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Critique de JCanonne


Bon allez, cela fait bien longtemps que je n'avais pas écrit de critique à la volée. Donc, c'est parti.

Qu'est-ce qu'une critique à la volée ? C'est une critique écrite d'une traite (ça, je sais faire), sans réfléchir (ça, je sais faire encore mieux), pour donner un ressenti sans chercher à tomber dans l'extravagance intellectuelle si chère aux torcheurs de cul sévissant dans certains magazines.

Alors le thème du jour sera double : une critique "littéraire" et une critique de série, concernant American Gods. Pourquoi double ? Tout simplement parce que le livre et la série se complètent fort bien.

Tout d'abord, le bouquin ! American Gods a été écrit par Neil Gaiman, un auteur/dessinateur américain que je connaissais surtout pour sa participation à l'excellent roman "De bons Présages" écrit main dans la main avec Sir Terry Pratchett. Bon déjà, c'est un bon point, si Terry l'avait choisi, c'est qu'il devait avoir du talent, le bougre. Et je ne saurai le faire mentir, car American Gods est puissamment puissant. Outre un véritable don de conteur, Gaiman a une imagination très fertile, mise à la disposition de sa plume simple, efficace et inventive (où l'on retrouve beaucoup d'humour noir entre les lignes). Mais qu'est-ce que ça raconte tout ça ?

Bon, là, on va essayer de ne pas spoiler comme un goret. American Gods nous narre l'histoire d'un mec appelé Ombre (déjà le nom...). Ombre est en tôle, mais plus pour très longtemps. D'ailleurs, il sort plus tôt que prévu. Une aubaine ? Non, il sort car il apprend que sa femme vient de mourir. Bon, déjà, le mec, la chance, il ne sait pas ce que c'est...Donc, un peu désemparé, mais sachant ce qu'il doit faire pour ces funérailles, il prend l'avion pour l'enterrer. Et il tombe (sans se faire mal, il a déjà assez mal comme ça, le pauvre) sur un étrange personnage nommé Voyageur (Mr Wednesday en version originale, et c'est bien mieux pour la compréhension). Ce dernier lui propose de devenir son garde du corps et son homme à tout-faire (et c'est peu dire) contre de l'argent. Ensemble, ils vont parcourir les USA et Ombre va découvrir un monde qui lui était inconnu : celui des Dieux.

Là, on va me dire que c'est capillotracté, tout ça. Et on aura raison. C'est capillotracté. Et c'est tout autant jouissif car nous sommes en présence d'une espèce de road-movie écrit, dans un cadre what the fuck, étrange, lugubre, sale. Là, déjà, je suis sûr que je retiens votre attention...Un étrange voyage les attend...où se mélangent croyance anciennes et nouvelles...où se mélangent philosophie crade et leçons de vie (et de mort)...

En réalité, le thème central d'American Gods demeure l'identité. Une identité perdue. Celle des USA, et celle d'Ombre. Comment définir l'un ou l'autre ? La culture, les mythes, les légendes sont pris dans une tornade moderne où l'identité de tout un chacun se perd au profit d'un grand tout indivisible.

Bref, c'est un voyage quasi initiatique qui vous attend. Dont vous ne sortirez pas indemne. Bien entendu, l'oeuvre n'est pas parfaite. Certains pourront la trouver longue, surtout au début où tout se met en place. Mais, si, comme moi, vous faites l'effort des quelques premières pages, vous serez happé par les qualités indéniables de ce roman, d'un genre très particulier, je me répète, mais particulièrement absorbant.

Fort du succès du livre (de nombreux prix en attestent), une série a vu le jour depuis peu, disponible pour les heureux abonnés d'Amazon Premium. Une série américaine créée par Bryan Fuller (Hannibal pour ne pas le citer) et Michael Green. Et là, on peut se demander comment les deux gars ont fait pour adapter une telle oeuvre foisonnante. Bah, simplement, avec talent.

La série reprend un rythme similaire au livre, et un visuel très particulier que les fans d'Hannibal reconnaitront tout de suite. C'est lent. C'est crade. Et c'est tout aussi jouissif (décidément, j'en ai plein sur le clavier). Avec un visuel détonnant. Avec une ambiance qui sert parfaitement ce WTF d'histoire de Dieux et de Déesses. Rien que l'opening vaut le coup, pour la musique et les images...

C'est un véritable prodige que de donner une image à un monde aussi torturé, et d'y donner le son adéquat. Une ambiance étrange, envoutante, et un tantinet morbide. Tout y est.

Fuller, qui décidément a une patte indéniable, rend véritablement hommage au roman. Mais, là, où ils font fort, c'est qu'il en reprend la trame principale, mais en réécrivant certaines parties. Il met en avant des Dieux tertiaires dans le livre, avec leurs histoires. Il souligne certains traits qui ne le sont pas par l'écrit. Bref, il complète parfaitement l'oeuvre de Gaiman. Si bien que la série et le roman en viennent à se compléter. Les faits divergent (pas de jeu de mots honteux, je vous prix), certains sont mis en exergue, mais ils forment un tout inaltérable.

Ainsi, on peut lire le roman, tout en conservant la surprise avec la série. Et, franchement, ça, chapeau ! Et je m'y connais en chapeaux !

Vous l'aurez compris : j'ai adoré le livre et je me suis délecté avec la série. Qu'importe l'ordre que vous suivrez, aimez American Gods ! Déjà, ça vous changera de vos lectures habituelles, et ça vous changera des séries que l'on nous vend comme "intelligentes". L'intelligence n'est pas là, où les mots sont nombreux. L'intelligence est là quand on cherche du sens.
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