Pour moi,
Frison-Roche est à la
montagne ce que Clavel est à la campagne.
Tous deux célèbrent dans leurs livres la nature et les hommes qui l'habitent. Des hommes rudes, francs, entiers, qui ne sont pas corrompus comme ceux de la ville. Les deux écrivains savent nous brosser des portraits saisissants : on voit les personnes, là, devant nous, on distingue leurs traits comme sur une photographie, on connaît leur caractère, ils sont vivants.
Le style de
Frison-Roche est certes un peu daté, la vie à Chamonix telle qu'il la décrit dans
Premier de cordée a naturellement changé (le livre date de 1941), mais qu'importe ! C'est si beau, si vrai, si fort, que le texte vous séduit d'emblée, que l'aventure vous emporte, et que vous vivez, le temps de votre lecture, avec tous ces magnifiques personnages du roman.
La solidarité dans les cordées où chacun doit veiller sur les autres, la fraternité forte entre les grimpeurs, le respect mutuel, le rôle grisant et en même temps terrible du fameux
premier de cordée sur qui pèse tant de responsabilités : vous suivez tout sans en perdre une miette.
À travers l'histoire de Pierre, c'est à tous les alpinistes que
Frison-Roche rend hommage, à travers Chamonix, c'est la
montagne qu'il glorifie. Son roman est un cri d'amour à ces hommes magnifiques et aux sommets auxquels ils s'attaquent.
Si vous ne l'avez pas encore fait, lancez-vous dans l'aventure avec
Frison-Roche, et n'ayez pas peur du vertige : laissez-vous guider avec confiance par un
premier de cordée de grand talent.