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Critique de Lune


Il n'y a pas plus bel hommage que celui qui vient du coeur.
Celui-ci se décline naturel, tendre et pudique.
Il ne se gonfle ni de superlatifs, ni de larmoiements inutiles.
Il est vrai, palpable.
Qu'on ait connu Gérard Philippe ou pas pour les plus jeunes, l'on ne peut qu'être en osmose avec les mots choisis de Jérôme Garcin.

Marié avec « l'Infante », la fille du « Cid », qui, mieux que lui, pouvait nous livrer les derniers jours d'un des mythes du théâtre et du cinéma français.

Soixante ans ont passé.
Il fallait ce livre pour raviver le souvenir d'un comédien particulier, au visage éternellement jeune, à la voix typique.
Voix qui continue à bercer nos oreilles grâce à l'enregistrement du « Petit Prince » et de poèmes dits comme on ne dit plus à présent.
Le comédien est dévoilé : enthousiaste, passionné, d'une ardeur déstabilisante, honnête, engagé, cultivé, plein de projets…
Il n'a pas su la réalité du mal qui le rongeait (nous sommes en 1959), Anne, son épouse, a préféré lui taire la condamnation.
Et cela fait mal de lire cette vie fauchée à 37 ans à peine, une vie qui, sans savoir, bâtissait et rêvait encore et encore.
L'émotion jusqu'aux larmes, la révolte contre l'inéluctable nous étreignent.

L'homme est beau dans ses engagements, dans sa compréhension des autres, dans ses prises de position.
Il est comédien et citoyen lucide.
L'amour des siens et l'amour de la vie éclatent, des forces s'en tirent.
Je cite cette phrase parmi d'autres : …« Nous essaierons d'être élégants si un jour nous sommes malheureux »…
Le choix d'Anne d'enterrer l'homme qu'elle a aimé dans le costume du Cid, rôle emblématique de Gérard Philippe, témoigne de cette élégance.
Tout s'y retrouve, l'homme et le comédien : l'honneur, la grandeur, la beauté.

Dans ce livre, le théâtre est représenté dans toute sa noblesse, dans toute la réalité de son essence : montrer la vie, instruire.
Foin de peopolisation, foin de l'égoïsme mal placé.
Hommage et respect du « maître » Georges le Roy, du « père » Jean Vilar et des auteurs : Molière, Corneille, Euripide
Le chemin emprunté dans la jeunesse et l'élévation au sommet de l'Art constituent un témoignage de la carrière de ce comédien inoubliable.

Le théâtre est l'éphémère.
La musique, la peinture, la littérature demeurent.
L'interprète s'oublie…
Ce livre résonne en nous après l'avoir refermé et donne un peu d'éternité à celui que fut Gérard Philippe.

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