AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tachan


Tachan
05 septembre 2018
On aime les titres engagés chez Akata, difficile de faire plus engagé que le Bateau-Usine de Gô Fujio, adaptation d'un roman du même nom de Takiji Kobayashi paru à la fin des années 20 et dénonçant les ravages du capital. Je ne suis pas forcément une adepte de ce genre de titre, ce qui explique ma découverte si tardive, mais la curiosité m'a tout de même poussée à le lire.

Bilan, ce titre est un manga à la narration dynamique qui se lit donc très facilement malgré un rythme parfois inégal qui donne l'impression de manquer de transitions fluides entre les différents chapitres. le déroulé est un peu classique lui, simple et sans fioriture, on sent que c'est une adaptation. D'ailleurs les dessins sont assez moyens eux aussi, ils manquent d'originalité et font assez quelconque. Ce titre aurait très bien pu se trouver sans dépareiller dans la collection des classiques de Soleil.

Mais que trouve-t-on dans ce titre ? Détaillons un peu l'histoire. Tout d'abord le mangaka qui a adapté ce roman a eu la bonne idée de jouer sur une double temporalité : le présent et le passé où vivaient ces marins-ouvriers exploités. Malheureusement, il n'exploite pas assez ce jeu de va-et-vient temporels alors que cela aurait pu dynamiser son récit.

Non, il préfère s'ancrer dans le passé, celui de la vie quotidienne à bord d'un bateau de pêche japonais au début du XXe siècle. Les conditions de vie décrites sont très dures, rien n'est épargné à ces hommes qui sont forcés de travailler et de subir les mauvais traitements de leurs supérieurs pour une paye de misère. L'auteur insiste beaucoup sur la noirceur qui capitalisme galopant et l‘injustice que cela fait concrètement sentir aux travailleurs. C'est incarné dans la figure de l'intendant, qui est une vraie raclure, mais aussi chez un médecin croisé le temps d'une page qui fait preuve de beaucoup de lâcheté.

Face à cela, l'auteur met donc en avant une valeur indispensable dans ce type de situation : la solidarité. Les oppressés doivent mettre leur mécontentement en commun pour essayer de gagner quelque chose. On voit ainsi la colère monter de plus en plus et les ouvriers s'organiser petit à petit, aussi bien en débrayant au début, qu'un faisant grève et se mutinant ensuite avec plus ou moins de réussite. La mise en scène est belle, elle, car on ressent très bien la profonde colère de ces masses soumises et leur aspiration à la liberté. C'est très puissant. Ils luttent, parfois échouent, mais se relèvent toujours pour lutter contre l'oppression.

Le bateau-usine est donc un titre intéressant pour découvrir un petit pan méconnu de l'Histoire japonaise. Il ne nous apprend rien sur les méfaits du capitalisme ou alors il faut être bien naïf. Par contre, la préface et la postface qui reviennent sur les conditions d'écriture du roman originel sont un bon complément. A lire pour tous les curieux d'Histoire sociale.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          31



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}