De bonnes raisons de prudence poussent à respecter l’ordre naturel des choses, et à se garder de penser que les êtres humains peuvent facilement l’améliorer en intervenant de façon aléatoire. Cela s’est révélé vrai pour l’environnement : les écosystèmes sont des ensembles interconnectés dont nous ne comprenons pas fréquemment la complexité ; construire un barrage ou introduire une monoculture dans un secteur donné dérange des relations invisibles et détruit l’équilibre du système de façon totalement imprévisible.
Il en va de même pour la nature humaine. Il est bien des aspects de celle-ci que nous pensons fort bien comprendre ou que nous voudrions changer si nous en avions l’opportunité. Mais faire mieux que la Nature n’est pas toujours aussi facile : l’évolution est peut-être un processus aveugle, mais elle suit une logique d’adaptation rigoureuse qui fait que les organismes conviennent à leur milieu. (pp. 178-179)