Masaccio

Tommaso di ser Giovanni da Castel San Giovanni, dit Masaccio, n'est sans doute pas le plus connu des artistes du quattrocento florentin. Sa vie fut très courte (il n'a pas atteint pas sa trentième année). Mais il apporta une contribution majeure à l'évolution picturale, en donnant à ses personnages du volume, une individualité et une personnalité. Avec son confrère Masolino, il peignit l'un des chefs-d'oeuvre de la peinture du quattrocento, les fresques de la Capella Brancacci, à Santa Maria del Carmine, l'église des carmélites de Florence. La relative modestie de l'édifice, par rapport aux autres grandes églises florentines, fait que l'on pourrait passer à côté de cette visite. Quelle erreur ce serait! En plus de Masaccio et Masolino, Flippo et son fils Filippino Lippi complétèrent l'ornement de la chapelle. Dans le frémissement du commencement (nous sommes dans les années 1420), Masaccio donne à ses compositions des tons d'une infinie douceur, que l'on peut pleinement admirer depuis la restauration menée dans les années 1980 (rien à voir avec les reproductions antérieures!). Une source de lumière unique éclaire chaque scène, mettant en relief ombres, surfaces éclairées et drapés. Masaccio développe ainsi les premières tentatives de Giotto. Les personnages sont tous de même dimension, ramenant chacun à la commune humanité, y compris le Christ. Par le jeu des postures et des regards, les humains interagissent. Leurs visages, particularisés, présentent une expression sérieuse, voire mélancolique, mais non figée. On a également pu identifier de lui plusieurs triptyques, dont certains furent aussi réalisés avec Masolino, ainsi que la Trinité de Santa Maria Novella, inspirée par l'architecture de Brunelleschi.
Le petit album de Cecilia Frosinini, très bien illustré, offre de solides aperçus historiques sur la vie de Masaccio, son apport et sa technique picturale (en italien). Mais comme souvent dans ce type de publication, on reste un peu sur sa faim quant à l'interprétation des scènes représentées. Quelques éléments du programme iconographique sont donnés, mais on aimerait en avoir beaucoup plus. Ce serait vraiment bien si les historiens de l'art développaient davantage leurs explications dans ce sens.