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Fabrice Melquiot (Traducteur)
EAN : 9782851815811
64 pages
L'Arche (30/11/2004)
3.89/5   157 notes
Résumé :

C'est vrai. Tout est très noir. Comme j'ai les cheveux blancs, tu crois que je ne peux pas avoir d'enfant, mais si des enfants, des enfants et des enfants. Ce petit aura les cheveux blancs et aura un autre enfant, et cet autre un autre, tous avec des cheveux de neige et nous serons comme les vagues : une et une autre et encore une autre. Alors, nous nous assiérons tous et tous nous aurons les cheveux blancs et tous nous serons de l'écume. Pourquoi n'y a-... >Voir plus
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Dernière pièce de García Lorca, écrite en 1936 peu de temps avant sa mort, La maison de Bernarda Alba se trouve bien ancrée dans la société espagnole de son temps, bien que très empreinte de vieilles traditions.


On s'y trouve littéralement enfermé avec Bernarda, qui mène sa famille à la baguette, à savoir ses cinq filles et deux domestiques. le père, qui n'est pas le père de le fille aînée, vient de mourir, et Bernarda a décrété que huit ans de deuil seraient respectés, comme au temps, dit-elle, de son père et de son grand-père. Ce qui signifie que les filles, âgées de 20 ans à 39 ans, ne sortiront pas de la maison pendant ce laps de temps (mais huit ans d'une vie, qu'est-ce que c'est, franchement ? Une broutille !) Reste un dernier personnage, la mère de Bernarda, qui, elle, se trouve doublement enfermée : dans la maison, et dans sa chambre, parce qu'elle est folle. Au fur et à mesure de la pièce, on peut se demander si on l'a enfermée à cause de sa folie, ou si c'est l'enfermement qui est cause de sa folie... Les filles n'ont qu'une échappatoire : se marier. Mais être demandée en mariage quand on n'a pas d'argent (à l'exception de l'aînée Angustias, qui dispose de l'héritage confortable du premier mari de Bernarda) et qu'en plus on n'est pas jolie (à l'exception d'Adela, la plus jeune), c'est un rêve quasiment inaccessible, surtout quand on a une mère qui prend prétexte de tout pour éviter qu'on puisse se marier. Angustias, grâce à son argent, va, elle, pouvoir se marier avec Pepe, l'amoureux d'Adela. Découragement, frustration, résignation, tristesse, jalousie, révolte : tout ça grossit parmi ces soeurs, s'amplifie, se propage. Elles sont contaminées par un mal intérieur qui les ronge, et auquel chacune fait face différemment.


García Lorca a adopté un style plus sobre que dans Noces de sang, la grand-mère - quand elle réussit à s'échapper de sa chambre - étant la seule à distiller une forme de lyrisme dans ses propos, où les métaphores et le côté visionnaire ne manque pas. Mais c'est un personnage qu'on voit peu. Et pour ce qui est des métaphores, l'auteur a repris celle du cheval déjà présente également dans Noces de sang, avec l'étalon qui rue et qu'on s'apprête à faire saillir les pouliches (bon, c'est peut-être pas ce qui est le plus fin dans la pièce). Pour la très grande majorité du texte, les répliques sont dans une veine tout à fait réaliste. García Lorca fait peu apparaître Bernarda, ce personnage détesté de tous (famille, domestiques, et le village dans son entier), dans le premier acte, puis davantage ensuite. Mais c'est bien sur les filles qu'est concentrée l'intrigue, et le lecteur se trouve coincé dans la pièce commune avec elles, tout aussi piégé par Bernarda que toute la famille.


García Lorca joue donc du hors-scène et des propos rapportés du dehors pour nous faire comprendre dans quel type de société vit cette famille. La Poncia, domestique, haïssant Bernarda mais lui obéissant au doigt et à l'oeil, fielleuse à souhait, raconte des histoires dont on ne sait trop ce qu'il faut en penser ; une de ces anecdotes ressemble fort à l'histoire d'un viol collectif, mais la Poncia la présente comme l'aventure d'une nuit d'une dévergondée, qui coucherait avec tout le monde. Et tout ce qui semble se passer dans le village et dont nous ne prenons connaissance que par des ouï-dires, montre que les femmes sont soit enfermées, soit traitées de putains. le hors-scène prend véritablement place avec une scène de lynchage qui ne présage rien de bon, et c'est peu dire. On comprend donc que c'est cette société, avec ses traditions les plus discriminantes et les plus cruelles, qui a fait naître l'obsession de Bernarda ; elle s'y conforme aux, non pas afin de préserver ses filles, mais pour préserver l'honneur de la famille, à savoir uniquement des apparences et des mensonges. Une préservation des apparences qu'elle maintiendra jusqu'au bout, malgré la tragédie qui rongera sa famille.


On imagine bien que García Lorca, très engagé politiquement, a souhaité livrer avec La maison de Bernarda une critique sociale de son époque et de son pays des plus acerbes. Et pourtant, ça va plus loin que ça puisque les contraintes (sociales, familiales, ou autres) qui emprisonnent et défont les êtres humains ne disparaissent jamais ; ce qui m'a fait penser en partie à Virgin suicides (le roman et le film), cette autre histoire d'un enfermement prenant place dans un temps et un lieu différent.
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Je ne suis pas habituée à lire des pièces de théâtre mais comme "la Maison de Bernarda Alba" était dans une édition bilingue français-espagnol j'ai été attirée et bien m'en a pris ! J'ai découvert une oeuvre tout à fait intéressante.
Bernarda vient de perdre son deuxième mari et va demander à ses filles de prendre et respecter le deuil pendant 8 ans, ce qui signifie 8 ans d'enfermement. Attiré par l'héritage important Pepe el Romano va vouloir épouser la fille ainée. Cela va aiguiser la jalousie des soeurs et renforcer l'esprit de rébellion de la plus jeune, Adèla qui ne supporte pas l'austerité et les valeurs imposées.
Cette pièce est un drame, l'atmosphère est étouffante, les relations tendues mais tellement agréable à lire.
On ressent bien la condition des femmes du début du 20e siècle en Espagne mais aussi peut-être de toute la société espagnole opprimée à l'aube de la guerre civile.
C'est une grande oeuvre que je suis contente d'avoir lue. Entrer dans l'oeuvre de Lorca par la poésie aurait sans doute été plus compliqué pour moi qui ne suis pas une spécialiste.
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Il s'agit d'un drame en trois actes, écrit en 1936, c'est à dire l'année de la mort de Garcia Lorca, qui sera créé en 1945 en Argentine. Il s'agirait de la dernière pièce achevée de l'auteur. Elle est régulièrement jouée depuis, et elle a récemment inspiré un opéra de Miquel Ortega, donné pour la première fois en 2018 au Teatro de la Zarzuela à Madrid, après avoir déjà été adaptée par Aribert Reimann en 2000.

Nous sommes dans un village espagnol dans les années 30. le deuxième mari de Bernarda Alba est enterré aujourd'hui. Cette femme de 60 ans règne d'une main de fer sur sa maisonnée, composée de ses cinq filles, de sa mère, et des domestiques, dont Poncia, la plus proche d'elle, qui espionne pour son compte. Bernarda décide d'imposer à la maisonnée un deuil de 8 ans, pendant lequel il ne s'agira pas de sortir ni de faire rentrer l'extérieur dans la maison. Ce qui condamne ses filles à ne pas se marier. Toutes, sauf une : l'aînée, Angustias, issue d'un premier mariage, à qui son père a laissé des biens, est courtisée, malgré ses 39 ans et son peu d'attraits, par Pepe Romano, un séduisant jeune homme de 25 ans. Bernarda accepte l'idée de ce mariage. Mais il provoque des jalousies et envies chez les soeurs d'Angustias, en particulier chez la plus jeune, Adela, qui est très attirée par Pepe, à qui elle plaît également, mais elle n'a pas de dote. Dans l'enferment de la maison, un drame domestique se joue, sous le règne impitoyable de Bernarda.

Nous sommes dans un univers violent, destructeur, dans lequel il s'agit de nier le désir et l'épanouissement de ces femmes, au nom de valeurs ancestrales. C'est assez paradoxal, dans une pièce où il n'y a que des femmes, mais c'est au nom d'une forme de patriarcat que ces femmes sont condamnées à la réclusion, à la négation d'elles-mêmes, et en premier de leur sexualité. C'est une femme qui impose les contraintes, et qui pose les interdits, en s'appropriant en quelque sorte l'autorité masculine, en puisant une jouissance morbide à opprimer et à nier la féminité de ses filles, qui doivent s'étioler, jusqu'au moment où partir ne pourra plus être une véritable libération, mais juste un simulacre, comme pour Angustias. La seule qui ose s'opposer à ce diktat est Adela, qui du haut de ses 20 ans brave sa mère et ses soeurs, tous les interdits, jusqu'à trouver une issue qui lui permet de s'échapper, même si c'est dans la mort.

Une pièce sombre, épurée, qui fait un constat terrible de la condition des femmes à l'époque, et au-delà sur la société espagnole dans son ensemble. L'enferment, la négation de soi, la violence et l'oppression semblent être les règles incontournables de ce monde, au nom de valeurs religieuses, d'une hiérarchie des sexes, des générations, rigides et impitoyables.
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Bernarda tient d'une poigne de fer sa maison dans laquelle ses quatre filles cloitrées ne respirent qu'avec son assentiment. Mais que peut faire l'intransigeance et le despotisme d'une mère contre le sang qui bouillonne dans les veines de la jeunesse?
Le dénouement a beau être attendu, le climat de tension extrême maintenu tout au long des trois actes tient le lecteur en haleine, fasciné et horrifié par la violence qui sourde entre les membres de cette sororité dont l'asphyxie imposée exacerbe les passions.
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Plus je lis ce « drame de femmes dans les villages d'Espagne », plus j'y retrouve – entre autres -- l'Espagne de toujours, l'Espagne éternelle. Voyez plutôt :
● LA MAISON. La « casa » dans laquelle Bernarda décide d'enfermer ses filles pendant huit longues années est l'image même de cette Espagne qui pendant les deux derniers siècles est restée enfermée « tras los montes », refusant de s'ouvrir à l'Europe et restant en marge du progrès. Cet enfermement s'est accentué , bien sûr, pendant la dictature et il a fallu attendre les années 70 pour observer une timide ouverture sur l'extérieur.
● LA CHALEUR. Ce drame ne pouvait éclater avec une telle intensité que dans un pays et une région - l'Andalousie – ou la chaleur exacerbe les passions. le feu du ciel est omniprésent. Il règne partout : sur le village accablé par la canicule et en manque d'eau ; sur la campagne ou les moissonneurs travaillent « au milieu des flammes » et surtout chez l'étalon en chaleur et dans le corps des cinq filles de Bernarda.
● LE DESPOTISME. Il se manifeste dans la pièce par le pouvoir tyrannique de Bernarda, symbolisé par sa canne, emblème de son autorité. Et ce despotisme -sous toutes ses formes, Dieu sait si les espagnols l'ont connu ! Il s'est manifesté de haut en bas de l'échelle sociale par l'absolutisme, l'autoritarisme, le caciquisme, la dictature, l'oppression exercée par les grands propriétaires terriens, les capitaines d'industrie, le patriarcat…et parfois les révoltes de ceux sur qui s'exerce ce pouvoir. Et on en revient là au thème central de la pièce : le conflit entre le principe d'autorité et le principe de liberté, la répression face à la spontanéité des instincts vitaux. Très espagnol tout cela.
● L'HONNEUR . Ce vieux thème de l'honneur, si inséparable de l'âme espagnole, est ici lié aux apparences et au « qu'en dira-t-on ». Ainsi se crée une atmosphère oppressante avec cette peur constante de voir son honneur sali. Ce sentiment est traduit symboliquement par l'obsession de Bernarda pour la propreté. Il est impérieux d'être bien propre sur soi au risque de perdre toute considération sociale. Et si par malheur l'honneur est souillé, alors, on n'y va pas de main morte pour le laver : « du charbon ardent à l'endroit d(u) péché ».
● SOL Y SOMBRA. On retrouve dans ce drame le « sol y sombra » tragique de l'existence espagnole : la vie et la mort, les instincts naturels et leur répression, la liberté et l'autorité, la joie et la douleur. Bref, ce que l'on a appelé le mythe des deux Espagne. Depuis plusieurs siècles, deux Espagnes semblent s'opposer : absolutisme et libéralisme, tradition et innovation, catholicisme et libre pensée, conservatisme et progressisme...et même Don Quichotte et Sancho Panza. Ces oppositions se terminant souvent par de violents conflits comme chez Lorca.
● LE DENI DE RÉALITÉ. Bernarda incarne une attitude pernicieuse typiquement espagnole : le refus de reconnaître une réalité traumatisante. « Les choses sont comme on se propose qu'elles soient » dit-elle. Et à la fin elle s'écriera, contre toute évidence : « ma fille est morte vierge » accordant ainsi la réalité à sa volonté. Cette négation de la réalité, ce refus de voir, comme tel célèbre chevalier, les moulins à vent que pourtant tout le monde voit, peut aller jusqu'à l'aveuglement. A la fin du XIXème siècle p.e. rares étaient les Espagnols suffisamment lucides et éclairés pour regarder la réalité en face : la décadence de leur pays, son délabrement, sa déliquescence. La grande majorité, pensait toujours vivre dans l'Espagne du Cid et de Charles Quint. Cruelle désillusion et un drame pour le pays.
● LE SILENCE. « Silence. Silence, j'ai dit. Silence ! » Cette injonction péremptoire fait tomber sur le drame un silence définitif. Seul le silence permettra de sauver les apparences. Aussi paradoxal que cela puisse paraître dans l'Espagne si bruyante d'aujourd'hui, le silence a toujours été un des maux de la société espagnole. « Le silence monotone et sépulcral de notre existence » comme l' affirmait J.M. de Larra en plein dix-neuvième. Ce silence aussi de l'intolérance qui a si souvent pesé sur la tête de tant d'Espagnols. Ce silence qui a même été gravé dans le marbre par la loi d'amnistie de 1979, le fameux « pacte de l'oubli » qui, au nom de la concorde, enjoint aux uns et aux autres de passer sous silence toutes les exactions et les crimes commis par les deux camps pendant la guerre civile. On se tait, on ne veut pas les voir !

Voilà.Depuis la mort du poète et de son bourreau, l'Espagne a changé profondément et les Espagnols ont pu ouvrir enfin les portes de la terrible maison et aller,en toute liberté s'éclater « au bord de la mer ». Cependant, malgré l'évolution des moeurs et des mentalités, ce qui fait que, socialement, culturellement et historiquement, l'Espagne est l'Espagne, est et restera toujours comme une marque indélébile.



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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
LA PONCIA
Voilà trente ans que je lave ses draps ; trente ans que je mange ses restes ; que je passe des nuits blanches quand elle tousse et des jours entiers à épier les voisins par la fente de la porte pour tout lui rapporter. Aucun secret l'une pour l'autre, et pourtant je la maudis ! Que les clous de la douleur l'aveuglent !

LA SERVANTE Allons, allons !

LA PONCIA Un jour, j'en aurai assez...

LA SERVANTE Et ce jour-là...

LA PONCIA Ce jour-là, je m'enfermerai avec elle entre quatre murs et, toute une année, je lui cracherai dessus jusqu'à ce que je la laisse comme un de ces lézards que les enfants écrasent, eu elle ne vaut pas plus cher, elle et toute son engeance.
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Le poète espagnol Federico Garcia Lorca a été fusillé par les franquistes le 16 août 1936, à l'âge de 38 ans. Il a connu le succès avec ses pièces de théâtre, et le drame La maison de Bernarda Alba n'a été publié qu'après sa mort, en 1945, après avoir été créée à Buenos Aires quelques jours plus tôt.
Folio bilingue réédite cette pièce où l'on assiste à un huis-clos familial autour de la matriarche Bernarda : elle vient d'enterrer son mari. Ses cinq filles vivent sous son toit, ainsi que des domestiques qu'elle traite avec sévérité. La plus vieille de ses enfants, Angustias, trouve un homme qui veut l'épouser "malgré" ses trente-neuf ans, le jeune et beau José le Romano ; il vient lui dire la sérénade la nuit à sa fenêtre.
Mais on se rend très vite compte que certaines des autres sœurs sont intéressées elles aussi par le beau garçon...
La tension monte, et les filles en mal de mariage, retenues par leur mère dans une maison où rien ne se passe, donnent leur voix à cette pièce entièrement féminine.
La maison de Bernarda Alba est un classique de la littérature espagnole.
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BERNARDA. [...] Pendant les huit ans que durera le deuil, l'air de la rue ne doit pas pénétrer dans cette maison. Dites-vous que j'ai muré les portes et les fenêtres. Comme on faisait chez mon père et chez mon grand-père.

Acte I, scène IV
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Moi je ne peux plus rien. J’ai voulu empêcher ce qui vient ; mais maintenant, j’ai peur. Tu entends ce silence ? Eh bien, le tonnerre gronde en chaque chambre. Le jour où éclateront les tempêtes, toutes elles nous balaieront.
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Bernarda : Ah! Quelle grêle de haine vous avez déversée sur mon cœur ! Mais je suis encore verte; j'ai des chaînes pour chacune de vous et j'ai aussi cette maison, élevée par mon père, pour que personne - pas même les herbes - ne sache ma désolation
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Videos de Federico Garcia Lorca (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Federico Garcia Lorca
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/sylvie-le-bihan-les-sacrifies-53498.html Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie le Bihan a prouvé la qualité de sa plume même si elle reconnait elle-même ressentir encore le syndrome de l'imposteur quand elle voit ses livres en vitrine. En 2013 parait son premier ouvrage, « Petite bibliothèque du gourmand », une anthologie de textes littéraires autour de l'art culinaire, un livre préfacé par son mari, le chef Pierre Gaignaire.
Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie le Bihan a prouvé la qualité de sa plume même si elle reconnait elle-même ressentir encore le syndrome de l'imposteur quand elle voit ses livres en vitrine.
En 2013 parait son premier ouvrage, « Petite bibliothèque du gourmand », une anthologie de textes littéraires autour de l'art culinaire, un livre préfacé par son mari, le chef Pierre Gaignaire.
L'année suivante, choisissant la plume romanesque, elle signe « L'autre », récompensé au festival du 1er roman de Chambéry, histoire saisissante sur le pervers narcissique. le livre est fortement remarqué. Dès lors, Sylvie le Bihan devient un nom qui compte. « Là où s'arrête la terre », « Qu'il emporte mon secret », « Amour propre » ont crée autour de la romancière un lectorat fidèle qui se retrouve dans ses intrigues, dans les sujets abordés, dans la fragilité des personnages, dans la subtilité de son écriture
Voici son nouveau titre, « Les sacrifiés ». Et quelle réussite ! Sylvie le Bihan choisit cette fois-ci la fresque historique et nous entraine dans l'Espagne des années 30, celle qui de l'insouciance va sombrer dans la violence et la guerre civile. Juan est le personnage central de cette histoire de soleil et de sang. Il est encore gamin quand on lui fait quitter son village d'Andalousie pour devenir le cuisinier du célèbre torero Ignacio Ortega. Dès lors, dans l'ombre, le jeune Juan va découvrir une nouvelle vie de luxe et d'insouciance où les stars de la tauromachie côtoie tous les artistes de l'époque. Fasciné, il va surtout devenir le témoin d'un trio exceptionnel, celui que forment, entre amour et amitié, le sémillant torero Ignacio, la belle danseuse Encarnacion et le fragile poète Federico Garcia Lorca. Mais bientôt, le ciel d'Espagne vire à l'orage. Juan et tous les protagonistes de cette histoire vont être balayés par le vent de l'Histoire.
Là est la force du livre de Sylvie le Bihan. A l'exception du personnage fictif de Juan, tous les autres sont authentiques. Au prix de plusieurs années de travail et de recherches, elle leur redonne vie dans ce roman foisonnant, flamboyant, douloureux, qui résonne étrangement avec notre époque contemporaine et interpelle : qui sont les sacrifiés d'aujourd'hui ?
Hommage à l'Espagne et à son histoire, hommage à la littérature et à Federico Garcia Lorca, Sylvie le Bihan signe un livre au souffle puissant, parfaitement construit, à l'écriture remarquable, un livre que vous refermerez le coeur déchiré
C'est un coup de coeur ;
« Les sacrifiés » de Sylvie le Bihan est publié aux éditions Denoël.
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