Non, il n’y a pas de mot pour décrire Bryan. Il me fait rire, même lorsque je suis fâché. Il comprend ce que je veux dire et comment je me sens d’un simple regard. C’est dans ses gestes tous simples que je retrouve une sécurité qui n’existe en personne d’autre. Ce sont ses mots qui peuvent autant me réconforter, me faire rire que de me faire rager et j’aime ça. Il a le tour de me pousser à me dépasser en me disant toujours mes quatre vérités et m’empêche ainsi de rester en arrière. Il me permet d’avancer, de foncer et de grandir. Et lorsqu’il me regarde, j’ai toujours l’impression d’être la seule femme au monde. Je serais de l’autre côté d’une grande salle rempli de centaines d’autres femmes et son regard ne serait que sur moi.
La peur, lors d’une mission, est une variable constante. Tout peut arriver et il faut être prêt à affronter le pire. Il m’arrive parfois et encore plus depuis le retour de Jessy dans ma vie, de me demander pourquoi j’ai décidé de suivre mon frère et de vivre dans cette peur constante. Je n’étais déjà pas à ma place quand j’étais policier, mais au moins je savais que j’étais du bon côté. Maintenant, je joue plus souvent au criminel qu’autre chose et d’une façon étrange, je pense que de me retrouver enfermé dans cette petite cellule froide avec une vingtaine d’autres criminels, est peut-être une façon que la vie à trouver pour me punir. Je n’en sais rien. Je ne sais plus qui je suis et à quel côté j’appartiens.
Mon ennemi était le temps. Il m’avait fallu une éternité pour oublier Jessy. Mais, j’avais réussi, de peine et de misère, à faire mon deuil de la femme que j’aime. Du moins, je crois encore qu’à force d’essayer de convaincre mon frère, j’ai fini par y croire. Cependant, en posant mon regard sur elle, à cet instant précis, je ne peux plus me mentir. Je ne l’ai jamais oublié et j’ai toujours espéré en secret, pouvoir la retrouver.
Elle est l’air que je respire. Sans cette matière invisible et inodore, je ne pourrais vivre. Mais, elle est bien devant moi. Si réelle et vivante que je sens tous les membres de mon corps se réveiller d’un long sommeil mouvementé. J’ai l’impression de sortir d’un cauchemar incessant et que les dernières années n’ont pas vraiment existés. Plutôt, c’était l’histoire de quelqu’un d’autre.
Quoiqu’il ait été plus choyé que moi, son enfance n’a pas été rose non plus. Mais, au travers de son récit, je comprends mieux les obstacles qui ont fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. Avec le recul, j’ai la ferme croyance que notre passé forme notre futur. Les choix et les gestes qui s’offrent à une personne seront pris en considération différemment selon le chemin de vie emprunté. Il n’y a pas nécessairement de mauvais chemin, mais plutôt des expériences différentes qui sont la résultante directe du caractère d’une personne.
Il y a deux Patrick dans ma vie. Celui qui est froid, concentrer sur sa mission et celui qui agit comme un grand frère protecteur. Aujourd’hui, j’ai le privilège d’être en compagnie du deuxième, celui de mon enfance. Cette version de lui-même est remplie de compassion et d’amour pur. Lorsqu’il décide de porter tout son intérêt sur son travail, il peut parfois être distant et ne peut plus voir les émotions des autres autour de lui.