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Critique de emmyne


Dans cet ouvrage, la romancière Anne-Marie Garat présente Une lecture du Petit Chaperon Rouge, s'appuyant sur la version originale écrite, soit le texte de Charles Perrault de 1697 publié en fin d'ouvrage.

Dès les premières pages, l'auteur rappelle les fonctions et destinations du conte en général ( revenant sur la récente notion de littérature jeunesse et les « maints malentendus » qu'ont entraînés la forme narrative et l'univers merveilleux ), sur la singularité de celui-ci qui semble déroger par son extrême violence, empruntant si peu à l'univers merveilleux, au principe de prévention-édification et d'énonciation des règles fondatrices de la société.

C'est bien de l'implicite de ce récit ( l'histoire et les formulations ) dont il est question, qui est mis en question, au-delà de la morale préventive de la pédophilie. Car ce conte est celui de la dévoration aux multiples significations, la sexuelle en étant l'évidence, mais celle aussi de la relation adulte-enfant, ce que l'adulte, notamment la mère, au sens symbolique, fait porter à l'enfant. Un chaperon rouge, ce chapeau symbole de féminité aux couleurs de la séduction et d'un érotisme cru. Les mots en italique sans guillemet sont les miens pour montrer comme les mots révèlent un conte dont « l'apparente lisibilité est l'obstacle majeure à sa compréhension ».

Bien que cette lecture m'ait peu appris, simplement parce que je fus spécialisée dans le conte et le mythe littéraire avant de m'engager en littérature jeunesse, j'ai apprécié ce juste rappel de ces fonctions et destinations du conte ainsi que les propos de l'auteur évoquant régulièrement l'origine et la pérennité de l'oralité du conte, le talent de Charles Perrault qui a su les préserver à l'écrit. J'ai plus qu'apprécié qu'elle émaille son étude de phrases passionnées sur le rôle de transmission privilégiée par la densité de l'histoire racontée sous la fausse simplicité ( d'un patrimoine, pas uniquement culturel, il y a aussi la langue ainsi que toutes ces émotions essentielles à l'enfance ) dont s'investit l'adulte conteur et complice, en partage, en amour; ce moment d'intimité « de ravissement et d'effroi » lové, protégé, au creux de ce monde de mots et d'images de l'imaginaire; imaginaire collectif occidental.

Les chapitres suivants relèvent, points par points, toujours au plus proche du texte de C.Perrault, le contexte du conte au temps de son écriture; contexte historique et social, cet implicite qui échappe maintenant à la lecture. L'étude porte ensuite sur les références et analogies suggérées, les repères et l'iconographie induite, la rhétorique de ce texte à l'épure stylistique si puissante. L'auteur élargit parfois son étude par des parallèles avec d'autres contes ou certaines scènes de romans qui lui en paraissent inspirées ou par des considérations sociales contemporaines. Cette lecture, qui interroge « les sens de lecture » s'inscrit plus dans l'explication (con)textuelle permettant les perspectives d'interprétations que l'analyse, évitant ainsi l'écueil de trop de psychanalyse.

Une lecture qui m'a semblé souvent quelque peu bavarde malgré les chapitres courts et précis et pourtant je ne peux que recommander ce livre à qui s'intéresse aux contes, à leurs merveilleux pouvoirs, ne serait-ce que pour la volonté remarquable de Anne-Marie Garat, servie par une plume enlevée et volubile, de lui rendre sa valeur originelle.
Lien : http://www.lireetmerveilles...
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