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3,77

sur 1598 notes
American Gods est dans ma wishlist depuis si longtemps que je craignais un peu de m'y attaquer. Il s'agit tout de même d'un petit pavé et les retours là-dessus semblent divisés, tant sur le roman que sur la série télé (j'ai appris au passage qu'il existe également une adaptation en comics). Et c'est avec la version audio que j'ai fini par me lancer.

Neil Gaiman imagine, dans l'Amérique contemporaine, le conflit entre les anciens dieux en perte de vitesse (Odin, Tchernobog, Kali, Anubis, etc.) et les nouveaux dieux en plein essor (technologie, médias, capitalisme, etc.). le tout est perçu du point de vue d'Ombre, un simple mortel récemment sorti de prison, en deuil de sa femme infidèle, et engagé par l'un des anciens dieux pour lui servir (supposément) de garde du corps.

Voilà qui devrait donner lieu à une histoire bourrée d'action et de multiples rebondissements, non? Eh bien… non. Et mieux vaut ne pas s'y attendre si vous voulez apprécier pleinement ce roman. le rythme est lent, très lent, l'histoire très contemplative, truffée de digressions diverses et de références pointues à des mythologies parfois célèbres, parfois obscures. En fait, ça donne envie de lire avec Wikipédia ouvert en vis-à-vis. Personnellement, ça m'a beaucoup plu, j'adore cette façon d'aborder l'urban fantasy. Mais ça n'est pas pour tout le monde, surtout si vous cherchez plutôt une intrigue haletante.

Aussi, le personnage principal, Ombre, est plutôt passif vis-à-vis des événements qui se déroulent autour de lui – un trait de caractère bien justifié par son état d'esprit, et que j'ai pour ma part beaucoup plus apprécié que bien des héros d'autres oeuvres plus « actifs ». Son flegme est assez agréable à suivre. Toutefois, là encore, c'est quelque chose qui peut rebuter d'autres lecteur·ices.

L'ensemble donne l'impression que Neil Gaiman continue de creuser les thématiques et l'ambiance explorées dans Sandman, au point que je ne serais pas surprise que les deux oeuvres se déroulent dans le même univers. Histoires, dieux et mythologies naissent de l'imagination des mortel·les et de leur foi, et perdurent tant que leurs adeptes leur accorderont les sacrifices nécessaires (qu'il s'agisse du sang, de l'argent ou du temps). La particularité de l'Amérique vient du fait que la plupart de ses habitant·es sont venu·es d'ailleurs avec leurs propres dieux, qu'iels ont ensuite oublié pour en adorer d'autres. Mais l'Amérique n'est pas une terre propice aux dieux, tant aux anciens qu'aux nouveaux : ce n'est pas pour rien que ses habitant·es d'origine ne comptent pas de dieux dans leurs religions…

Neil Gaiman a eu l'idée de ce roman alors que lui-même (anglais) venait de déménager aux États-Unis, et j'ai l'impression que ça paraît dans le regard qu'il porte sur ce pays fondé sur le sang et l'argent : tantôt acéré et implacable, et parfois presque tendre avec certains personnages. (En tout cas, en tant qu'Européenne immigrée sur le continent américain, cet aspect m'a semblé assez frappant).

En résumé, une très chouette lecture d'urban fantasy, bien qu'un cran en-dessous des comics de Sandman et nettement moins accessible que Neverwhere. C'est plutôt ce dernier que je recommanderais si vous voulez vous lancer dans les romans de Neil Gaiman mais que les points mentionnés ci-dessus vous rebutent.
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Du surplace, j'ai fait du surplace, les pieds, lamentablement, collés aux pages, embourbé que j'étais et pourtant, oui, pourtant j'aime bien ce bonhomme là, son bouquin dans le grand magasin, dont j'ai oublié le titre, impeccable, à retenir et ses BD's aussi.
Mais là n'est pas le sujet;
Les dieux américains, au figuré s'entend, médias, presse, télé, ordinateurs, voitures, enfin tout ce qui est de la modernité d'un pays mais qui pourrait en être un autre, opposés aux dieux d'autres mythologies et ça en fait un paquet, croyez-moi. La guerre s'annonce entre ces deux parties, elle est imminente, on la sent, entre lignes, mais à la fin on l'attend toujours.
Mais bon ça c'est la trame, l'histoire c'est celle d'Ombre, un bonhomme qui se balade sans but et qui vit des aventures au cours de ses rencontres tout en ne sachant pas où il va (nous non plus d'ailleurs), ni pourquoi il y va (nonobstant la mort brutale de sa femme).

Bien sûr c'est le genre d'histoire qui peut être fichtrement intéressante pour autant qu'il y ait un tant soit peu de cohérence ou pour le moins un fil narratif tirant le lecteur par le bout de ses yeux. Point de cela et c'est quand même dommage même si, par-ci, par là, au fil des rencontres, une lumière appâte le lecteur, finalement, lamentablement sans saveur.
Cette fin qui est à l'opposé de l'entendement ou de l'attente, pourrait annoncer une suite (qui viendra peut-être?).

"Neverwhere", autre référence de Gaiman, est bien loin.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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INTERMINABLE...

Dans un grand bol commun, sélectionnez quelques dizaines de dieux antiques et plus ou moins oubliés, ajoutez un ex-taulard qui regrette ce temps perdu pour une peine méritée mais pour une erreur de parcours qu'il ne refera plus, faites se rencontrer les uns et les autres sans grande logique apparente. Compliquez l'appareil d'une véridique morte-vivante, follement amoureuse du précédent, son époux. N'oubliez pas de sucrer ces éléments de quelques rencontres brèves, inattendues, voyageuses et diversement amusantes. Aspergez d'un intrigant parfum de guerre à venir.
Réservez.

Dans un grand plat usé aux allures d'Etats-Unis - principalement de cette Amérique profonde des coins pommés, des régions à red-necks, des grandes plaines ininterrompues ou d'anciens lieux mystiques de ses premiers habitants humains, les amérindiens, vous ferez frire un Voyageur aux patronymes innombrables (Wotan, Gaut, Odin, "Le père de tout", etc), ayant l'envie d'en découdre avec ces nouveaux "dieux" parfaitement insipides et froids des USA d'aujourd'hui (Technologie, Ville, Monde, Media, etc). Poivrez d'un zeste de ce bon vieux Loki, toujours prompt à porter, surtout par la parole et le mensonge, un peu de chaos dans ce qui semble trop aller de soi. Salez de quelques remarques acerbes et vaguement humoristiques.
Mélangez le tout.
Garnissez de quelques petites historiettes éparses, sans vraies conséquences mais distrayantes, au sein de la trame générale.
Délayez autant que vous le pourrez. Encore un peu plus : allez ! Il faut que la pâte s'étale le plus possible. Comme tout gâteau sans saveur particulière, il faut au moins qu'il gonfle, qu'il attire le regard, qu'il prenne de l'espace...
Faites cuire à feu mou une bonne partie de la cuisson. Servez et avalez de préférence très vite, de crainte de vous perdre dans les méandres indigestes de cette pâtisserie aussi insipide qu'elle était pleine de promesse.
Oubliez.

Sous cet avant-dire sans doute sévère, c'est malheureusement tout ce qu'il restera de cette lecture fastidieuse, longue, décevante. Pourtant, la lecture des cent premières pages était pleine de promesse, malgré déjà, quelques truismes, quelques facilités. Mais l'entame était rythmée, laissant planer de multiples possibles de même qu'autant de mystères à résoudre, à découdre. Hélas, l'ensemble est servi par ce style écoeurant à force d'être invariablement le même pour toute une école littéraire américaine contemporaine, presque tous genres ou sous-genres confondus, ce style appris sur les bancs des universités, efficace sans nul doute, direct, sans fioriture inutile ni syntaxe dérangeante, mais qui tend ainsi à uniformiser toute production pour la niveler, la conforter, la conformer à une médiocrité moyenne, certes lisible par tous mais tellement sans aspérité que cela fini par en devenir désespérément pénible.
Tant que la tension narrative parvenait à faire oublier ce non-style, le compte n'y était sans doute pas, mais le plaisir de suivre ces personnages plus ou moins attachants - C'est le cas, presque unique, de cet Ombre, personnage principal, sorte d'anti-héros issu de cette middle class américaine en perdition et en manque de repère - dans leurs aventures abracadabrantes mais originales et qui parvenaient à faire oublier ce style de roman de gare (encore que dans les anciens mal nommés romans de gare, on trouvait parfois de vrais styles, mais passons).
Seulement, du souffle, il faut en avoir pour tenir ses six cents pages. Sans présumer de ce que Neil Gaiman est capable de produire par ailleurs - que nous ne connaissons pas -, ce roman-ci ressemble plutôt à l'exploit laborieux d'un asthmatique de l'écriture, sur plus des deux tiers de ce pavé, et pour tenir quatre cent pages d'un interminable ennui, il faut, reconnaissons-le, être un peu masochiste et, malgré tout, avoir un sens presque maladif de la curiosité pour poursuivre jusqu'à la fin. Et ce n'est pas en sur-multipliant les rôles, les personnages, les situations que les choses s'arrangent . Pire, protagonistes secondaires et mises en scènes finissent par se ressembler un peu tous, n'ont pour tout contours que le flou dans lequel ce non-style les maintient, se refusent à tout véritable attachement, se brisent sur l'imprécis de leur psychologies ou sur la rapidité faible des descriptions. Un comble : rédiger autant de pages pour en faire découvrir finalement si peu !
Pour les courageux qui auront tenu jusqu'à la fin de cette succession ininterrompue mais filandreuse de saynètes où l'on saute régulièrement du coq à l'âne sans aucune logique ni mise en forme (comme si Neil Gaiman avait préparé son bouquin pour être mis directement en feuilleton pour quelque compagnie d'Entertainment US, charge au réalisateur de s'en débrouiller ensuite), il faut admettre que les cent dernières pages redressent légèrement le cap. On s'y ennuie un peu moins, on parvient bon an, mal an, à y démêler les fils trop nombreux d'une intrigue finalement bien futile et moins complexe qu'il pouvait y paraître - Ah ! Ces bons vieux dieux de la mythologie scandinave tellement pratiques dans n'importe quelle histoire, tant ils sont polymorphes. Les auteurs de comics américains l'ont bien compris qui les usent jusqu'à la corde depuis soixante-dix ans -, mais qui se tient somme toute convenablement. Sans génie. Sans être nul non plus.
Quant à y trouver une critique de l'Amérique contemporaine... Oui, bien entendu. Une de plus a-t-on envie d'ajouter immédiatement... On est loin, cependant, de ce que les auteurs de la Lost Generation firent en leur temps, on est encore plus loin de ce que défourailla un Charles Bukowski, un Henri Miller en leur temps, ou de la vision plus insidieuse, moins frontale d'un Paul Auster, mais tout aussi terrible sur ce pays immense, froid, déshumanisé, accumulant les solitudes à l'incrédulité. Ce que Neil Gaiman défini par l'impossibilité qu'a cette terre à y laisser vivre et prospérer les dieux.

American Gods se voudrait de cette veine-là, à travers une fiction entremêlant fantastique et fantasy - après tout n'est-ce pas ce que fit aussi, et avec un incroyable talent, un H.P. Lovecraft jadis ? - mais il n'en a pas la moelle, ni le tempérament, ni la profondeur. À peine parvient-il à en effleurer la surface intranquille. du moins, dans ce roman-là, complète et interminable déception.
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Un petit Gaiman pour bien commencer l'année. On retrouve son talent de conteur que j'apprécie tant et ce contexte mythologique que j'avais adoré dans La mythologie viking.
Là encore l'histoire est un brin fourre-tout, prétexte à des flash-backs préhistoriques et antiques sur fond de naissance divine.
On suit Ombre, ancien détenu, dans un road trip à travers les Etats Unis en compagnie du mystérieux Voyageur, dont l'identité est dévoilée à travers de multiples indices (elle sera évidente aux amateurs de mythologie mais qu'importe). Les aventures sont rocambolesques, plus ancrées dans les légendes que dans la réalité mais la présence de multiples déités immigrées avec leurs croyants depuis bien longtemps servent cette atmosphère de rêve éveillé.
Comme toujours, j'ai apprécié le style de l'auteur, ses "méchants" dans lesquels je retrouvais un peu du duo Croup et Vandemar de Neverwhere (notamment chez les Nouveaux Dieux), le personnage principal est là aussi un peu effacé même si on s'y attache le principal c'est cette galerie de dieux oubliés, les légendes, cet orage en préparation et il faut avouer que le dénouement manque peut-être un peu de panache mais l'épilogue relance quelques fils qui pourraient être intéressants pour une suite (j'ai cru comprendre qu'Anansi Boys tenait plus ou moins ce rôle, j'irai donc y jeter un oeil avec plaisir).
Un presque coup de coeur pour cette épopée divine hivernale.
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American Gods ou american Goods ? Un pavé qui sonne comme un paquet de muesli quand on le secoue un peu. En bouche, on trouve des tas de petits trucs variés au goût fade qui croquent un peu sous la dent mais pas trop : les poncifs de l'Amérique contemporaine avec en filigrane la référence à un meltingpot culturel et religieux. Tel est Ombre, héros terne, costaud mais inactif, inséré dans le tissus d'une Amérique vue au travers des stéréotypes Hollywoodiens à l'eau de rose, balloté par les évènements, poussé par l'étrange Voyageur d'un piège à touriste à l'autre. Il avance sur la route sans trop comprendre où il va ni ce qui se passe (le lecteur non plus, soit dit en passant). A sa description floue, on se demande bien qui il peut être jusqu'à la toute fin... ou presque.

La construction du récit n'est pas vraiment linéaire. Ce n'est pas un simple roadmovie (ou l'équivalent littéraire) quoique les personnages soient le plus souvent rencontrés sur le bord du chemin. le plus décevant touche le développement des aventures au creux de l'hiver qui tourne court. le long passage qui se déroule à Lakeside n'a pas de conclusion. Pas qui soit satisfaisante pendant la lecture. Pas De révélation fracassante, pas de chute de fin de scène. Des fils sont dénoués, tirés mais on n'en voit pas le bout. Juste des débuts d'histoires. Des situations mystérieuses. Au moins une qui commence comme un polard : on se demande qui fait disparaître ces jeunes gens chaque année. Allusions, plongée dans l'histoire ancienne de la ville qui fait référence à un personnage truculent dont on aimerait bien qu'il soit sinon le responsable peut-être la clé qui conduit à la solution de l'énigme. Mais non ! Tout s'arrête. le héros (ou l'antihéros) est retiré de cette trame narrative pour être projeté ailleurs dans les coulisses du monde en laissant le lecteur très frustré. En tout cas, moi, je l'ai été. le retournement final conclut l'histoire principale sans tambour ni trompette. Encore une frustration. Il faut attendre les toutes dernières pages (un peu comme dans ces films où après le générique de fin, le réalisateur colle encore une dernière scène qui laisse entrevoir la possibilité d'une suite) pour enfin être confirmé dans les déductions que l'on n'avait pas manqué de faire.

Un bon bouquin, ceci dit. J'ai délibérément fait trainer la lecture aussi longtemps que possible car j'ai vraiment apprécié de m'y replonger encore et encore...
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Le monde est bizarrement foutu, vous ne trouvez pas ? Les bonnes nouvelles ne vont jamais seules et sont toujours contrebalancées par d'autres bien pires. Prenons un exemple : on vient vous chercher dans votre cellule de pénitencier pour vous annoncer votre libération anticipée. Vous avez à peine le temps de vous réjouir que vous apprenez que ce bienfait est dû à la mort brutale de votre femme, tuée la veille dans un accident de voiture. le pire étant qu'elle est morte le pénis de votre meilleur ami entre les dents. Ces choses-là arrivent, vous savez… C'est précisément le cas pour Ombre Moon. le voici sur la route de sa ville natale pour y enterrer l'épouse qu'il a éperdument aimée et essayer - sans grand enthousiasme - de recommencer une nouvelle vie. Dans un avion, il croise un curieux homme d'affaire nommé Voyageur qui lui propose de travailler pour lui quelques temps. le job ? Rien du plus simple : l'accompagner, le protéger et l'aider à réunir quelques vieux amis pour une entreprise de son cru.

Ombre accepte. Il a tort mais l'ignore encore car Voyageur n'est pas un homme d'affaire comme les autres. Longtemps auparavant, son oeil droit fut énuclé et lui-même fut pendu pendant neuf jours dans un arbre pour y apprendre tout le savoir du monde. Encore aujourd'hui, deux corbeaux l'accompagnent et viennent lui croasser à l'oreille tous les secrets de la terre. Et ses “vieux amis” ne sont pas en reste. Chauffeurs de taxi aux yeux de feu, prostitués aux pouvoirs sulfureux, croques-mort aux curieux talents de métamorphe… Ils sont tous arrivés sur le continent américain, des siècles, voire bien davantage, auparavant. Ils y sont venus avec leurs prêtres et leurs croyants, y ont grandi et prospéré avant de connaître la lente déchéance de l'oubli. Aujourd'hui, ils vivotent, grappillant ça et là quelques miettes de croyance. Mais ils n'ont pas dit leur dernier mot pour autant. Car une guerre s'annonce, la plus grande guerre que le monde ait jamais connu et elle opposera les vieux dieux aux nouveaux - les parvenus, les arrivistes, ceux qui leur ont dérobé leurs croyants et s'apprêtent maintenant à les rayer de la surface du monde. Et, dans cette guerre totale, absolue, Ombre sera au premier rang.

A la base, “American Gods” et moi, c'est un peu un rendez-vous raté. J'avais lu ce roman à l'adolescence après ma découverte enthousiaste de “Neverwhere” du même auteur et de la série des “Sandman” et je l'avais jugé… Eh bien, ma foi, pas inintéressant mais assez longuet avec un personnage principal sans intérêt et une fin frustrante. Très favorablement impressionnée par l'adaptation récente en série télévisée et amusée par la lecture récente d'un recueil de mythes nordiques rédigé par Gaiman, j'ai décidé de lui donner une seconde chance. Bonne initiative puisque cette seconde lecture, sans être un vrai coup de coeur, s'est révélée beaucoup plus satisfaisante que la première. Si Ombre reste un protagoniste assez fadasse à mon goût, les nombreux personnages bizarres, déroutants ou inquiétants qu'il croisera dans son périple valent en revanche le détour. C'est dans leur caractérisation et leur étrangeté fascinante que la riche imagination de Gaiman se déploie et parvient à captiver l'attention du lecteur.

Peu de rebondissement dans cette curieuse odyssée aux allures de road-movie halluciné, mais une lente montée en puissance savamment orchestrée. Beaucoup d'allusions, de non-dits, de mensonges et d'énigmes sans solution. Après ce long trip légèrement hypnotique, on peut facilement être déçu par la toute fin du récit et son refus assumé du spectaculaire. Gaiman a fait germer en nous des attentes, les a entretenues pour mieux les décevoir et nous offrir un dénouement tout autre que celui que l'on souhaitait et que l'on avait l'impression - à tort ou à raison - de mériter. C'est à la fois habile, original et un peu agaçant. Clairement pas mon oeuvre préférée de Gaiman, mais un ovni littéraire tout à fait digne d'intérêt qui en enchantera certains comme il en ennuiera profondément d'autres. A lire pour vous faire votre propre opinion.
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Gros coup de coeur pour ce livre !

L'histoire commence avec Ombre, qui sort de prison pour retrouver son épouse et son meilleur ami. Malheureusement pour lui, ils meurent dans un accident de voiture la veille de sa libération. Ombre apprend de plus qu'ils étaient amants. Il va se faire ensuite engagé par un type louche, Voyageur, et va se retrouver au centre d'une bataille entre les anciens dieux et les nouveaux.

Les anciens dieux tentent de survivre comme ils peuvent : l'un d'entre eux travaille dans un abattoir pour que des boeufs soient toujours sacrifiés en son nom, des dieux égyptiens tiennent une entreprise de pompes funèbres pour continuer à momifier, une déesse se prostitue pour être encore vénérée, ... Les nouveaux dieux (la technologie, le progrès) tentent de les éliminer définitivement.

Le rythme est soutenu, la mythologie se trouve partout, le récit est entre-coupé par des petits passages qui expliquent comment tous ces dieux sont arrivés en Amérique. Que du bonheur !
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Livre le plus connu de cet auteur et ça sera ma 3ème lecture de lui. Je l'ai trouvé dans une bourse aux livres l'an dernier. Ayant quelques a priori avec cet auteur, j'ai donc testé le début en audio (2h10).

Au final, je n'aurais pas pu tenir ce court extrait. Au bout d'1h30, j'ai abandonné ce texte improbable dont je ne goûte ni l'humour ni l'histoire. Dès le départ, je me suis ennuyée avec l'histoire d'Ombre en me demandant pourquoi je l'avais acheté en papier… J'ai relu le résumé, me suis dit « pourquoi pas ? » et j'ai essayé de maintenir mon attention pour découvrir cette partie. Plus d'une fois, mon attention a décroché tant je m'ennuyais de cet enchaînement de faits sans grand intérêt. On dirait que les évènements ont été mis bout à bout pour faire une histoire. Déjà, je ne comprenais pas bien le personnage d'Ombre ainsi que ses élucubrations. Ensuite, vient le Voyageur et son acolyte… Je dois dire qu'à ce moment-là, mon attention battait déjà la campagne. Il faut croire que le style et l'imagination de cet auteur ne sont vraiment pas fait pour moi.

Comme vous l'aurez compris, ce roman très apprécié a été une déception pour ma part et un abandon rapide. Même en faisant plus attention aux résumés, j'arrive encore à me faire avoir par des éditeurs peu scrupuleux de leurs lecteurs. Je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis. Pour ma part, j'arrête les frais avec cet auteur.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Ombre a bientôt terminé de purger sa peine. Sa femme, Laura l'attend, et son ami, Robbie, a un travail pour lui, dans sa salle de sport, la Musclerie. Tout s'annonce parfait pour un nouveau départ, sauf que trois jours avant sa libération, on lui apprend que Laura vient de mourir dans un accident de voiture. Et Rob avec elle.

Comme Ombre n'a plus rien qui l'attend, dorénavant, ni épouse, ni job, il n'a aucune raison de décliner l'étrange contrat d'un mystérieux inconnu. Celui qui se fait appeler Voyageur lui propose en effet de travailler pour lui, de le protéger, de le promener, de faire ses courses, de brutaliser qui a besoin de l'être en cas d'urgence, et dans l'improbable cas de son décès, de le veiller. Pacte celé par trois coupes d'hydromel brun doré, en présence d'un tordu prétendant être un leprechaun, Sweeny le Dingue.

Comme Ombre est loin d'être bête, il se rendra vite compte que Voyageur est un dieu, Odin, en l'occurrence, le Père de tout, le roi du mensonge et des arnaques en tout genre, y compris celles à quatre mains. Et qu'il n'est pas seul : des quantités d'autres anciens dieux ont débarqué en Amérique avec les premiers colons, et ont du mal à survivre, privés de fidèles sur cette terre peu propice à la foi, concurrencés par tous ces nouveaux dieux aussi éphémères que variés : Media, BigMack et compagnie. Sous la houlette d'un mystérieux M. Monde, ils traquent et massacrent les anciens dieux, que Voyageur a entrepris de rassembler pour organiser la riposte et se préparer à l'inéluctable guerre.

American Gods, c'est 661 pages qui passent à une allure folle. C'est une galerie de personnages plus passionnants les uns que les autres : Czenoborg, Bielobog et les Zorya, Ibis et Chaquel, les entrepreneurs de pompes funèbres, Laura la zombie, M. Nancy, le grand black-araignée, Sweeny le Dingue, qui est vraiment un leprechaun, Sam-fille, le sinistre Hinzelmann, le Bison, qui est l'Esprit du Pays, Bastet, qui va aider Ombre au Pays des Morts, Easter, Horus, sans oublier bien sûr Locki, car c'est bien connu, quand Odin est dans le coin, Locki n'est jamais loin...

American Gods, c'est une alternance de chapitres racontant l'histoire d'Ombre, la quête de Voyageur et de la préparation de la guerre, l'arrivée des dieux en Amérique. C'est un fourmillement de légendes et de mythologies entrelacées en un tout cohérent, et remarquablement mis en scène.

American Gods, c'est aussi la quête d'Ombre pour le salut de son âme : au cours d'un rêve, il se voit escalader une montagne de crânes. Tous ont été siens, et la question lui est posée : que fera-t-il de cette vie-ci ? Et à ce cheminement initiatique se mêle aussi une quête d'identité.

De belles rencontres en amitiés, de paris insensés en révélations incroyables, American Gods est un roman qui ne me laissera qu'un seul regret : celui de l'avoir terminé.



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J'adore ce type de romans américains où l'on est embarqué avec les personnages dans un road movie à travers l'Amérique profonde. C'est exactement ce qu'on a dans American Gods. On parcourt en effet le territoire à bord d'une vieille voiture (relique de temps révoqués mais bien meilleurs). Villes, campagnes, routes secondaires, motels miteux… : bienvenue en Amérique !
J'ai toujours trouvé cela assez fascinant de prendre la route dans ce pays qui s'y prête particulièrement bien. Ici, cela marche d'autant mieux que l'on se trouve au carrefour de cultures et de valeurs très différentes. Au-delà de l'opposition villes/campagne et de la différence Nord/Sud, on a également une opposition entre Anciens et Modernes, à travers le conflit des anciens Dieux et des Nouveaux. Au roi $ et aux médias puissants s'opposent les valeurs et symboles d'une ancienne Amérique florissante : anciens Dieux oubliés, culture millénaire en perdition. On peut y voir une sorte d'opposition "permanence du passé – fulgurance du présent". Un équilibre fragile qui nous donne la sensation à chaque instant d'être sur un fil.

J'ai surtout eu l'impression de lire une partie d'échecs. Deux camps, et chacun avance ses pions, élabore une stratégie défensive/offensive, puis étudie les mouvements de l'autre. Mais pour que ce soit plus passionnant que ça, Neil Gaiman rajoute du piment. Un personnage lambda placé juste entre les deux, Shadow Moon. On ne sait pas trop pendant un temps ce qu'il fiche là (lui non plus d'ailleurs). Mais ça apporte quelque chose d'assez surprenant. D'autant qu'il est accompagné de Laura, son épouse. Et autour de ce duo improbable se tisse toute une histoire parallèle qui s'imbrique dans la principale. Et puis il y a la recherche d'alliés par Voyageur et Shadow, ce qui nous amène à parcourir ces Etats-(dés)Unis (le plateau de jeu) pour rencontrer toutes sortes de divinités anciennes dans le corps et la peau de personnages très différents et plus ou moins modernes.

Ajoutons à cela un cadre urban fantasy. On est totalement dans ce registre et c'est très réussi. Ajoutons à cela une flopée de rêves, pas mal d'interludes « historiques »… Et on a un texte qui semble décousu, partant dans tous les sens avec pas mal de longueurs parfois. Mais tout cela mis bout à bout donne une fresque assez farfelue et cohérente à la fois. Une sorte de reflet assez réaliste de ce qu'est ce pays si grand et bourré de contradictions. J'ai également adoré ici le dialogue entre magie et nouvelles technologies, personnifiées en Dieux nouveaux.

En revanche, côté structure du roman et construction de l'intrigue, American Gods ne se révèle pas innovant. le roman se lit comme une sorte de conte, une critique assez féroce de la société américaine contemporaine. D'ailleurs, le langage très oral et vulgaire s'accorde bien au délitement de ce monde en perdition. Et d'autre part, sur le motif de la quête, qui est double : quête de sens pour Shadow et de rédemption pour Laura.
Neil Gaiman découpe son roman en plusieurs parties, entrecoupées de trois interludes. J'ai beaucoup aimé les récits de la construction américaine, donnant à l'ensemble une coloration Historique. Comme un contexte dans lequel la petite histoire s'intègre. Il en résulte de longues réflexions sur l'identité et la construction américaines, notamment à travers le regard de M. Chaquel, évoquant notamment l'esclavage. J'ai eu la sensation qu'on me disait qu'en fait, l'origine même de cette nation était pourrie, rongée par les vers dès ses débuts. American Gods se situe alors dans la continuité, faisant s'affronter deux systèmes de valeurs dans la violence et le sang. Comme une répétition encore et encore de ce qui s'est joué plusieurs siècles auparavant.
Enfin, j'ai été assez surprise du twist final. Et je dois dire que je ne m'y attendais pas du tout. de quoi remettre tout mon bla-bla précédent en question. Bref, un roman qui jusqu'au bout tient ses promesses et son lecteur en haleine. Et ce, malgré des longueurs évidentes, des à-côtés parfois un peu répétitifs et certains fils laissés de côté.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/n..
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