt, regrets d'un homme qui ne verra pas grandir cette enfant qu'il a d'abord fuie. On est dans sa tête, dans ce corps qui se défait déjà, qui faiblit d'heure en heure. Un roman bref que je me suis obligé à lire en deux fois, j'aurais pu le lire d'une traite mais je voulais profiter de la plume de son auteur et rester avec ce personnage de père si attachant.

Et comme dans La femme d'après, on reste imprégné longtemps du texte d'Arnaud Friedmann..
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com
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