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Critique de Berthelivre


Je n'avais pas imaginé que Federico Garcia Lorca avait pu être féministe, en Espagne, en 1936 : dans « La maison de Bernarda Alba », il évoque la vie des femmes en Andalousie, bourgeoises ou servantes, et les conditions qui leur étaient faites par la société, l'église, le patriarcat, ne leur laissaient pas beaucoup d'occasions, pas d'occasions du tout, de s'épanouir. Une prison, un peu plus douce pour celles qui avaient quelques moyens. Mais une prison, sous la surveillance du prêtre, de la mère rigide, des voisins toujours prêts à rapporter le moindre écart. J'ai trouvé magnifique que Lorca dénonce, il y a près de 90 ans, et avec quel talent, et dans quelle Espagne, cette servitude imposée aux femmes.
Cependant il n'est pas tendre non plus avec elles : les jalousies, les frustrations, les névroses, que leur vie suscite, en font des harpies ou des résignées incolores. Il n'y a guère que la Poncia, domestique d'expérience de Bernarda Alba, qui semble raison (et un peu de dignité) garder, et mériter encore l'estime du lecteur.
Le style est féroce, et c'est un art véritable : la férocité pratiquée à coup de sous-entendus, d'allusions, de silences et de regards, infiniment plus éloquents que des déclarations explicites.
Dernière oeuvre de Lorca, avant d'être assassiné. Publication posthume.

« Noces de sang » est aussi une tragédie, mais ses archétypes sont moins séduisants : les hommes ne savent que tuer ou mourir, parfois les deux, et les femmes vivent pour en porter le deuil, en conserver le souvenir, avec la plus grande austérité, un renoncement sans doute grandiose, mais qui semblent bien étrangers à notre époque qui prône la résilience à tout crin.
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