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Six personnages en quête de réel

Pour son premier roman, Basile Galais a choisi de nous transporter dans une cité portuaire, dans un monde où la vérité a disparu. Alors tous ses personnages tentent de la retrouver. Déroutant, troublant, étrange.

« Les Sables est venu avec le vent, porté par les bourrasques qui s'engouffraient entre les immeubles droits d'une ville, celle du Havre, de la Cité, un espace traversé de lumières qui a ouvert un interstice dans lequel je me suis coulé. Car il est avant tout question d'une plongée en écriture, une immersion totale qui m'a saisi et a saisi, d'un même élan, chacun des personnages, nous mettant au même rang. » Après avoir fait les Beaux-Arts, c'est au bénéfice d'une résidence d'écriture au Havre que Basile Galais a écrit ce premier roman très singulier.
À l'image de Marlo, le premier personnage à entrer en scène dans cette dystopie, le lecteur est en permanence appelé à se mettre au diapason des personnages, tous en quête de vérité. Pour Marlo, il ne semble pas y avoir de doute. Il se souvient nettement du déroulé des événements. Sur la jetée, il a assisté à une altercation entre deux groupes d'hommes avant de rentrer chez lui retrouver ses parents et son frère jumeau. Mais le lendemain, tout le monde avait disparu, même un bout du complexe portuaire, avalé par sa mémoire ou par la force des éléments.
Ester, quant à elle, doit rejoindre un centre de recherches accessible uniquement par bateau. Une mission curieuse qui la déstabilise, les instructions restant parcellaires. Il faut avouer que pour une professeure de linguistique ces mots qui perdent leur sens sont tout sauf rassurants. Et les choses ne vont pas aller en s'arrangeant car on a annoncé la mort du Guide. Peut-être la dernière figure tutélaire à laquelle se raccrocher. Même si presque simultanément l'image se brouille à nouveau. Il est question de fake news. Mais le doute persiste et ronge les esprits. «C'est comme si son expérience sur l'île et la mort du Guide n'étaient qu'une seule et même chose, une sorte de jeu de miroirs orchestré par un illusionniste voulant la rendre folle.» D'ailleurs, elle semble incapable d'une pensée structurée, ce qui pour une enseignante est un gros handicap. Ses élèves vont en faire la douloureuse expérience.
Pourra-t-elle compter sur Gaspar qui a fait ce curieux voyage avec elle. Mais ce peintre est lui aussi confronté à une énigme. Quels sont ces visages qui apparaissent? Ont-ils un lien avec la mort du Guide? Lui qui essaie de saisir le réel pour le retranscrire, de déposer sur sa toile les nuances de couleur, de lumière, de densité peine aussi à transcender son ressenti dans ses oeuvres.
Alors qu'il se rapproche d'Ester, qu'ils font l'amour, le mystère n'en reste pas moins entier. «Tout est noyé dans une sorte de doute que les personnages tentent de résoudre en courant, à leurs risques et périls, après une vérité qui se dérobe» explique Basile Galais dans un entretien accordé à Maze.
C'est cette étrangeté, cette ambiance particulière que plusieurs autres personnages vont traverser, à commencer par Maeva, la journaliste et Henri le photographe, tous deux en quête de légitimité. Sans oublier Alexander, sorte d'agent secret retiré des affaires pour jouir de ses biens, un appartement avec une piscine étonnante et dont la relation avec Ester reste bien mystérieuse. Un mystère qui plane encore davantage sur Dennis, spécialistes des mondes virtuels et dont on comprend qu'il est sans doute celui qui a le plus de mal à faire le tri entre le vrai et le faux, le virtuel et le réel. Peut-être qu'à la nuit tombée, lui aussi trouvera de quoi se rassurer dans le sexe.
Basile Galais dit ici toute l'étrangeté de notre société, bombardée par des images et de l'information en continu, mais qui a du plus en plus de peine à faire le tri, à discerner l'important du superflu, le vrai du faux. À l'image de quelques-uns de ses personnages, il nous suggère de trouver des points d'ancrage dans l'art et la culture. La photographie, la peinture, l'écriture deviennent alors les nouvelles frontières. Celles qui nous offrent la liberté.


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« Rien ne se fixe, les définitions s'évanouissent dans l'impression. C'est à cet endroit précis que la peinture de Gaspar se situe ».
Peut-être est-ce dans une zone assez proche que se situerait l'intrigue de ce roman, une zone pleine de mystères et d'incertitudes, qui filerait entre les doigts comme « les sables ».

« –Il faut donc abandonner, laisser les choses disparaître et faire comme si de rien n'était ?
– Je ne dis pas ça.
– Qu'est-ce que vous dites alors ?
– Il y a des choses qui nous dépassent, il faut l'accepter. »
Peut-être faudrait-il de mon côté accepter l'idée de voir certaines choses disparaître aussi, comme une forme de certitude à la lecture d'un roman. Peut-être même qu'il s'agirait du ressort essentiel de ce texte, basé sur la fluctuation de la vérité, dans un climat en clair-obscur d'intranquillité, d'anxiété voire d'angoisse. Peut-être, vu que rien n'a l'air d'être trop sûr par ici.

On serait quelque part dans une Cité portuaire où un enfant à six doigts aurait disparu, où une île se serait formée avant de disparaître à son tour. On serait bien dans l'imaginaire, à la lisière du conte. Et l'on suivrait ainsi six personnages tour à tour, parfois professeur, peintre ou simplement riche, tous semblant perdre le fil eux aussi, de leur raison ou de l'univers qui les façonne. Il y aurait bien des points d'ancrage à tout ça, comme l'annonce sur les réseaux d'un guide qui serait mort, mais même cela deviendrait incertain, puisqu'il s'agirait d'une fake news. Il y aurait aussi un personnage de dame aux pigeons récurrent dans l'histoire qui nous exhorterait à écouter les oiseaux. Il y aurait surtout une ambiance grise dans un ciel parfois laiteux parcouru de goélands, une ambiance inquiète, déstabilisante et déroutante, obsédée par l'image d'une foule éplorée par la mort du guide. Une ambiance où la lumière y serait omniprésente et variable, influente pour les personnages comme pour le lecteur. Et en tout cela ce roman serait une réussite. Il grefferait ses doses de mystères lancinants dans la tête du lecteur. Mais malgré tout, je me serais peut-être lassé. Peu à peu je me serais senti comme invité à admirer une performance littéraire derrière une vitrine, mais sans avoir accès à l'attachement ou l'empathie, sans être accroché véritablement par cette histoire et ses mystères dont on se douterait vite qu'ils n'auraient pas de réponse, bref, tous les trucs classiques qui sembleraient quelque peu délaissés par ici m'auraient manqué. J'aurais eu la sensation d'être dans un roman concept poussé à son paroxysme, qui m'aurait semblé éloigné de mon plaisir de lecteur, certes subjectif. Mais peut-être que ça aurait été juste une histoire de moment, peut-être pas le bon pour moi. Peut-être, vu que mes certitudes auraient elles aussi pu se diluer dans la lecture.

En tout cas voilà un premier roman singulier de Basile Galais, à la plume ciselée qui m'a paru paradoxalement précise dans l'incertitude généralisée de l'intrigue. Il est issu du master de création littéraire du Havre après avoir fait les Beaux-Arts, master qui fournit deux autres primo-romanciers pour cette rentrée (à ma connaissance), Lily Nyssen pour « L'effet Titanic »  et Claire Baglin avec « En salle » . J'avais par ailleurs beaucoup aimé « Aulus » de Zoé Cosson l'année dernière, elle aussi issue de ce cursus, et j'ai ressenti chez les deux une maîtrise certaine dans l'écriture, alliée à une soif de recherche littéraire intéressante à découvrir.
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Sur la foi d'une critique enthousiaste , j'ai entrepris de lire ce premier roman . Un livre présenté comme poétique , fantastique et vertigineux, bourré de trucs formidables ("puissance d'évocation", "roman-monde", tout ça) .
Bref, je l'ai lu.
J'aurais pas dû.
Parce que très sincèrement, je ne trouve rien de positif à en dire. L'histoire est relativement banale : une zone a disparu dans un cataclysme dont on ignore la nature précise, une rumeur revient tous les dix ans hanter la population, des gens ont le sentiment confus de savoir ce qui perturbe ce monde mais - fatalement - ne parviennent pas à s'en rappeler et deviennent plus ou moins dingos. Ah oui, j'oubliais: un enfant seul et ensauvagé obsède tous les personnages de l'histoire, présentés l'un après l'autre au fil des chapitres, et qui fournissent différents points de vue sur ce qui s'est passé. En gros, le début de "Rencontres du 3e type" avec un zeste d' "Inception", on secoue bien tout ça et on rajoute un peu de cul, d'exotisme et de sable. Voilà, ça fait un gros pâté et tout le monde est content.
L'écrivain doit être content, lui, parce qu'il se voit écrire comme d'autres s'écoutent parler. le style est prétentieux, voire ampoulé par moments, et c'est bien dommage qu'il n'ait pas réussi à placer le mot "coruscant" parce que je l'aime bien. Pour le reste, je crois qu'il a fait carton plein, se permettant même une sorte d'auto-congratulation à travers le personnage d'une enseignante en transe qui subjugue ses étudiants par la puissance de son discours.
Et pourtant c'est vrai, quelquefois les mots nous entraînent, et l'on se préoccupe peu de savoir ce qu'ils racontent si la beauté est au rendez-vous.
Parfois, mais pas là. On est bien loin de Montmartre, Blaise. Pardon, Basile. On est même très loin d'un roman abouti. D'une histoire charpentée. Une astuce narrative mille fois rebattue - le changement de perspective - ne fait pas la grandeur d'un texte. Pas plus que les crises de nerfs à l'écran ne font les grands acteurs. Pas davantage la vélocité les bons musiciens.
On peut se faire plaisir en écrivant, je pense, et c'est même recommandé. On peut se faire plaisir de bien des façons. Mais ce n'est peut-être pas nécessaire de partager cela avec autrui. Et dans bien des cas c'est même recommandé de garder pour soi certaines choses.
J'espère donc que ce premier roman sera le dernier.



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Voilà un premier roman tout à fait singulier.
Personnages atipyques arrivés dont ne sait où, et qui vont on ne sait où également. Paysages à la fois coutumiers et singuliers dans lesquels les populations partent à la dérive.
Un enfant disparaît, une île apparaît et disparaît à son tour, transformant à tout jamais la vie de certains visiteurs. Une professeur qui ne peut plus continuer à vivre comme avant, un artiste peintre qui cherche dans un regard la vérité qui lui échappe, un homme immensément riche qui manipule la population de la Cité après avoir construit une île mystérieuse. Un guide qui est mort, enfin, sauf si c'est une fake news comme cela semble être... Et tous les autres.

Dans cette citée, ces paysages, ces sables, rien ne semble réel et le lecteur que je suis s'est totalement perdue à vouloir suivre, entendre, comprendre. Une expérience de lecture étonnante car malgré ce brouillard opaque dans lequel l'auteur m'a plongée j'avais envie de continuer, sans toutefois comprendre où j'allais.
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Est-ce que ça vous est déjà arrivé d'être embarqué dans une lecture, de ne pas trop savoir ce que vous êtes en train de lire mais d'être pris dans l'atmosphère un peu comme dans une toile d'araignée ? D'avoir envie de continuer même si les brumes continuent de recouvrir le paysage et les rouages de votre esprit ? C'est ce qu'il s'est produit pour moi avec ce texte. J'ai été prise dans une sorte de charme et pourtant, je ne sais toujours pas dire ce que j'ai lu exactement. J'ai perçu des échos, des images sublimées et déformées de notre monde. J'ai côtoyé des solitudes, des douleurs, des ambitions déçues, des traumatismes persistants. Je me suis cognée contre des écrans, des vitres et peut-être aussi des mirages. J'ai frôlé des personnages sans parvenir à les saisir, parce qu'eux-mêmes ne sont pas très sûrs d'avoir une existence. J'ai reconnu pourtant des bribes de réalité, des sensations, une sorte d'abîme vers lequel nous filons tout droit. C'est tout à l'honneur de ce néo-romancier que d'arriver à faire surgir cet univers tout à fait singulier, servi par une langue précise et travaillée juste ce qu'il faut ; il prend le risque de perdre pas mal de lecteurs dans cette cité portuaire, d'en laisser certains à quai mais il réussit également à laisser une véritable empreinte. Je ne sais pas ce que j'ai lu mais ça me trotte sacrément dans la tête.
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Moi aussi, j'ai lu ce livre parce que la critique était enthousiaste.
Et bien, moi je ne le suis pas, pas du tout.

Et cela m'inspire des considérations sur tous ces romans contemporains (à ne pas mettre tous dans le même panier peut-être...)

Depuis quelques années, les auteurs nous balancent des thèmes et des textes qu'ils veulent originaux... et c'est d'un ennui profond.

Depuis que le roman existe, les auteurs reconnus, talentueux, ont écrit sans avoir besoin de tirer sur la corde pour essayer d'accrocher un lectorat.

Ce sont le style, les qualités littéraires, en un mot le "talent" de traiter un sujet même rebattu, qui font un grand écrivain.


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Les sables est le premier roman de Basile Galais...

J'habite en bord de mer, je reconnais cette sensation étrange quand l'océan se nappe d'un voile blanc, que l'on entend plus que la corne de brume du bac au loin, l'impression puissante d'être seul au monde.

Basile Galais a capté un peu tout ça et l'air semble même se raréfier à mesure que l'on avance dans la lecture. Une oppression basée sur de l'incompréhension, une sensation qui se diffuse comme du venin entre mysticisme, fake news balancées à longueur de temps à la télé et comportements irrationnels…
Une atmosphère à la Dune, sombre, mystérieuse et oppressante.

Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris à la narration, est-ce qu'il le faut vraiment ? Est-ce qu'il ne vaut mieux pas rester dans un certain flou parfois ?

On passe d'un chapitre à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'un regard, d'une émotion sans doute aussi, à l'autre.

Mais toujours une île, une cité portuaire (Basile Galais a vécu au Havre…) et un cataclysme dont on ne sait finalement pas grand-chose…
C'est un premier roman, son auteur vit sur un voilier dans la rade de Nouméa, voilà qui aurait pu lui souffler des mots, une attitude littéraire.

Un roman qui m'a plongée dans l'incertitude, je ne suis pas sûre de l'aimer ou pas, je ne suis pas certaine d'avoir lu ce que mes yeux y ont vu (je crois que chacun peut vraiment s'en faire une idée différente).

J'ai deviné un énorme travail sur l'image (ce n'est pas très étonnant lorsque l'on sait que l'auteur vient des Beaux-arts), sur la scénographie, sur la perception (qui n'est jamais la même selon les personnages évidemment).

Étrange et sensoriel !
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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Roman de la rentrée littéraire 2022 chez Actes Sud, le pitch de Les sables de Basile Galais suscita chez moi une curiosité que j'ai étouffé par la lecture du roman. Promesse stylistique. Courage éditorial. On avance dans les marges à la frontière de l'artistique. Soit !

Quand je parle de style littéraire, je fais souvent référence à agencement des mots, les choix lexicaux, l'ambition des phrases à être explicites ou sibyllines. Cela peut être la structure de la narration, souvent plus difficile à déceler pour le lecteur distrait que je suis. Pour Les sables de Basile Galais, le style est un tantinet hors de ma définition.

Ce roman est un roman à la marge. L'univers décrit relève du sensoriel, limite de l'abstraction. Chaque paragraphe donne la voix à un personnage qui existe dans la même unité géographique incertaine. Les sables est un passage de relais avec un évènement puissant et global dont le sens est peu précis (ou trop ?).

je n'ai pas trop aiméet c'est probablement car je n'ai pas compris les ambitions de l'auteur, ni le sens de Les sables. Je ne suis pas rentré dans ce roman de Basile Galais qui pourtant, me semble-t-il mérite un peu d'attention car il est clairement en dehors de cette production stylistiquement sans goût. À tout égard, ma sensibilité ça plutôt vers Marin Fouqué dont le style a plus de sens.
Lien : http://livrepoche.fr/les-sab..
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Le Guide est mort, un enfant a disparu au sein de la cité, Marlo erre. Fake News. Ambiance fin d'une ère.

Une première scène énigmatique ouvre « Les sables » au sein de la Cité, à la lisière entre réalité et science fiction. Puis nous montons à bord d'un bateau pour un voyage surprenant que nous découvrons à travers le regard de plusieurs personnages. Maeva, Henri, Denis, Gaspard, Esther. Journaliste, artiste, professeure, programmeur. Des profils éclectiques, des liens qui se créent avec un seul point commun à tous : le Guide est Mort. Qui est ce Guide? Quel est ce bateau sur lequel ils ont embarqué ? Une montagne de questions s'érige tout du long de la lecture, les repères spatio temporels sont implicites.

C'est une lecture ovni déroutante dans laquelle j'ai perçu une métaphore franche de notre monde actuel à travers la Fake News et les écrans multiples diffusant des images hypnotisantes. Des images faites pour semer le trouble et effrayer les téléspectateurs. Comment déceler le vrai du faux à travers ces écrans ?

Et puis il a cette Cité évoquée, grise et plombante. Est-elle notre monde au milieu d'un univers immensément grand où nous ne sommes finalement rien ou peu ? Une cité à la dérive… La mort du Guide sonnerait-elle la fin d'une ère politique ?

Basile Galais évoque les sens et dépeint les paysages avec un tel réalisme que ça en est déconcertant. J'ai navigué à vue dans Les Sables et le plaisir de lire est monté crescendo. À l'instar des écrans, j'ai été happé par cette écriture incisive et d'une exigence folle. C'était décalé et pourtant si réaliste. En bref, Basile Galais nous plonge dans un mode d'hier, d'aujourd'hui et surtout de demain qui appelle à l'aide.
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Les sables / Basile Galais
Au début on découvre une cité portuaire de verre et de béton posée sur le sable, une ville amputée d'un morceau de terre suite à un cataclysme. Une béance a fait disparaitre la jetée du port et la zone est devenue une île à la dérive. Un enfant s'est volatilisé. Un personnage se dessine, Marlo, qui erre chaque nuit aux environs du port près du complexe industriel qui bruit comme une créature vivante. Dans le clair-obscur il voit des colosses vigiles qui s'en prennent à un jeune homme qui filme en cachette.
On fait connaissance plus tard d'Ester, professeur à l'université et de Gaspar, amateur d'art et peintre, qui s'est investi dans une expérience visant à découvrir un espace perceptif inédit, une immersion dans un monde premier…
Ce début de roman laisse un peu perplexe et on se demande où l'on est et où l'on va et les phrases se succèdent étranges et absconses. Certes le style est travaillé mais les mots restent évanescents pour nous situer l'histoire.
Plus loin, une pseudo fausse nouvelle circule et tourne en boucle sur tous les écrans, la mort d'un Guide spirituel quelque part au fond d'un désert. On découvre alors le monde des hackers.
Et des personnages plus ou moins fantomatiques, ectoplasmiques même, s'immiscent dans le récit sans qu'une action particulière se rattache à eux qui semblent évoluer dans un monde virtuel ou incertain. Un récit au demeurant qui ne manque pas de poésie par intermittence, mais une poésie glaçante pour ne pas dire glacée.
« C'est une de ces journées sans contours. Les angles des bâtiments habituellement si tranchés flottent dans l'espace, ne laissant entrevoir qu'une image diluée de la ville. »
Des phrases similaires se succèdent au fil des chapitres donnant la tonalité et plongeant le lecteur que je suis dans l'expectative. Sinon dans la déréliction. Les descriptions de lumières et de couleurs rattachées à des images se succèdent dans une évanescence irréductible de façon rémanente, les espaces et les temps s'amalgamant pour ne former qu'un seul et même continuum, une vision brouillée et incohérente, au détriment d'une action que l'on attend jusqu'à la dernière ligne. En toute sincérité, je n'ai pas compris où voulait en venir l'auteur et à aucun moment je n'ai pu pénétrer dans son univers.
Avis aux amateurs qu'un ennui profond guette assurément si d'aventure ils se hasardent à se plonger dans cet exercice de style qui risque de les envelopper doucement dans une certaine acatalepsie.
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