La nuit rend nocturnes ceux qui s'y aventurent. (p. 18)
Inévidences nocturnes, Michaël Foessel
Peindre la nuit, c'est montrer que le monde ne chavire pas à chaque crépuscule mais qu'il se métamorphose. (p. 15)
Inévidences nocturnes, Michael Fœssel.
Elles sont toutes fausses, délicieusement fausses, ces constellations ! [...] Entre des points réels, entre des étoiles isolées comme des diamants solitaires, le rêve constellant tire des lignes imaginaires. Dans un pointillisme réduit au minimum, ce grand maître de peinture abstraite qu'est le rêve voit tous les animaux du zodiaque (Gaston Bachelard, L'Air et les songes. Essai sur l'imagination du mouvement, Paris, José Corti, 1943, chap. VII, p. 202).
III - De l'intime au cosmos, L'insaisissable matière de la nuit, p. 178
Parallèlement au vertige de la nuit, il existe un vertige de la peinture. Devant une oeuvre d'art, nous sommes comme devant le ciel étoilé : plus nous nous y attardons, plus nous voyons de détails, et pourtant quelque chose, un mystère, nous dépasse toujours et résiste à la préhension comme à la reproduction. Nous ne pouvons qu'effleurer l'infini comme nous ne pouvons qu'avoir l'impression de toucher les étoiles du bout des doigts. L'oeil se tait, le temps s'étire, la raison vacille. Les artistes de la nuit sont comme des sentinelles, des veilleurs, des lucioles qui résistent. Regardons les oeuvres d'art comme nous regardons un ciel étoilé.
III - De l'intime au cosmos, Peindre sans voir pour toucher l'infini, p. 182.
Au Salon de 1767, à propos des paysages de nuit d'Horace Vernet, Diderot affirme : "La clarté est bonne pour convaincre, elle ne vaut rien pour émouvoir". (p. 53)
I - Se perdre dans la nuit
La peinture ne serait-elle pas née dans la nuit, à la lueur d'une chandelle ? (p. 30)
Jean- Marie Gallais, Le vertige de la nuit.
Il fait nuit ?
Ça dépend.
Ça dépend de quoi ?
De nous.
Eugène Guillevic
Le ciel étoilé est la preuve irréfutable que le jour cache plus qu'il ne laisse voir. Il faut attendre que le soleil s'en aille pour que les étoiles s'inscrivent au firmament. Pourtant elles sont bien là autour de nous : l'oiseau de Magritte, dans Le Baiser, perce l'épaisse couche d'atmosphère bleue du jour et trouve la nuit derrière. (p. 177)
III - De l'intime au cosmos
"La nuit [...], tout s' exagère" écrit Denis Diderot*. L'intensification est le premier syndrome du vertige de la nuit. Ce vertige sensoriel, intérieur et cosmique, atteint l'une de ses traductions les plus puissantes dans la célèbre Nuit étoilée de Vincent Van Gogh. Le village s'est éteint, les cyprès sont devenus des silhouettes dansantes comme les flammes d'une bougie, les étoiles sont entourées de halos dynamiques et la vision mystique d'un ciel habité par un mouvement cosmique exacerbé donne soudain le vertige. (p. 34)
(* Denis Diderot, Ruines et paysages. Salon de 1767)
Le Vertige de la nuit, Jean-Marie Gallais
"Plus divins que les étoiles scintillantes
nous semblent les yeux infinis que la nuit a ouvert en nous"
Novalis, "Hymnes à la nuit".
II - Les yeux infinis (p 109)