AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 76 notes
Je lis peu de SF.
Je lis encore moins de dystopie.
Et pourtant j'ai emprunté ce livre qui mélange SF et dystopie. Une critique de Joséphine2 (merci pour la découverte !) avait attiré mon attention sur ce livre. Une jolie couverture (un bébé relié à son placenta ? un astronaute et son tuyau d'oxygène ?) qui a attiré mon regard parmi les "nouveautés" présentées au sein de ma bibliothèque. Et hop ! Allez c'est l'occasion !
.
Difficile de raconter sans déflorer. Mettons une jeune héroïne, parmi les rares survivants de la Terre désormais moribonde. Elle vit dans une navette géostationnée autour de la Lune sur laquelle il est prévu que les quelques survivantes (que des filles) vont aller s'installer.
Elle ne connaît pas encore son destin qui lui a été attribué avant même sa conception. Mais elle a des rêves cette jeune fille. Des rêves de découvrir le cosmos, Mars.... Des rêves de conquête spatiale. Oui mais voilà, elle n'existe que pour une seule raison. Quand elle découvre cette destinée, elle s'offusque, se rebelle, refuse....
.
Au final un récit universel mâtiné de SF, d'hypothèses scientifiques poussées. Peut-être un peu trop, j'ai parfois été larguée. J'aurais peut-être aimé un peu plus de réflexions philosophiques et moins de physique.....
Mais un récit prenant, pas très optimiste au fond, même si..... Pfou même dans un futur hypothétique, être une femme n'est pas la panacée.....
Commenter  J’apprécie          3516
Un titre en grec-mort qui interpelle le lecteur, une couverture stylisée et presque monochrome qui minimalise pour capter l'attention et un premier roman adulte chez La Volte signée par une certaine Claire Garand.
Il n'en faut pas plus à Paideia pour attirer l'attention du lecteur de science-fiction en recherche de nouvelles plumes audacieuses.
Explorons une station en orbite dans un lointain futur où l'humanité s'est entre-suicidée mais pour laquelle reste encore un espoir ou, plutôt, quatre-virgule-deux…

Il faut se frayer un chemin à travers une pluie de météorites avant de faire la connaissance de notre narratrice-sans-nom. D'elle, on ne sait que peu de choses que nous essayerons de résumer ici simplement : une jeune femme modifiée/améliorée génétiquement, parmi les dix survivantes d'une humanité noyée par la catastrophe climatique et étrillée par les guerres sélénites entre les rescapés, avec une intelligence et une endurance largement supérieure à la normale, qui rêve d'explorer Mars et de conquérir l'espace au nom d'une race humaine renaissante et triomphante, pour le moment piégée dans une des dix stations en orbite autour de la Lune en compagnie de son couple parental et de Lelio, son Animex.
Mais, « elle », n'est pas seule. Puisque neuf autres stations similaires avec neuf autres petites filles et neuf autres couples parentaux orbitent autour du satellite d'une Terre désormais morte. Ces dix graines se préparent à recoloniser la Lune près de 7 ans après les derniers brasiers de guerres humaines sur celle-ci, 7 ans après le dur labeur des couples parentaux pour tirer des ruines une base viable d'où l'humanité pourra refleurir.
De ces dix enfants, notre narratrice est pourtant la moins aimée, volontiers méprisée et insultée par les autres orbiteuses, sauf peut-être Philippine dont elle ne sait si elle doit attendre pitié ou solidarité dans le lynchage perpétuelle qui la frappe au hasard. Car sur leur échelle d'intelligence supérieure, elle n'est qu'une « quatre-virgule-deux », très loin des virgules cinq et plus de leur petit groupe de reines du cosmos.
Claire Garand s'imagine la fin de l'humanité, encore.
Celle-ci n'est qu'évoquée de façon parcellaire et fugace, résultat d'un égoïsme dévastateur qui mène les derniers hommes à s'entretuer plutôt que d'accueillir le migrant en détresse. Rien ne change.
Paideia n'est cependant pas un roman sur l'apocalypse et pas plus, d'ailleurs, de la post-apocalypse. Il nous parle de dix survivantes et d'une entreprise complètement folle pour relançer la race humaine, comme un rêve insensé en forme de conte. le problème ici, c'est que le « Happily ever after » a bien des chances de ne jamais advenir… et pas forcément pour les raisons que vous pourriez penser.

Des difficultés techniques ? Une menace extérieure ? Une insuffisance des moyens ? Un plan défaillant ?
Pas vraiment. Comme son nom l'indique, Paideia nous parle d'éducation avec, en arrière-plan, l'idée de la construction d'une utopie.
Une société nouvelle, plus forte, parfaite.
Le problème, c'est que notre narratrice, dès les premières pages, est le souffre-douleur de son groupe de jeunes filles surdouées. Car elle serait moins surdouée que les autres. Et l'on se rend compte que le principal danger qui guette la nouvelle humanité, c'est la nature humaine elle-même. Quatre-virgule-deux touche dans sa fragilité et dans ce qu'elle encaisse, constamment soumise au jugement des autres, brutalisée sans hésitation et parfois tout simplement ignorée. Il semble que la cour de récréation vient d'être réinventée et que le harcèlement a encore de longues années devant lui. Claire Garand joue beaucoup d'ailleurs sur la différence qui existe entre l'intelligence de ces gamines, l'ambition de leurs projets et la puérilité de leurs attitudes et de leurs actions, notamment envers sa jeune narratrice incomprise. Ce drôle de décalage renforce l'idée que l'homme n'a jamais été prêt pour les étoiles et qu'il ne risque pas de l'être de sitôt, modifié ou pas. Surtout, on se doute rapidement que la présence de ces dix jeunes filles sert un but purement reproductif et c'est ici que le message du roman devient le plus intéressant puisque tout Quatre-virgule-deux qu'elle est, notre jeune rêveuse n'a rien d'une mère de l'espace mais tout d'une aventurière chevronnée, de celles qui regardent les étoiles et visent l'univers tout entier dans leur regard.
Dès lors, elle refuse d'être réduite à une fonction de couveuse biologique pour nouvelle race en danger. Claire Garand rejette le rôle social et biologique imposé aux femmes, et veut donner d'autres ambitions à son héroïne, comme un pied-de-nez à ces intelligences déjà formatées et résignées à un sort finalement peu enviable de poules pondeuses.
Ce qui couve dans Paideia, c'est la révolte contre un rôle assigné, c'est l'envie de se libérer des chaînes de l'espèce.
Faut-il se sacrifier pour tous ou se choisir soi ?

Touchante, notre narratrice aura aussi des liens très forts avec son couple parental, montrant l'importance de l'affection, d'où qu'elle vienne, rappelant la force de l'amour pour s'embarquer dans des projets ambitieux mais aussi, et surtout, l'obligatoire émancipation des bras aimants de la contrainte bienveillante. Paideia montre la domination avec un gant de velours.
Reste cependant le style et l'écriture de Claire Garand qui dessert autant qu'il singularise le récit. Avec un vocabulaire particulièrement luxuriant, la française aime les expressions inattendues, les combinaisons de mots tantôt absurdes tantôt grotesques et le résultat final n'est certainement pas aussi convaincant qu'il le devrait.
Le talon d'Achille de Paideia, c'est finalement ce style si particulier qui parvient la moitié du temps à ses fins — rendant le texte unique et la voix de son héroïne particulièrement étrange — et l'autre moitié du temps étouffe le récit et l'alourdit inutilement. Soit les expressions employées surprennent et font mouche, soit elles semblent complètement tirées par les cheveux et à la limite du ridicule. le travail sur la langue est là, mais, justement, peut-être un peu trop pour ne pas sortir de lecteur de ce huit-clos spatial où les émotions prennent déjà une place considérable. Lorgnant parfois vers le body-horror, Paideia aurait certainement gagné à rester plus simple dans son florilège lexical pour ne pas gonfler artificiellement ses lignes et en faire ressortir ainsi les morceaux les plus inattendus.

Emporté par la plume trop exubérante pour son propre bien de Claire Garand, Paideia nous emmène dans l'intimité d'une petite fille piégée par les vices immémoriaux de sa propre espèce. Récit de révolte qui semble dire qu'il vaut mieux mettre fin que rejouer sans fin, Paideia est une histoire certes passionnante et intense mais aussi une plongée éprouvante par les mots et les maux de son autrice. À tester avant d'embarquer.
Lien : https://justaword.fr/paideia..
Commenter  J’apprécie          280
Trop de détails tuent les détails. Trop d'infos alambiquées tuent les infos.
C'est le défaut de ce roman. Dommage, il sort des sentiers battus habituels.

Mais rendons grâce d'abord au style et à la grammaire de Claire Garand :
Il n'y a qu'elle pour écrire des phrases ou des expressions du genre :

" Ses yeux orageux s'enfonçaient en moi.
Des frissons me sont remontés jusqu'au sommet du crâne me secouant avec l'irrégularité d'un mitigeur de solution de croissance.
Le noyau de glace grise d'une comète s'est enfoncé dans mon coeur fondant en moi avec lenteur.
Nous nous regardions avec la déception et le dégoût qu'on éprouve pour un circuit endommagé par un choc de météorites.
J'ai vomi dans un cri.
Ma logique roulait cul par dessus tête.
Ma sottise tenait debout toute seule.
Savoir gangrène autant qu'ignorer.
Je brillais aussi fort qu'un trou noir qui recracherait tous les photons avalés.
Mon allégresse s'est coagulée.
Le silence avait repris ses droits chargé de remous prêts à éclore.
J'ai inspiré nos effluves corporels mal configurés avec délice.
Ma réussite pendait en glaires maternelles séchées.
J'ai ahané en suant de la glace.
Elles cariaient le paysage."

Quel vocabulaire jubilatoire en diable !
Problème: le récit traine en longueur et en descriptions inutiles voire incompréhensibles.

Sinon le sujet est assez intéressant :
10 petites filles génétiquement modifiées avec leur couples parentaux dans 10 stations spatiales autour de la lune - car la Terre est morte - toutes porteuses d'embryons pour une future humanité.
Celle qui parle et qui tient le récit n'est qu'une 4,2. C'est son seul nom.
Les 9 autres sont des 4,5 ou 4,6 donc supérieures.
4,2 est la souffre douleur des 9 autres qui n'arrêtent pas de l'abaisser,
de la tabasser, de l'amoindrir.
Mais elle n'en a que faire, elle veut partir, Mars est sa destination fétiche.
Paideia veut dire en grec éducation pour viser la perfection. Mais ces surdouées font preuve de beaucoup d'enfantillages et de méchanceté gratuite.
Le récit peine à avancer. Trop de lignes de code !

La narratrice 4,2 est touchante et ambitieuse car elle se révolte contre son rôle, mais elle est aussi agaçante, je trouve.
Ce roman nous questionne sur le repeuplement de l'humanité et
se termine pour moi un peu en queue de poisson et me laisse sur ma faim.

En conclusion tout de même un bon roman de SF à lire pour son originalité.

Lien : https://laniakea-sf.fr/
Commenter  J’apprécie          250
Un peu déçue par cette lecture pour plusieurs raisons.

La première : je pensais vraiment que des questionnements plus approfondis sur le choix d'enfanter ou non seraient abordés. Pour moi c'était extrêmement superficiel, ce qui est dommage pour un roman qui est mis en avant pour cela. La narratrice est dans le refus catégorique, il n'y a aucune interrogation sur le rôle qu'on lui a destiné, elle veut explorer et découvrir d'autres planètes, point. Son refus vient de l'impossibilité de concilier ses aspirations et la fonction de "poule pondeuse". Finalement, la question du choix de disposer de son propre corps est assez secondaire.

La deuxième : Je me demande toujours quel imbécile fini a cru que c'était une bonne idée d'élever des jeunes filles en impesanteur (sur la possibilité d'avoir un corps fonctionnel dans un environnement sans gravité, pas d'interrogation non plus...) isolées physiquement de leurs pairs, génétiquement modifiées pour être des matrices parfaites en même temps que des surdouées.
De l'utilité d'avoir des ventres productifs en même temps que des cerveaux aussi performants que ceux des plus grands scientifiques que la Terre ait porté, de cela nous ne discuterons jamais.
Je n'ai toujours pas compris le projet Paideia : pour moi, le projet d'une éducation parfaite n'aurait pas dû concerner ces filles créées pour mettre au monde 5 enfants à la fois pendant 15 ans... Quand auraient-elles le temps de transmettre leur si parfaite éducation à leurs rejetons ?
Bref, le postulat de base de ce roman ne tient pas la route, même en considérant que les derniers terriens n'avaient pas le choix, n'avaient pas le temps, n'avaient que peu de moyens matériels.
Le monde est au bord du gouffre mais si on a des notions basiques de psychologie, de sociologie, de pédagogie pas besoin d'être Einstein pour avorter ce projet débile avant même la conception... L'échec était assuré : mettre ses derniers espoirs dans cette mission qui mélange des aspirations philosophiques très élevées à une nécessité pragmatique mais élémentaire est forcément né dans un cerveau peu oxygéné.
La biologie, la génétique, l'informatique, la physique, la chimie, l'ingénierie spatiale et interstellaire, et tutti quanti c'est super ! Sauf si la connaissance de l'être humain se limite à peau de balle. D'ailleurs, en parlant de peau de balle, pas d'homme dans la conception des enfants à venir, que des paillettes fécondées. Dans l'urgence d'un monde en train de disparaître, on trouve 13 femmes relativement saines pour porter les futures mères de l'humanité, mais l'histoire ne dira pas comment les embryons ont pu trouver des papas désireux d'éjaculer dans des flacons pour la bonne cause...

Que de questions sans réponse ! On m'objectera que le roman n'avait pas pour projet de dresser le tableau d'une humanité moribonde dans un monde apocalyptique. Vrai !


La troisième : le style. Original et travaillé au début, il devient vite superfétatoire (mot pompeux mais parfait pour qualifier mon impression), et comme vidé de substance. Les comparaisons et les métaphores techniques et science-fictionnesques s'enchaînent à un rythme trop rapide pour que le lecteur ne décèle pas l'artifice.
Ce style m'a permis une immersion rapide dans l'univers du roman mais, au bout de cent pages, j'ai trouvé qu'il devenait ostensible.
Pour moi, l'idée était bonne mais une purge aurait été nécessaire. (Les éditions de la Volte ont ce défaut récurrent : le style, le style, le style. C'est beau, c'est bien trouvé, c'est intelligent ! Oh, t'as vu comme c'est intelligent, hein, hein t'as vu ? Comment ça indigeste ? Branlette ?)

La quatrième : des filles supra-intelligentes mais puériles, vindicatives et malsaines. Harcèlement, violence, manipulations, et tout ça sous le regard indifférent des couples parentaux ? C'est ça, l'utopie promise ? Les travers de l'humanité sont reproduits, malgré des modifications génétiques poussées, et il n'y a aucun projet d'éducation derrière ça ? Les filles sont en compétition permanente et nous trouverons dans ce microcosme des leaders charismatiques, des serpillères toutes désignées, des sadiques mégalos... Mais le livre n'avait pas pour titre "Paideia" : une éducation fondatrice du vivre-ensemble démocratique ? On aurait tort de croire que l'on peut recréer une civilisation en se dispensant d'une réflexion morale. Quand intervient-elle dans l'éducation des jeunes filles ?
Devinez, si devinez !!! Jamais ! C'est quand même incroyable pour un roman qui trouve son titre dans une conception platonicienne de la cité.

Bon, je n'y comprends plus rien moi ... mais sur leur échelle, je dois me situer à 2.5, normal que je vois des incohérences (telle notre protagoniste lisant des lignes de codes informatiques, l'élégance et les subtilités nous échappent) où il n'y a qu'harmonie.

Vous avez compris, je n'ai pas vraiment aimé ce roman.
Je ne le déconseille pas.
Je ne le conseille pas. Trop de défauts pour moi.

A sa décharge, j'avais une vraie soif de SF philosophique et politique, la déception est à la mesure de mon désir.




Commenter  J’apprécie          181
La terre n'est plus vivable pour l'homme. Entre guerres et catastrophes climatiques, l'homme s'est éteint. In extremis, une solution est mise en place. Marchera, marchera pas, c'est le seul espoir qu'il reste à l'humanité de survivre. 10 stations pouvant se rendre indépendantes, sont envoyées dans l'espace. Dans chacune d'entre elle, une petite fille, âgée de 7 ans, « les parents », et un « animal ».

Ces fillettes ont été génétiquement modifiées. Elles reçoivent des injections journalièrement. Elles sont très intelligentes et très résistantes. Elles savent qu'elles ont un rôle déterminant à jouer, mais ne savent pas ce qui les attend. Elles savent justes qu'elles doivent aller sur la lune, c'est leur seul espoir de survie.

L'une d'elle, moins « intelligente » que les autres, brimée par les autres, se posent cependant bien des questions et découvre ce que l'on attend d'elles. Elle qui rêve d'explorer l'univers, ne s'attendait pas à servir de mère-porteuse. Ces fillettes sont l'avenir de l'humanité. Elles doivent alunir et leur rôle : repeupler la lune. Elles peuvent procréer dès l'âge de 7 ans, à raison de 5 bébés à la fois.

Cependant, elle ne l'entend pas de cette oreille et fera tout pour ne pas se conformer à ce qui l'attend. Elle est le grain de sable qui vient enrayer cette belle mécanique.

Ce roman parle de choix, de liberté de choix. Parce que l'on est une femme, on doit obligatoirement accepter d'être mère. Encore plus, lorsqu'il y a des guerres où les femmes sont en première ligne pour subir toutes les atrocités et où leurs droits sont remis en cause selon le bon vouloir du pouvoir en place.

J'ai été d'abord attirée par la 1ère de couverture qui m'a intriguée.

Certes, c'est un livre de SF. Je n'ai cependant pas eu de mal à rentrer dedans. J'étais curieuse de connaître le dénouement de cette histoire. J'ai aimé l'atmosphère et le monde imaginé par Claire Garand, dont, il ne faut pas l'oublier, c'est le premier roman.

Et surtout, surtout, il questionne sur le rôle de la femme dans le monde futur incertain.
Commenter  J’apprécie          141
Un roman reçu dans le cadre de la masse critique de Babelio ! J'aime beaucoup les éditions La Volte, qui proposent des romans de l'imaginaire exigeants, souvent par des auteurs qui ont peu de couverture médiatique. Paideia est un premier roman adulte de Claire Garand, qui met en scène ici une science-fiction singulière, entre post-apo et space opera.

Claire Garand propose un avenir dans lequel l'humanité a quasiment disparu. L'unique espoir réside dans des fillettes génétiquement modifiées. Bien plus brillantes et résistantes que des humains normaux, elles ont également la possibilité de donner naissance à 5 enfants en même temps. Ces dix gamines ont donc un destin tout tracé sans autre perspective que de pondre la descendance de l'humanité à intervalles réguliers. L'une d'elle le refuse strictement, souhaitant devenir exploratrice de mars. Mais a-t-elle vraiment le choix ? Peut-on être libre quand on est le dernier espoir de l'humanité ? Est-ce de l'égoïsme ou la liberté de choix est-elle un droit inaliénable quel que soit le contexte ? La question est d'autant plus critique que chaque maillon compte quand la fin du monde est proche.

L'autrice déploie également la thématique de la place de l'individu dans le collectif. La déviance de la protagoniste était prévisible. Paideia raconte aussi une histoire de différence et de harcèlement. La jeune fille est constamment violentée par ses camarades car elle est jugée moins intelligente et utile. Peut-on réellement demander à quelqu'un que l'on exclut de la communauté d'y contribuer malgré tout ? C'est d'autant plus difficile que les fillettes ont développé un fort égo nourri de leur statut, de leur intelligence qu'elles savent supérieure et du fait qu'elles soient constamment au centre de toutes les attentions. Nous avions donc le terreau parfait pour faire de notre jeune héroïne une dissidente. de plus, l'éducation dispensée au sein des stations semble fondée sur les capacités intellectuelles, non sur la vie en société, ce qui implique de créer des insuffisances sociales et la volonté de constamment être en compétition.

L'avenir présenté par Claire Garand est très sombre. L'humanité a quasiment disparu et les stations spatiales en sont les derniers vestiges. Les humains ont une capacité à s'auto-saboter ahurissante. Les premières tentatives de sauver les populations se sont achevées par des guerres lunaires. Pourtant, les humaines de ce futur ont beaucoup d'outils pour s'en sortir. Génétique, terraformation, robotique, mondes virtuels… Ils auraient pu être les équivalents de divinités, immortelles, solides et perpétuelles. Mais il y a toujours quelque chose de pourri qui semble parasiter les tentatives de sauver l'humanité. La protagoniste a-t-elle finalement tort de vouloir s'arracher à son destin, sauver une fin de race belliqueuse, agonisante et destructrice, même quand ses capacités touchent la puissance absolue ?

Fait d'autant plus troublant, l'éducation promulguée aux futures mères de l'humanité est obsédée par le passé. Les ordinateurs communiquent avec les jeunes filles dans des langues quasiment disparues avant même notre époque comme le Maya. Beaucoup de cours d'histoire sont dispensés et des jeux comme les échecs sont toujours pratiqués. Ces reliques passéistes semblent annoncer des événements condamnés à se répéter, comme si l'humanité n'apprenait jamais totalement de ses erreurs et tentaient de se raccrocher à de vieux totems qu'elle a elle-même condamnés. Cela renforce le décalage de la protagoniste, qui s'affirme comme un personnalité avide de nouveautés et de découvertes.

Le roman est écrit du point de vue de la protagoniste. Levée avec son couple parental dans un isolement quasi total, sa psyché est très détaillée. L'écriture est souvent très imagée, personnelle et interne, avec de nombreuses métaphores qui permettent d'installer la pensée singulière et profuse d'une jeune fille solitaire mais vive qui vit avant tout dans son imagination. C'est parfois très beau, parfois très abscons. On est partagées entre son intelligence et une forme d'immaturité due au jeune âge du personnage. Il y a donc des passages complexes, à la construction désarticulée qui rappelle presque une forme d'écriture automatique. Ce n'est par conséquent pas un texte facile d'accès, sans que ce soit réellement un défaut.

En revanche, la mise en place se fait un peu lentement. le récit prend son temps pour placer le contexte et on met quelques pages avant d'entrer dans le coeur de l'intrigue. Ce n'est donc pas un roman pour les lecteurs qui apprécient les lecteurs trépidantes menées tambour battant. En réalité, c'est assez difficile de voir où l'autrice souhaite nous mener, notamment car nous sommes uniquement du point de vue de la jeune fille. Ce qui pose toujours la question de la fiabilité de la narration.

Paideia soulève des questions profondes sur la maternité, la liberté de choix, la différence, le harcèlement, l'éducation et la place de la technologie dans notre société. Claire Garand offre un roman de science-fiction singulier, mêlant le post-apocalyptique au space opera, et abordant des thèmes sociaux et philosophiques complexes. L'autrice choisit de se contrer sur un seul individu, plongeant le lecteur de son point de vue. Cette écriture très personnelle peut rendre la lecture opaque, mais elle permet de bien saisir les choix auxquels le personnage fait face. Paideia est un premier roman prometteur, provoquant une réflexion profonde sur la condition humaine, la société et les choix individuels dans un futur agonisant.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
Commenter  J’apprécie          144
Paidea de Claire Garand est un objet étrange.
10 jeunes filles grandissent en orbite, chacune dans une station dédiée. Quand elle découvre le sort qui lui est réservé (refondée une humanité sur la Lune Terraformée), l'une d'elles ne l'entend pas de cette oreille.
Paidea mélange plusieurs styles, plusieurs ambiance même si le huis clos en orbite domine ce récit. On pense à 2001 (avec le thème de la renaissance), à gravity aussi. Un roman ambitieux donc, peut-être un peu trop? Comme beaucoup d'ouvrages de la Volte, celui-ci s'adresse à des lecteurs "exigeants" dont je ne fais sans doute pas partie.
Le démarrage du récit est assez laborieux et il faut un peu d'énergie pour arriver dans le coeur de l'intrigue. La narration à la première personne est un parti pris qui dessert la progression de la lecture et qui étrangement, au lieu d'incarner met une distance. Pour le reste le propos est riche en réflexions sur les notion de libre arbitre et de renoncement.

Commenter  J’apprécie          130
En orbite lunaire, les rêves et les cauchemars d'une gamine affrontent le sort de l'espèce humaine, jadis automatiquement décidé. Imaginaire de la conquête spatiale et asservissement des corps féminins en une étrange fable éthique et politique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/02/03/note-de-lecture-paideia-claire-garand/

Pas de note de lecture stricto sensu pour ce « Paideia » de Claire Garand, premier roman publié à La Volte en février 2023 : un petit article de ma main vous attend dans le Monde des Livres du jeudi 2 février (daté du vendredi 3 février, à lire ici).

On trouvera donc ci-dessous uniquement quelques extraits et quelques remarques en forme de « notes de bas de page ».

🚀 Il faut noter le superbe résultat littéraire obtenu ici par l'autrice en organisant le télescopage de trois univers le plus souvent réputés disjoints : celui de la « vie scientifique en orbite », tel que dépeint avec tant d'acuité par le film « Gravity » (2013) de Alfonso Cuarón, par exemple, celui des « chamailleries » parfois radicales de jeunes enfants entre eux (motif quasiment classique de la littérature, mais dont seul ou presque le Orson Scott Card de « La stratégie Ender » (1985) avait exploré les ramifications dans un contexte hautement spatial) et celui, enfin, de l'échappée à la fois tragique et onirique, curieusement poétique le cas échéant, d'une Terre en perdition vers un univers spatial ouvert et sans limites, dont l'incroyable « Aniara » (1956) du prix Nobel Harry Martinson (avec le film qu'il a inspiré à Pella Kågerman et Hugo Lilja en 2018) constitue sans doute l'heureux archétype.

🚀 C'est avec beaucoup de discrétion d'abord, mais avec une balle intensité in fine que Claire Garand questionne les deux faces de la science. Avec moins de cruauté et de manichéisme que ne le pratique par exemple la franchise « Alien » depuis ses débuts, certainement, mais avec une originalité redoutable, en ne posant pas la question de la finalité de la science, mais en laissant une enfant se débattre dans ses rêves et ses cauchemars, ses espoirs et ses désespoirs, avec ses conséquences en tant qu'individu – derrière lequel le destin collectif se voit néanmoins forcé de convenir, fût-ce avec une extrême réticence, de ses limites réelles. Il y a ainsi dans « Paideia » une curieuse forme de passage à la limite du caractère profondément politique de l'usage de la science, au-delà de ses automatismes apparents, ou de ses indiscutables nécessaires (et l'on rejoint ainsi par un angle inattendu tout le travail souterrain de la « Trilogie climatique » de Kim Stanley Robinson).

🚀 Claire Garand a su choisir un angle bien particulier pour évoquer la robotique et l'intelligence artificielle, en ne cachant rien de l'aspect mécanique et automatique qui trahit la persistance des algorithmes et de leur logique contestable sous l'apparente omnipotence et sous l'écorce humaine mise en place au préalable. Un discret sondage des méandres informatisés qui rejoint l'un des plus sûrs fils conducteurs de la science-fiction au cours de toutes ces années d'imagination et de questionnement.

🚀 Enfin, la sécession des riches et des puissants n'est pas traitée en tant que telle ici, mais fournit une toile de fond inexorable à l'anéantissement, avec beaucoup de talent dans le maniement du chaos auquel l'argent ne permet pas, en réalité, d'échapper – contre tous les délires mégalomaniaques qui encombrent les imaginaires contemporains.

Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          110
Claire Garand a à son actif quelques nouvelles et novellas ainsi qu'un roman de Fantasy Young Adult. Avec Paideia elle écrit son premier roman de Science-Fiction qui n'est pas destiné à un public jeunesse. le titre en grec ancien, qui signifie éducation des enfants, et la couverture minimaliste ont tout pour intriguer le lecteur. Quant à l'histoire, sous des airs de déjà-vu, elle est hors du commun et loin des sentiers battus. On pourrait en effet s'attendre à un space-opera classique doublé d'un postapocalyptique vu et revu mais l'autrice nous délivre un conte sur la survie de l'humanité.

Après avoir dévasté la planète bleue, la rendant inhabitable, les Hommes trouvent refuge sur la Lune. Mais les guerres intestines ont abouti aux conflits sélénites détruisant tout espoir dans la sauvegarde de l'humanité. Cependant de tout cela il ne sera jamais vraiment question, ce contexte reste en trame de fond, l'autrice se concentrant sur dix fillettes, dernières survivantes, qui ont été envoyées en orbite autour de la Lune. Encadrées par leurs couples parentaux respectifs, ces dix petites filles, génétiquement modifiées, sélectionnées pour leur intelligence supérieure attendent, chacune à bord de leur station orbitale, le jour de la Descente. C'est à travers les yeux de la narratrice que leur histoire nous est racontée. Anonymisée, celle-ci d'une intelligence légèrement inférieure à celle de ses camarades, est nommée "quatre virgule deux", son score sur l'échelle de Breuil-Rostocka, unité de mesure de l'intelligence, alors que Philippine, Adrienne, Vassilissa, Adaline... dépassent largement les quatre virgule cinq sur cette même échelle. Cette différence engendre des conflits et transforme cette petite fille en souffre douleur. de plus notre narratrice rêve de liberté, de grands espaces, de voyager et de s'établir sur Mars, mais quand elle découvre enfin le rôle qui leur est attribué, elle est de nouveau la risée de sa petite communauté. Elle décide de se rebeller contre le système et de tout faire pour atteindre ses ambitions.

Avec un style bien particulier, Claire Garand nous livre un roman qui même s'il n'est pas complexe en lui-même, n'est pas facile à appréhender. La découverte de cet univers aussi attachant que cruel se fait par petites touches et sans vouloir trop déflorer les enjeux, Paideia est une vaste interrogation sur le harcèlement, sur le droit à disposer de son corps, et sur la liberté de choix individuel face aux enjeux collectifs. Aussi bouleversant qu'atypique, âpre, rude et guère optimiste ce roman ne peut laisser personne indifférent.


Lien : https://les-lectures-du-maki..
Commenter  J’apprécie          100
"Paideia" est un récit abordant différents genres de la SF mais aussi différents sujets de société.
Hard SF, Post-apocalyptique, Space Opéra entre autres pour les genres et éducation, harcèlement, procréation, confinement, relations sociales virtuelles pour les sujets.
Le récit se déroule pour une grande partie en huis clos dans un module spacial en orbite autour de la Lune, nous y suivons une petite fille, conçue pour reconstruire l'humanité, la faire renaître, elle est accompagnée de parents et d'un animal de compagnie assez étrange. nous suivons cette enfant mais elle sont au nombre de dix, chacune dans sont module dedié. Toutes ces enfants se retrouvent en classe virtuelle chaque jour, et c'est là que commence le harcèlement, je n'en dirais pas plus sur l'histoire pour vous laisser découvrir par vous même.
Pour les personnages, j'ai eu du mal avec le caractère de la petite fille que nous suivons, et en même temps je n'ai pu m'empêcher d'avoir de la compassion et de la compréhension sur son comportement au vu de ce qu'elle subit.
Les autres personnages on chacun leur caractère, leur spécialité, et surtout une intelligence accrue (pour les petites filles).
L'écriture du livre est assez spéciale, je dirais même originale, et ne passe pas par un cheminement naturel dans la manière de poser les mots, c'était assez difficile à lire (il m'a fallut du calme pour me concentrer) mais aussi très enrichissant, intéressant et plaisant.
Le final est bluffant.
Pour conclure, "Paideia" est une lecture exigeante mais vraiment captivante, qui fait réfléchir.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (243) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4948 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}