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Critique de 4bis


4bis
11 décembre 2023
Les personnages de thriller ont tout de même une drôle de vie. Je veux dire, même avant que ça se gâte. Prenez Evie, jeune femme un peu terne, professeur de mathématiques à Boston, douce et tendre épouse de Conrad Carter, enceinte de cinq mois. Eh bien, avant même qu'elle découvre le cadavre de son mari dans une mare de sang, qu'elle s'empare du revolver pour tirer à son tour douze coups, elle avait déjà été soupçonnée puis acquittée du meurtre de son père ! Pas vraiment la vie qu'on imaginerait à Madame tout le monde, n'est-ce pas ?

Quant à ceux qui vont mener l'enquête, c'est un véritable autobus qu'il faudrait pour tous les contenir : Phil, un peu rochon mais très pro, D.D., héroïne de cette série, une enquêtrice du FBI, une ancienne victime d'un violeur en série, un acolyte dont je ne dévoilerai pas l'identité vu que ça s'installe au bout de quelques pages tout de même, et d'autres, satellites et témoins qui mènent plus ou moins leurs petits interrogatoires dans leur coin. Remarquez, c'est sympathique tout ces gens qui courent dans tous les sens, font des trouvailles, tricotent petit à petit un récit dont la cohérence se renforce chapitre après chapitre.

L'intrigue ? Ah, oui, l'intrigue. Eh bien comme je vous le disais, Evie trouve le cadavre de son mari dans son bureau, à son domicile. Ca fait remonter une affaire vieille de 16 ans où elle s'était accusée d'un fatal accident avec le fusil de son père vouant ce dernier de vie à trépas. Sauf qu'elle clame à présent que ce n'était pas elle. Et qu'en fait, elle vivait avec son gentil petit mari des mois et des mois de silences, de terreur et de secrets. Sa mère est une alcoolique très élégante et complètement folle. Elle n'a quasiment aucun ami et son mari, le cadavre, était tout ce qu'il y a de plus sociable mais très souvent absent et ne livrant jamais rien sur lui-même. Mais que se cache-t-il donc derrière ces éléments étranges ? Voilà.

Je ne lis pas si souvent que cela des thrillers, et d'ailleurs, plus le temps passe et moins j'en lis. Même si j'aime me faire mener en bateau, suivre d'un petit trottinement docile les enquêteurs et la narration afin de débusquer l'affreux méchant, je suis de moins en moins dupe des dispositifs mis en place. D'une manière générale, on connait toujours les coupables : je n'ai jamais vu un roman où le criminel serait un parfait inconnu dont on nous révélerait l'existence, le mobile et le modus operandi trois pages avant la fin. C'est donc un des personnages qu'on a sous le nez. Et dans certains types d'affaires, il est impossible, sauf élucubrations de romanciers nordiques particulièrement efficaces et roublards, que les victimes de sévices sexuels, les femmes battues et les mères soient autre chose que des gentilles qui en bavent. Bon… ça réduit pas mal le champ des possibles. Plus que de traquer l'identité du coupable, mon plaisir va désormais davantage résider dans le démontage de la mise en narration : entrelacement des chapitres, construction des psychologies permettant, a posteriori, de trouver une logique aux actes présentés comme irrationnels. Et ma foi, en la matière, il faut saluer le talent de Lisa Gardner. C'est pas mal fichu du tout pour de la production en masse. Pas vraiment du cousu main, d'accord. Ca ne révolutionnera pas les savoirs sur la psyché humaine et on pourra relever deux ou trois tonnes de circonstances rendant la vraisemblance de l'ensemble assez improbable mais certains élans, certaines réactions psychologiques sont bien rendues et les personnages féminins, très dans l'air du temps, ont beaucoup de la tigresse à qui on ne la fait plus. Ma foi, c'est du nanan !
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