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Critique de Aderu


Aderu
02 septembre 2021
Derrière cette grave et éloquente couverture se cache une délicieuse et improbable rencontre d'univers.
C'est un peu comme un alliage entre "Les saisons" de Maurice Pons et un inquiétant tableau familial à la Shirley Jackson sur fond d'imaginaire latino-américain torturé, aussi furieusement bigot que franchement païen. Ah et avec moults fleurs, plantes et insectes !

Que c'est beau, que c'est âpre, que ça grouille, fermente et dégouline !

La vivacité des corps végétaux et insectoïdes face à la putréfaction humaine en suspens, incarné par ces deux horribles et malsains personnages débarquant un jour dans la maison du narrateur. Sortes d'Attilas involontaires qui empêchent l'herbe de repousser. Qui font pourrir les environs et mourir les récoltes.

Lucas nous raconte l'histoire de sa famille, l'histoire d'une bascule dans un tourbillon à l'issue funeste. Mortepeau, vous avez dit ?

L'écriture est incroyable, incandescente et les images foisonnantes. Cet enfant narrateur - mais quel âge a-t-il ? - qui croque son père avec dégoût et révérence mêlés est doté d'un verbe sans pareil. La sagesse des cigales et les murmures des arthropodes lui sont accessibles et il nous en fait part, pour notre plus grande terreur.

Natalia Garcia Freire signe une oeuvre magistrale, une étreinte horrifique et inquiétante, pleine d'ombres magnifiées par une langue à la poésie débordante. Un roman séquencé en courts chapitres, comme autant de sauts temporels incessants.
La traduction d'Isabelle Gugnon est un délice amer, à la hauteur du défi lancé à la face du lectorat par l'autrice équatorienne, dont on ne peut qu'attendre la prochaine oeuvre avec une fébrile et coupable impatience.
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