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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
D'habitude ami-lecteur, je profite de ce court préambule pour t'expliquer pourquoi, cette fois, j'ai choisi cet ouvrage en particulier. Et vas-y que j'argumente sur la diversité, sur l'auteur si je le connais déjà,… Sauf qu'aujourd'hui mes raisons n'ont rien de glorieuses ou d'intellectuelles. J'ai pioché l'essai de Manon Garcia parce qu'il est court, moins de 200 pages. Ouais je ne suis pas toujours très courageuse…

Bien entendu On ne naît pas soumise, on le devient figurait bien dans la petite bibliographie que j'avais établie avant de débuter ce challenge, en septembre dernier. Pourquoi ? Déjà parce que la référence à Simone de Beauvoir m'avait interpellée puisque le Deuxième Sexe est un des premiers bouquins, adolescente, qui a éveillé ma conscience féministe… Et parce que la quatrième de couverture était fort alléchante...

Bon, bon, bon… Il en est parfois des quatrièmes de couverture comme des publicités : un étalage de stratégie commerciale plus que de vérité. C'est le cas ici. Tu vas penser que je commence fort ami-lecteur et tu auras raison. Sincèrement je pensais que Manon Garcia allait certes s'appuyer sur le travail De Beauvoir mais pour le dépasser, pour le transcender, pour que la pensée évolue en même temps que le monde. Bref, je pensais lire de la philosophie pas l'étude d'une philosophie. Ici, nous sommes dans une lecture de Simone de Beauvoir : on explore son oeuvre, on la pense et on la décortique autour de la thématique de la soumission. Je ne nie pas que l'on peut avoir envie de lire ce genre de choses… Sauf que ce n'était pas mon cas... J'espérais de la nouveauté, de la modernité, de la stimulation. Or ce n'est qu'une dissertation sur Beauvoir comme le montre les notes de fin dont 121 sur 213 concernent les ouvrages de cette dernière.

Si encore les propos de madame Garcia m'avaient convaincue… Mais sa vision de la femme soumise semble dater elle aussi de la fin des années quarante :

"À regarder la femme amoureuse, la star hollywoodienne, la mère au foyer épanouie, l'épouse de l'universitaire qui dépouille les archives pour lui, beaucoup d'entre elles n'ont l'air ni malheureuses ni forcées à quoi que ce soit. Est-ce à dire qu'elles « choisissent » leur soumission ?" - Page 211

de plus elle va loin dans ce qu'elle classe comme des actes de soumission :

"Un des premiers ressorts de la soumission est qu'elle peut être conçue comme une attitude, comme quelque chose qui n'est pas imposé du dehors mais que l'on fait soi-même. C'est le cas, par exemple, de la femme qui s'apprête avant de sortir, qui s'épile, enfile une faine amincissante, lisse ses cheveux, se maquille, pour faire d'elle-même un bel objet. Sans doute apparaîtra-t-elle comme un objet, mais cet objet elle l'a elle-même fabriqué." - Page 203

Et non ami-lecteur, quand je me maquille, je ne fais pas de moi un objet… Comme si le fait même de posséder une apparence, et de la mettre en valeur, empêchait un individu de rester un être humain..

Bien entendu le texte se revendique beauvoirien et l'on pourrait donc décider que ce genre de propos est lié à cela puisque le Deuxième Sexe commence à dater bien qu'il reste un essai primordial. Bref j'aurais pu passer outre sans la violence du regard sur la soumission elle-même :

"Choisir de se soumettre semble impossible ou bien réservé à quelques pervers et quelques masochistes : la soumission ne peut se justifier qu'en dernier recours, comme chez le guerrier, qui doit se soumettre ou mourir." - Page 211

Si je comprends que le terme liberté est la notion telle qu'elle est comprise dans l'existentialisme, j'ai plus de mal à accepter que l'autrice considère que la soumission soit simplement l'opposée de la liberté. Franchement, où sont les nuances et la subtilité ?

Enfin, la soumission est présentée comme immorale, comme une faute, même si celles qui y consentent ne sont pas coupables :

"En montrant comment et pourquoi les femmes consentent à leur soumission, elle [Simone de Beauvoir] désamorce toute utilisation de ce consentement pour attribuer la culpabilité de la soumission aux femmes : certes, les femmes, en tant qu'elles sont des êtres humains et donc qu'elles ont la possibilité de choisir leur liberté ; sont responsables du fait de ne pas la choisir, mais la façon dont leur situation est déterminée de l'extérieur par la domination masculine au point de faire de la soumission leur destinée fait qu'elles ne peuvent en aucun cas être tenues pour coupables de cette soumission." Page 232

Sans doute que les aficionados de la philosophie De Beauvoir auront plaisir à découvrir la lecture qu'en fait Manon Garcia. Peut-être que je ne suis pas assez philosophe pour On ne naît pas soumise, on le devient. En tout cas, l'ouvrage m'a tour à tour agacée et ennuyée. Si j'avais su, sans nul doute aurais-je plutôt choisi de relire le Deuxième Sexe…
Lien : http://altervorace.canalblog..
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