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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« L'immeuble semble avoir été conçu sur le même principe architectural de polyvalence que tous les autres bâtiments : le « Runden Ecke » (musée de la Stasi) à Leipzig et le QG de la Stasi à Normannenstrasse , les prisons, les hôpitaux, les établissements scolaires ou administratifs de tout le pays et sans doute aussi l'intérieur du palais de la République marron. D'ici à Vladivostok, voici la contribution du communisme à l'art de la construction : linoléum, ciment gris, amiante, béton préfabriqué et toujours et encore des couloirs interminables et des pièces polyvalentes. Et derrière chaque porte, tout était possible : interrogatoires, emprisonnements, examens, enseignements, administration, abri nucléaire, ou, dans ce cas précis, propagande. »

Anna Funder est australienne. Elle s'est toujours intéressée à l'Allemagne jusqu'à étudier l'allemand à l'école à la grande déception de sa famille qui considérait cette langue comme celle de l'ennemi.

En 1996, elle loue à Berlin-Est un petit appartement afin de s'immerger dans le Berlin d'avant la chute du mur et de partir à la découverte des lieux emblématiques de la STASI : La redoutable police secrète de cet état policier. Journaliste, elle se trouve un job à mi-temps à la télévision de l'ex Berlin-Ouest et part en quête de témoignages.

C'est abasourdie que je referme ce livre. J'ai beau avoir lu plusieurs ouvrages sur toutes les formes de dictatures, je suis toujours médusée par la capacité d'innovation dont peut faire preuve l'être humain afin d'asservir ses semblables : Les asphyxier dans un régime pervers pour mieux asseoir son pouvoir. Si seulement il pouvait mettre la même créativité au service de la philanthropie. Et cela fonctionne, cela conditionne, cela alimente la délation, cela fait appel aux plus bas instincts de l'individu, c'est difficile de résister !

Anna Funder nous convie à une enquête qui tente de s'approcher au plus près de la réalité de cet état policier en revenant en Allemagne quelques années après la chute du mur de Berlin. Elle se transforme en guide touristique et nous propose des visites extrêmement détaillées de « ces palais au lino marron » dont tout superflu est banni « adieu l'esthétique ». Elle va à la rencontre des allemands de l'ex Berlin-Est pour les écouter, recueillir leur témoignage et découvrir avec nous la réalité du « Rideau de fer », ce terrible « régime camisole » qui s'est abattue sur cette partie de l'Allemagne. Si ce récit « fait froid dans le dos », il est aussi passionnant, animé, c'est une véritable plongée oppressante dans une société anesthésiée par la peur, une oeuvre choc et réussie.

Mi-1989, les premières manifestations (les manifestations du lundi) éclatent après les prières pour la Paix à l'église Saint-Nicolas-de-Leipzig. « La démocratie c'est maintenant ou jamais » - « La Stasi dehors ! ». Elles font tache d'huile et atteignent Erfurt, Halle, Dresde et Rostock. La première faille dans le système est ouverte, rien ne pourra plus arrêter l'Histoire. Sous la plume vibrante d'Anna Funder, je suis partie avec entrain à la suite du peuple de l'Allemagne de l'Est. Plus rien ne pouvait arrêter la mécanique. « le goût de la Liberté est un goût à nul autre pareil. »

Emouvants et instructifs tous ces entretiens avec des personnes ayant eu affaire à la Stasi comme le récit incroyable de Miriam, de Julia, terrible et ahurissant celui de Frau Paul dont l'enfant gravement malade se retrouve dans un hôpital de Berlin– Ouest alors que les parents résident à Berlin-Est, troublantes les déclarations de ces nostalgiques du communisme, sidérantes les confessions des anciens de la Stasi.

Mais comment vivre après une dictature ? Après tant de souffrances, de privations, de peur, de délations, les vieux réflexes viennent encore empoisonner le quotidien de toutes ces personnes. Les stigmates de cette période sont encore à vif et c'est parfaitement bien décrit dans cet ouvrage. Tous ces témoignages révèlent l'anéantissement psychologique des opposants et le conditionnement dogmatique des autres. le mur s'est immiscé dans leur tête!

Et le comble « L'association des anciens de la Stasi » va tout mettre en action pour empêcher la parution du livre d'Anna Funder et ce : au nom des droits de l'Homme !

Ce pays réunifié s'est promis de faire la transparence sur cette période d'Inquisition modèle soviétique. Dans ce livre, il y a des découvertes inconcevables tels que les « bocaux d'odeurs, la chaîne noir ». Mais aussi les femmes-puzzles !

Après ce livre, j'ai très envie de partir à la découverte de cette Allemagne que fut la RDA !

Petit bémol : il y a une erreur dans ce livre et une confusion certainement liée à la traduction. Il est question de la ville de Lindau en RDA à trente kilomètres de Dessau. Impossible, Lindau est au bord du Lac de Constance, en Allemagne de l'Ouest, en zone française, à six cents kilomètres de Dessau. Originaire de la ville de Chelles, nous sommes jumelés avec Lindau et mes enfants ayant fait allemand première langue, sont partis en stage à Lindau. C'est en connaissance de cause que je souligne cette erreur. Maintenant, je ne peux dire de quelle ville il s'agit, je n'ai trouvé aucune ville dont il pourrait s'agir.

Si vous avez aimé le film « La vie des autres », vous aimerez le livre d'Anna Funder.

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S.T.A.S.I, Le ministère de la Sécurité d'État, ces initiales font encore frémir à notre époque.
Ce livre nous fait découvrir ce que voulait dire « vivre » sous le régime totalitaire de l'ex R.D.A, que l'on pourrait décrire comme une immense prison.
Avec quelques témoignages représentatifs, l'auteur arrive à décrire l'absurdité d'un état paranoïaque, dont le symbole est cette balafre à ciel ouvert, ce mur, qui revient de manière lancinante dans le récit.
On peut regretter la manière qu'a l'auteur de se « raconter », même si elle démontre les obstacles qu'elle a dû surmonter.
Un livre très instructif, une immersion dans le quotidien des « ossies », mais également sur l'après « chute du mur » et les réactions paradoxales de certains allemands de l'est.
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En façade, la Stasi était le Ministère est-allemand de la sécurité d'Etat de la RDA pendant la Guerre froide. Mais en réalité, c'était une armée interne qui permettait au gouvernement communiste d'identifier et de neutraliser ses opposants afin de garder le pouvoir. Après 40 années d'existence, la Stasi fut dissoute à la chute du Mur de Berlin en novembre 1989.

Décidant d'en savoir plus sur le fonctionnement de cet organisme tentaculaire pour qui travaillait ou collaborait 1 personne sur 63 en RDA, Anna Funder vient s'installer en Allemagne réunifiée et se lance dans une grande enquête auprès des gens qui en ont été les victimes mais aussi les acteurs.

Au fil de ses rencontres, elle croise plusieurs personnes qui acceptent de raconter leur traumatisme d'avoir été surveillées, dénoncées, emprisonnées pendant des années. Elle passe également une annonce dans un journal pour tenter d'obtenir les témoignages d'anciens membres de la Stasi.

Avec cet essai romancé, l'autrice mêle les deux types de point de vue et c'est ce qui lui donne toute sa richesse. Elle nous permet de mieux comprendre comment s'est mise en place la manipulation à grande échelle et comment l'a vécue une population encore sous le choc des révélations engendrées par l'ouverture au public des dossiers individuels.

Tout y est décortiqué, la propagande, la désinformation, la dénonciation, l'emprisonnement, la torture. C'en est terrifiant. Sous des airs de balade à travers les grandes villes de la RDA, l'autrice nous fait découvrir un système d'espionnage machiavélique, face à des personnages ordinaires qui ont fait preuve d'un courage admirable.

J'ai été atterrée par cette enquête édifiante, menée de façon originale au fil de rencontres et de visites des hauts lieux de la Stasi. Tout en révélant l'existence d'une fragile résistance, elle soulève la question de savoir comment un gouvernement a pu avilir ainsi tout un peuple et cette interrogation me trottera longtemps dans la tête.
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Effarant... C'est le mot qui vient à l'esprit quand on lit ces témoignages d'anciennes victimes ou d'anciens bourreaux de la RDA...
J'ai acheté ce livre pour le titre, parce que l'histoire de l'Allemagne me passionne, avant de lire le résumé m'apprenant...qu'il ne s'agissait pas d'un roman !
Si certains passages sont trop axés sur les sentiments de l'auteur (ses soirées alcoolisées pour se remettre d'une dure journée par exemple), les histoires personnelles des allemands à l'époque du mur sont passionnantes, édifiantes, effarantes..
Vraiment, on apprend beaucoup de choses en lisant "Stasiland"..
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L'auteur, d'origine australienne, a effectué des voyages en RDA et a séjourné dans cette ex-RDA après la chute du mur de Berlin. Elle raconte les existences des victimes du régime est-allemend et celles des anciens collaborateurs de la Stasi. On découvre un système pernicieux et cruel, des vies bouleversées. On apprend comment les victimes survivent à certains troumatismes et comment ceux qui ont été les rouages du système se reconvertissent.
Un livre qui fait parfois froid dans le dos, qui émeut et qui ouvre les yeux sur une époque.
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Anna Funder est Australienne. En 1996 elle a vécu à Berlin où elle travaillait pour une radio. C'est alors qu'elle a commencé à s'intéresser à ce qu'avait été la vie dans l'ex-RDA, sous le regard de la stasi. Elle rencontre et interroge des victimes de cet Etat policier mais aussi des acteurs de la surveillance et de l'intimidation, à plusieurs niveaux de responsabilité.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture que j'ai trouvé très intéressante. Certaines des histoires racontées m'ont fait froid dans le dos, notamment celle de Julia, la logeuse d'Anna Funder. Lycéenne brillante, particulièrement en langues, Julia voit les portes se fermer devant elle : elle n'est pas acceptée à la faculté de traduction et d'interprétariat et ne trouve aucun travail. Tout cela parce qu'elle a un petit ami italien et petit ami étranger = envie de quitter le pays. Convoquée pour un entretien elle découvre que presque toute sa vie est connue, toutes ses lettres ont été lues. Ce qui est bien montré c'est la torture qu'entraîne ce genre de procédé : si je ne suis pas admise, est-ce politique ou parce que je ne suis pas assez douée ?

Anna Funder s'investit personnellement dans son travail. Elle raconte ce qu'elle ressent et aussi des épisodes de sa vie personnelle qui interfèrent avec ses recherches. Au début j'ai trouvé que c'était de trop et qu'on n'en avait rien à faire mais finalement ça contribue à rendre l'ouvrage vivant et sympathique.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Est-ce vraiment un roman? Il est vrai que cet étrange et "romanesque" pays que fut Stasiland exista bel et bien... bel et mal?
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Avec ce documentaire aussi intéressant qu'émouvant qui se lit comme un roman, on ressent la peur qu'inspirait la Stasi au quotidien. Si la Stasi a aujourd'hui disparu, elle existe encore dans les esprits de ceux qui l'on connu que ce soit du côté des victimes que celui des bourreaux.
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Anna Funder a interviewé des gens ordinaires qui ont résisté à leur niveau au régime totalitaire est-allemand, mais également des gens qui ont travaillé pour la Stasi, la police politique de RDA, "l'État le plus étroitement surveillé de tous les temps" (dixit les médias allemands après la chute du Mur), où l'on estime qu'une personne sur 63 était un agent ou indicateur de la Stasi.
Et si l'on compte les indicateurs occasionnels, la proportion atteint le niveau hallucinant d'une personne sur 6,5, ce qui revient à dire que vous étiez pratiquement sûr qu'une personne de votre entourage rapportait vos faits et gestes à la Stasi, en gros, que tout le monde, TOUT LE MONDE était espionné par la Stasi.

J'ai trouvé cet ouvrage passionnant, éclairant, instructif, j'ai appris plein de choses sur les dirigeants de la Stasi et de la RDA et sur ce qu'il s'est passé à l'Est pendant 40 ans ; et les histoires avec un petit "h" qui ont fait L Histoire avec un grand "H" sont touchantes, révoltantes, tristes, malheureuses mais jamais inintéressantes.
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Même si ça lit comme un roman ce texte est en fait la compilation des rencontres d'Anna Funder avec des citoyens ordinaires de la RDA mais aussi des hommes qui ont été officiers ou ont travaillés pour la Stasi. Et c'est tout simplement passionnant. Car quand on pense espionnage et contrôle dans les pays de l'Est on pense KGB mais c'est oublié la machine de renseignements absolument implacable mise sur pieds en Allemagne de l'Est.

La grande, la très grande, force de cet ouvrage c'est d'être humain. L'auteur dépeint des hommes et des femmes irrémédiablement pris dans l'engrenage d'un système, ce qui ne veut pas dire qu'elle en excuse les bourreaux. le contrôle était poussé à un point tel qu'il est impossible de ne pas prendre certaines situations pour de l'absurdité sans nom. En fait, on bascule sans cesse entre l'absurdité et l'horreur comme quand on parle des échantillons d'odeurs que les membres de la Stasi collectaient sur les suspects avec pour but de s'en servir comme d'une empreinte digitale, ou encore les irradiations de prisonniers à leur insu.

Cela étant, je pense que le point le plus important abordé par Anna Funder est la notion de « mur dans la tête », cette peur, ce syndrome toujours bien présent dans les gestes quotidiens de ceux qui ont été des allemands de l'Est.
Lien : http://axlmag.over-blog.com/..
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