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Critique de mumuboc


Dans cet ouvrage, Jérôme Garcin, évoque son beau-père Gérard Philipe qu'il n'a jamais connu car disparu le 25 Novembre 1959 alors que sa femme, la fille de l'acteur, Anne-Marie, n'avait que 4 ans..... Il retrace les dernières semaines de cet acteur (dont on parle très peu je trouve) d'Août à Novembre 1959, d'un été en Provence où les premiers symptômes sont apparus jusqu'à ce dernier matin où il a tiré sa révérence.

C'est un témoignage très pudique et émouvant, à la manière d'un journal de bord des derniers jours mais aussi de qui fut Gérard Philipe, son parcours, ses origines, sa famille mais aussi et surtout ses liens avec Anne, sa femme, et le théâtre, le cinéma, la littérature, ses grandes passions.

J'ai aimé l'écriture de l'auteur, on ressent tout le respect, l'admiration qu'il a pour cet homme,  mais aussi et surtout pour son épouse, Anne, qui choisit de cacher à son époux la gravité de son mal, pour que ces derniers jours soient à son image, pleins de vie, d'espoir, de projets et de sérénité auprès d'elle et de ses enfants.

Que de courage et d'amour finalement il a fallu pour faire ce cadeau à l'homme qu'elle aimait, trouvant, dans les moments les plus difficiles d'une existence, la force d'imposer aux médecins et au peu de proches mis dans la confidence, le silence sur l'issue fatale.

"C'est une énigme pour le médecin, ce maître des horloges, soucieux d'une exactitude à laquelle ce malade-i, réfugié dans un temps parallèle, paraît indifférent, voire rétif. La conversation des deux hommes, qui ne semblent pas parler la même langue, est aussi chaleureuse que fausse. L'un manie la rhétorique du mensonge et l'autre, l'éloquence de l'ignorance. (p117)"

Jérôme Garcin porte l'accent sur les valeurs de l'homme : ses relations avec ses parents, une mère Minou qu'il adorait, son père, Papy, au passé trouble pendant la seconde guerre mondiale et tellement loin de ses propres engagements, mais aussi les joies que lui procurait sa vie de famille, loin des caméras et des tabloïds, un homme engagé, fidèle en amitié et dans ses convictions politiques, qui gardera pour toujours l'image d'un jeune homme, à la voix si particulière.

C'est un court témoignage tout en retenu malgré tout respectant ainsi l'intimité d'une famille, n'entrant pas dans le voyeurisme et s'attachant à évoquer la relation qui unissait le couple et surtout à la détermination de Anne, sa femme, de respecter ce qu'il était intrinsèquement : un homme simple, un éternel jeune homme, attaché à des valeurs, à sa famille et ses enfants.

Il est intéressant de le remettre sur le devant de la scène, de retracer tous les  grands rôles qu'il a tenus, son amour des classiques et j'ai été frappé par la manière ou tout a été très vite dans sa vie, comme une urgence de vivre comme si le temps était compté. 

"- Quelle pensée s'impose souvent à vous ?

- L'urgence des choses que je dois faire

-Qu'est-ce qui vous étonne dans la vie ?

-Sa brièveté." 

Gérard Philipe Arts 1958

Je partage avec vous cette chanson de Jean-Pierre Boutayre écrite pour lui rendre hommage, lui qui restera pour toujours le Prince en Avignon avec Jean Vilar qui fut son père spirituel et qui déclara à sa mort :

"La mort a frappé haut"

Jean Vilar - Chaillot, 25 Novembre 1959
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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