Citations sur La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propriétaire (61)
La certitude qu'on ne pouvait entrer chez lui sans voir qu'il était riche lui procurait le bonheur le plus solide et le plus durable qu'il ait connu en sa vie.
_ Et puis-je vous demander à quoi on les reconnaît ? fit Bosinney.
_ À leur instinct de propriété. Un Forsyte a sur les choses un point de vue pratique, un point de vue de sens commun pourrait-on dire, et un point de vue pratique sur les choses a pour base l'instinct de propriété. Un Forsyte vous le remarquerez, ne se livre jamais !
... il avait assez vu Irène pour sentir le magnétisme qu'elle exerçait sur les hommes. Elle n'était pas flirt, pas même coquette...
...Parlez lui d'une qualité innée chez quelques femmes, d'un pouvoir de séduction qui dépasse leur volonté !
Qu'elle espèce de femme l'attirait à elle avec cette force magnétique à laquelle nulle considération d'honneur, nul principe, nul intérêt ne résiste ; à laquelle on n'échappe que par la fuite ?
(Assemblée générale entre actionnaires…)
On nous demande de faire la charité à la femme de cet homme [ suicidé ] et à ses enfants qui, nous dites- vous, dépendaient de lui pour vivre. Ils dépendaient de lui, c'est possible. je ne m'occupe pas de savoir si c'est vrai ou non. Je fais une question de principe. Il est grand temps de mettre un point d'arrêt à cet humanisme sentimental. Le pays en est dévoré. Je m'oppose à ce que l'on paie avec mon argent, ces gens dont je ne sais rien, qui n'ont rien fait pour le gagner. Je m'oppose à toute idée de ce genre. Les affaires sont les affaires.
Cet été là, l'extravagance était à la mode ; la terre même était extravagante, les châtaigniers plus fleuris que jamais, et les fleurs noyées de plus de parfums ; les roses s'épanouissaient dans tous les jardins et les nuits avaient à peine assez d'espace pour les essaims des étoiles ; chaque jour et tout le long du jour le soleil balançait au-dessus du parc son bouclier d'airain, et les gens faisaient des choses bizarres, déjeunaient et dînaient en plein air.
Avant-propos (1925)
Nous, écrivains et artistes d'Angleterre, qui au début de ce siècle avons senti quelque chose de rance dans la moralité régnante, quelque chose d'oppressif, sans générosité, nous n'avons fait que devancer et peut-être, pour une faible part, provoquer la réaction qui commença vers 1909. Car c'est une erreur de supposer que la faillite de certaines valeurs prétendument morales soit un effet de la guerre. La guerre a seulement hâté une évolution déjà commencée : les fissures avaient paru - elle amena l'éboulement.
Aux cigares qu'ils fument, aux musiciens qu'ils aiment, on reconnaît les hommes et de quoi leur âme est faite.
Avec le temps, sa haine des conventions avait augmenté ; les orthodoxes qu’il affichait au cours des années 1870 arborer ses favoris, par simple bravade, il s’en était détaché depuis longtemps, ne gardant de révérence que pour trois choses seulement : la beauté, l’honorabilité, la fortune ; et maintenant, ce qui comptait le plus pour lui, c’était la beauté.
James avait passé par le feu, mais il avait passé par la rivière des années qui eteint le feu ; il avait fait la plus triste de toutes les expériences, celle d'oublier ce que c'est que d'aimer. Il avait oublié ; oublié depuis si longtemps qu'il avait même oublié son oubli.