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Critique de julienleclerc45


Le roman commence par une description du lièvre d'Amérique. L'animal et ses nombreuses caractéristiques ouvrent, dans des courts chapitres, chaque partie du livre. À l'image du film d'Alain Resnais, Mon oncle d'Amérique (qui mettait en lien un romance avec les théories du biologiste Henri Laborit), Mireille Gagné trace des lignes parallèles autour de la figure de cette femme violentée par le travail. Chaque partie du livre suit le même ordre. Après le lièvre, c'est le quotidien de Diane qui est présenté avec la présence fantomatique d'Eugène, puis le déroulé sans ponctuation de son esprit et une illustration. Celle-ci, toujours identique, revient sans cesse, comme l'été avec Eugène et les obsessions de Diane. Cette femme est envahit par des vagues de sensations et d'informations que son esprit ne semble pas parvenir à intégrer.
Tout semble lui échapper. Son corps, son comportement, ses capacités et son esprit. le parallèle entre ces 4 sections ne fait pas office de comparaison mais ouvre un dialogue entre les sujets et les formes artistiques. Les rythmes s'entrechoquent. La précision des descriptions du lièvre se confronte au flou ressenti par Diane au cours de chaque journée. Son temps de compréhension est à l'opposé de la frénésie qu'elle constate en elle. Quand son esprit parle, on perçoit une analyse précise et angoissante de la réalité du travail. Diane est au milieu de plusieurs sensations et n'a pas la maîtrise de tout cela. Elle perd son individualité, soumise au regard de l'autre qu'il soit le mâle ou son patron.
C'est une cartographie des fragilités de l'être que dresse la romancière. Son écriture, par la richesse des registres maniés, esquisse toute la violence subie un individu face au déferlement du monde qui est loin de la nature. Alors que le lièvre trouve des ressources pour survivre dans la nature, l'être humain est dans un autre rapport à son environnement professionnel. L'intimité n'a plus sa place et l'être est conditionné par ce que lui demande son travail. L'humanité perd de son sensible pour être formaté pour le labeur. Mireille Gagné se concentre sur le déséquilibre du quotidien de cette femme, être qui ne préserve pas, ne se détache pas. Mais tout cela est-il vraiment possible ?
Lien : https://tourneurdepages.word..
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