Ma langue parcourt la ligne de ses lèvres, et après un moment d’hésitation, elle s’ouvre contre moi, m’autorisant l’accès, et je plonge en elle, la goûtant, la léchant, prenant tout ce qu’elle me donne. C’est un baiser affamé, vorace. Je n’ai jamais été aussi désespéré par quelque chose que par sa bouche contre la mienne, sa peau soyeuse contre la mienne.
« Je suis née et j’ai été élevée en tant que fille californienne et j’ai habité à Los Angeles toute ma vie. Et avec un père comme le mien, il n’était pas question que je ne devienne pas fan. J’imagine que c’est dans mon ADN. » Elle s’est refocalisée sur le match, hurlant lors des fautes et criant de joie à chaque fois que les Lakers marquaient, et je n’ai pas pu la quitter des yeux.
En temps normal, j’ai du mal à me débarrasser rapidement des femmes, et la voilà à me dire qu’elle veut partir avant même que le rencard ait commencé ? J’ai la légère impression d’être entré dans une zone d’ombre.
Elle tripote ses mains sur ses genoux comme si elle était nerveuse, et je ne peux pas m’empêcher d’aimer le fait de la voir agacée. La plupart des filles feraient la belle et flirteraient comme une foutue pro après leur avoir fait une telle fleur.
La plupart des femmes avec lesquelles j’ai été auraient essayé de me faire cracher, ce qui m’agaçait. Tiffany a simplement hoché la tête comme si ce n’était pas grave, et elle a continué à regarder par la fenêtre, mordant sa lèvre de façon pensive. J’aimerais mordre sa bouche, mais je dois retirer mes yeux d’elle pour regarder la route avant de griller un feu rouge.
Ses yeux me donnent l’impression d’être nue et non pleinement habillée, et je plisse les yeux en le regardant, essayant de comprendre son expression.
« Tu es… » Sa voix est rauque et il avale plusieurs fois avant de continuer. « Tu es magnifique. »
Mon maquillage est minime — un soupçon de mascara et un peu de gloss à lèvres sont les seules choses que j’ai eu le temps d’appliquer. J’enregistre ma tenue : un jean slim et un tee-shirt blanc moulant, et ma veste fidèle en cuir par-dessus — décontractée, mais pas trop — ou du moins c’est ce que j’espérais. J’ai débattu entre les escarpins à talon qu’Isabelle a essayé de me persuader de porter, mais j’ai choisi de glisser dans des ballerines noires à la place. Je suis suffisamment nerveuse comme ça, la dernière chose dont j’ai besoin, c’est de m’inquiéter de savoir si oui ou non je vais me casser la figure sur mon visage. Comment sommes-nous censées planifier quoi porter pour un rencard lorsqu’on n’a aucune idée d’où nous allons ? Dieu merci, Caerus ne s’est pas pointé en costume, sinon j’aurais été royalement foutue.
Ce n’est pas sa faute s’il est riche, tout comme ce n’est pas la mienne si je ne le suis pas.
« Il faut beaucoup de perspective pour voir du potentiel dans quelque chose que d’autres personnes rateraient simplement. »
Certaines filles peuvent rougir et bien s’en tirer en paraissant toutes jolies et féminines. Ça ne fait que me faire ressembler à une betterave. Je déplace mes pieds nus, mal à l’aise face à la façon dont il me scrute. Je peux presque le sentir cataloguer tous mes défauts — combien je suis petite, les taches de rousseur sur mon nez, le chignon ébouriffé que je porte qui s’ajoute au look de « fagotée comme l’as de pique » que je cherchais.