Selma, Alabama

Surtout ne pas laisser deviner qu’il y a un noyé dans ses pensées.

Soudain une citation lui revint à l’esprit
« Le destin c’est le caractère ».
De qui était-ce déjà ?
Novalis. Poète de la mort.

Cœur vaillant pendant deux jours entiers en coma dépassé, puis il partit dans la nuit. Il but l’eau du Léthé, but la mort à longues gorgées.

Cela l’intéressait de savoir ce qu’il se passait dans ces petites villes qui faisaient
un peu penser au film Twin Peaks. Elle eut envie d’en plaisanter avec Max mais d’un coup la réalité rejoignit la fiction. La speakerine annonça un second cadavre retrouvé dans la baie à quelques kilomètres de Fairhope.

Équilibre.
Elle l’avait enfin trouvé, dans cette maison au bord d’une falaise de la côte Basque, entre un mari aimant et son travail de bibliothécaire. A trente-cinq ans, Selma avait refermé la porte sur son passé et profitait de ce que la vie lui offrait à présent. Pour rien au monde elle n’aurait toléré que son nouvel univers soit menacé. Chaque jour, depuis la fenêtre de son bureau, elle pouvait plonger du regard dans le bleu métallique ou le gris de l’océan Atlantique. Elle finissait son café dans sa tasse préférée, en traînant sur Internet, écoutant “Song to the siren” de Tim Buckley, apaisée, insouciante. Paul allait bientôt rentrer. Un dernier clic sur “Alabama song” des Doors, et voilà que ce seul mot, Alabama, résonne en elle. Le désir d’en savoir un peu plus sur ce lieu. La page de résultats de recherches, lecture rapide par son œil habitué, défilement de mots, constitution, ségrégation, Appalaches, Creeks, Cherokee, sécession, cœur de Dixie, Montgomery, puis des articles d’informations locales. Un nom l’arrête net. Mark Stoker. Une impression familière se fraye un chemin dans sa mémoire, pas encore clairement perçue par sa conscience. Une sensation agréable et triste à la fois, une impression de retrouvailles et de perte.
Une inquiétude.

Et les nombreux tabous qu'elle devrait lever lui laisseraient sans doute ses meilleurs souvenirs. Il restait en lui des territoires vierges, des territoires sacrés, des territoires sauvages. Selma était fascinée. Il allait devenir sa conquête de l'ouest à elle, mais aussi sa prison ...

Deux vies contre une. L'océan avait tranché. Baby boy emporté dans le vortex, dans le courant impatient d'un Gulf Stream qui ne rime … à rien.

Selma descend encore plus bas,
elle tente d’apercevoir sa silhouette dans la nuit,
de percevoir l’écho de sa voix dans le vide.
Elle voudrait tant ramener quelque chose de ses plongées nocturnes.

Tandis que les souvenirs remontent, sa conscience se trouble sous le flot des informations insoutenables. Un homme se noie dans le golfe du Mexique en secourant deux fillettes. Double drapeau rouge, une tempête. C'est le même nom, le même âge, mais c'est certainement un homonyme, c'est un nom assez répandu. Mais maintenant il faut aller jusqu'au bout, vérifier, juste au cas où …

Équilibre.
Elle l’avait enfin trouvé, dans cette maison au bord d’une falaise de la côte Basque, entre un mari aimant et son travail de bibliothécaire. A trente-cinq ans, Selma avait refermé la porte sur son passé et profitait de ce que la vie lui offrait à présent. Pour rien au monde elle n’aurait toléré que son nouvel univers soit menacé. Chaque jour, depuis la fenêtre de son bureau, elle pouvait plonger du regard dans le bleu métallique ou le gris de l’océan Atlantique. Elle finissait son café dans sa tasse préférée, en traînant sur Internet, écoutant “Song to the siren” de Tim Buckley, apaisée, insouciante. Paul allait bientôt rentrer. Un dernier clic sur “Alabama song” des Doors, et voilà que ce seul mot, Alabama, résonne en elle. Le désir d’en savoir un peu plus sur ce lieu. La page de résultats de recherches, lecture rapide par son œil habitué, défilement de mots, constitution, ségrégation, Appalaches, Creeks, Cherokee, sécession, cœur de Dixie, Montgomery, puis des articles d’informations locales. Un nom l’arrête net. Mark Stoker. Une impression familière se fraye un chemin dans sa mémoire, pas encore clairement perçue par sa conscience. Une sensation agréable et triste à la fois, une impression de retrouvailles et de perte.
Une inquiétude.